Le feu sacré pour la relation d’aide
Alors qu’Anne Gagné se croyait prédestinée à une carrière dans la finance – carrière qu’elle a d’ailleurs poursuivie pendant 15 ans à la Banque Royale de La Tuque – elle est aujourd’hui intervenante en toxicomanie au Centre de réadaptation Wapan. Malgré cette tournure imprévue, Mme Gagné ne croit pas que c’est par hasard qu’elle s’est retrouvée dans ce qui s’est révélé être une véritable vocation.
C’est lorsqu’une ancienne collègue et amie désormais à l’emploi du Centre Wapan l’a contactée qu’Anne Gagné a fait son premier quart de travail au Centre. Durant les fins de semaine, il manquait toujours des gardiens de nuit, et Mme Gagné a accepté d’y offrir son aide à l’occasion. Ce fut presque instantané : elle a eu la piqure. C’était en décembre 1997.
« Autant j’avais des peurs parce qu’on était seul la nuit, autant que quand j’ai eu mes premiers contacts avec la clientèle des Premières Nations, j’ai connu tout un monde différent de celui qu’on racontait. Je me suis aperçu que c’est souvent la méconnaissance des autres personnes qui amène le jugement », croit Mme Gagné.
« Les Autochtones sont très respectueux de ce qu’on leur amène comme piste d’intervention. Ils sont reconnaissants de tout ce qu’on peut leur donner comme coup de main, alors que les allochtones, ça nous en prend beaucoup pour être contents! », observe-t-elle.
Lorsque la Banque Royale a fermé ses portes quelques années plus tard, elle a décidé de consacrer tout son temps au Centre Wapan pour finalement retourner à l’université à 36 ans afin d’obtenir son certificat en psychoéducation et de devenir une véritable intervenante en toxicomanie en février 2008.
« C’était beaucoup d’écoute dans mes autres postes. Quand les usagers se réveillaient, ils jasaient avec nous autres. Ils vivaient des émotions, ils avaient de la peine, ils racontaient un peu leur vie. Quand on est intervenant, ça ne se limite plus à l’écoute. Il s’ajoute des pistes d’intervention, de solutions et d’apprentissage de nouveaux modes de vie », explique l’intervenante.
Anne Gagné s’adapte bien à tout type de clientèle et se sent totalement à sa place. Elle prend un réel plaisir à échanger et à discuter avec chacun d’entre eux et, même si c’est un travail très exigeant, elle a encore et toujours le feu sacré. « Ça me comble tous les jours et ça me touche de voir des gens se prendre en main. Je ne fais pas juste aimer mon travail, je l’adore! », assure-t-elle.
Assurément, ses interventions apportent beaucoup à sa clientèle, mais Mme Gagné n’est pas en reste. Elle a trouvé elle aussi beaucoup de réponses sur sa vie personnelle grâce aux échanges avec les usagers et cela lui a permis de reconnecter avec sa propre spiritualité.