Les femmes atikamekw s’unissent pour protéger leur territoire
OPITCIWAN. Des leaders féminins de chacune des communautés atikamekws, soit Manawan, Opitciwan et Wemotaci, ont fondé l’Association des gardiens du territoire Nehirowisiw Aski afin d’apporter du soutien matériel aux gardiens du territoire et de sensibiliser à l’importance de ce territoire. En cette période où les feux de forêt frappent au nord d’Opitciwan, l’Association a du pain sur la planche.
En fait, l’Association existait déjà depuis un certain temps, mais de manière informelle. Si les membres ont souhaité officialiser son existence, c’était pour faciliter leur recherche de subventions, de commandites et de dons, notamment afin d’acheter du matériel pour combattre les feux de forêt et protéger le territoire des catastrophes naturelles, comme les inondations.
« Les familles qui veulent protéger leurs chalets et le territoire sont souvent laissées à elles-mêmes. Souvent, elles sont mal outillées, elles n’ont pas d’équipement et ça peut être dangereux, parce qu’elles vont essayer d’éteindre des feux avec des seaux ou des boyaux de jardin. Ce n’est pas efficace et c’est beaucoup plus risqué », indique Valérie Petiquay, membre de l’Association des gardiens du territoire Nehirowisiw Aski et membre de la communauté de Wemotaci.
« On veut équiper les gardiens du territoire, parce que même si ont leur dit de ne pas le faire, ils vont vouloir protéger leur territoire. On ne peut pas laisser une famille seule essayer de protéger un chalet, d’où l’importance d’avoir un groupe formé de différentes communautés atikamekw qui se mobilisent, à la demande des familles », ajoute Valérie.
En ce moment, ce sont les combattants qui déboursent de leurs poches pour s’équiper comme ils le peuvent, mais ce n’est pas suffisant. Heureusement, l’Association des gardiens du territoire Nehirowisiw Aski a réussi à obtenir deux premiers financements de 3000$ chacun du Conseil des Atikamekw de Manawan et du Conseil de la Nation atikamekw. Les fonds devraient tout d’abord servir à acheter des pompes durables et adaptées à ce type de tâches.
L’Association s’est également donné le mandat de sensibiliser les membres des communautés, par exemple en ne laissant pas de bonbonnes de propane à proximité des chalets, et dénoncer à grande échelle ce qui se passe sur le territoire. Valérie et d’autres membres de l’Association se sont déplacés à Opitciwan en juin dernier, pendant quatre jours, afin de constater les besoins des gardiens du territoire et prendre beaucoup de vidéos et de photos qu’elle souhaite voir partagées.
L’Association peut compter aussi sur l’expérience d’ainés, d’importants piliers et vecteurs de connaissances.
Pour les prochaines semaines, l’Association continuera ses activités et ses recherches de financement. « Il y a beaucoup de gens qui manifestent leur soutien et souhaitent aider », assure Valérie. « C’est certain que l’on continue tout ça, car on ne sait jamais quand les feux vont se rapprocher. Avec la pluie, ça donne un répit aux combattants, c’est certain, mais ce n’est pas assez. Comme les familles ont peur que ça brûle, elles vont se mobiliser avec très peu d’équipement. Elles tiennent à leur territoire, à leur chalet. Ce territoire, c’est comme leur maison. Ce sont leurs souvenirs, leurs activités. On considère que c’est notre chez nous, car c’est là que vivaient nos ancêtres avant que le gouvernement crée les réserves », conclut-elle.