Feux de forêt: l’année de tous les records 

LA TUQUE.  La Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) a récemment réalisé son bilan provincial de la dernière année et sans surprise, 2023 a été l’année de tous les records. L’Écho a voulu en savoir plus localement pour le territoire du Haut-Saint-Maurice.

En Mauricie en 2023, 53 incendies de forêt ont éclaté pour 40 133 hectares brûlés, alors que la moyenne des 10 dernières années présentait des chiffres de l’ordre de 33 incendies de forêt, pour 241 hectares.

Pour le vaste territoire de La Tuque, on note 32 incendies et l’impressionnant total de 38 194 hectares brûlés.

« On n’a jamais vu autant de feux de forêt et autant de superficies brûlées, mais aussi autant de communautés à protéger en même temps. C’est une année historique, souligne d’entrée de jeu Josée Poitras, porte-parole de la région centre pour la SOPFEU. Ça nous confirme les changements climatiques, parce qu’il ne suffit que d’une période d’ensoleillement ou de sécheresses pour avoir un comportement plus explosif comme on l’a connu. »

Le mois de mai a été très sec et la foudre est en grande majorité responsable de la formation des feux de forêt avec 58% des feux causés par la foudre pour la Mauricie, et 72% pour le Haut-Saint-Maurice. « Seulement le 1er juin dernier, plus de 3000 coups de foudre sont arrivés », ajoute la porte-parole.

Avec toutes ces répercussions, la SOPFEU a mis en place un volet d’atténuation des risques avec l’embauche d’un coordonnateur qui est en charge d’informer la population.

« Par exemple pour le Haut-Saint-Maurice, il existe beaucoup de villégiateurs qui possèdent des chalets en forêt. Le combustible est très réceptif lorsqu’il y a des feux de forêt en raison du résineux, alors le plan de prévention est réalisé en fonction des réalités du terrain. On conseille aux gens de ne pas laisser leur bois sur la galerie, le propane à proximité du chalet est un risque supplémentaire… Certaines personnes se sont demandé pourquoi leur chalet avait été la proie des flammes et pas celui du voisin à côté. Si on ne dégage pas les arbustes, l’herbe et les arbres à proximité du chalet, il s’agit de combustible supplémentaire. On conseille aux gens de faire le gazon pour ne pas avoir des herbes hautes qui sèchent. De nettoyer les gouttières des feuilles mortes est un autre conseil », poursuit Mme Poitras.

La porte-parole ajoute que la SOPFEU continue son volet de prévention pour les feux de cause humaine. « Il faut être résilient parce qu’il y aura toujours des feux de fort, mais les gens peuvent préparer leur habitation pour réduire les risques. »

La bourde du premier ministre

« Malheureusement, on a perdu le contrôle. On va être obligé de laisser brûler Clova », lançait le premier ministre François Legault le 5 juin.

Comment avait réagi la SOPFEU à la suite de cette déclaration de M. Legault qui était erronée.

« Beaucoup d’informations transigeaient entre nous, le gouvernement et les municipalités. On avait dit au premier ministre qu’il y avait une priorité d’intervention pour Clova, mais la population n’était pas menacée. C’était trop dangereux pour les avions-citernes d’intervenir, et le largage de 6000 mètres cubes d’eau se serait évaporé avant d’arriver au sol. Donc on laissait brûler le feu, mais Clova n’allait pas y passer. Le langage de la SOPFEU peut-être particulier parfois », indique Mme Poitras.

Le bois brûlé

La SOPFEU était en discussion constante avec les différentes compagnies forestières pour la récolte du bois brûlé. On sait que ce bois est particulièrement vulnérable avec les insectes longicornes qui y font leur nid. Une fois que le bois est attaqué, il ne peut plus être récupéré. 

« On n’expliquait pourquoi c’était impossible d’aller en forêt. Lorsque le feu est jugé comme maîtrisé, les compagnies pouvaient récolter le bois. Sauf qu’avec la période chaude de l’été, le longicorne a rapidement fait des nids à l’intérieur du bois brûlé. Il y a quand même du bois qui a pu être récupéré de façon significative », exprime la porte-parole.

Ce que la SOPFEU a appris

Rapidement avec le nombre de feux et l’intensité, la SOPFEU a dû faire appel à de l’aide-externe. « On a appris qu’on peut demander de l’aide à l’extérieur du Canada ce qui était historique de voir des pompiers de la France, du Portugal, et même de la Corée du sud. On a vu qu’on avait une certaine limite de combat à la SOPFEU. On ne peut pas prévoir les années qui viennent, alors on se prépare à toutes éventualités », conclut Josée Poitras.

Dernièrement, le gouvernement du Québec a annoncé une aide de 16 M$ pour l’achat d’équipements techniques.