De l’inquiétude concernant la scierie de Rivière-aux-Rats

FORESTERIE.  La CSN a tenu un important point de presse jeudi dans leurs bureaux à Trois-Rivières pour faire part des inquiétudes quant à la scierie de Rivière-aux-Rats appartenant à Produits forestiers Mauricie. Une baisse des garanties d’approvisionnement en bois et des rumeurs de la vente de l’usine à Arbec fait craindre le pire au Syndicat des employés de la scierie Rivière-aux-Rats-CSN.

« On est inquiet! On a découvert dans les dernières semaines qu’on a perdu une garantie d’approvisionnement en bois pour l’usine de 26%. On est rendu à 291 000 mètres cubes comparativement à 385 000 avant. Tout ça, malgré le fait qu’on questionnait notre directeur d’usine. En plus, on a appris que la vente de l’usine est dans l’air pour être vendu à Arbec. On se demande c’est quoi le but de nous acheter. Est-ce que c’est pour garder l’usine ouverte, ou la fermer et transférer notre garantie de bois ailleurs? C’est toutes les questions en suspens et on n’a pas de réponses. Il a fallu mettre notre patron au pied du mur pour qu’il nous confirme une baisse de la garantie d’approvisionnement. On est inquiet pour nos membres, on est inquiet pour nos jobs, et on est inquiet pour l’entreprise », questionne Herman Martel, vice-président du Syndicat des employés de la scierie Rivière-aux-Rats-CSN.

Le représentant syndical indique que la garantie de bois a chuté de 26% depuis avril dernier, mais c’est seulement il y a deux semaines que le syndicat a pu obtenir des réponses en discutant avec le maire de La Tuque Luc Martel et la députée Marie-Louise Tardif. 

« Ça fait deux ans qu’on entend la rumeur d’achat d’Arbec, poursuit M. Martel. On fait des démarches pour essayer d’avoir des réponses. On a des milliers de questions sans réponses. Chaque réponse qu’on a, c’est parce qu’on a gratté jusqu’au bout. Comme exemple, la semaine dernière il y a eu des tests de sol payés par Arbec. On ne prend pas des tests de sol juste pour le fun. À 291 000 mètres cubes de bois, c’est un quart de travail pendant 30 semaines. L’usine a un potentiel de 600 000 mètres cubes, et à 291 000, elle n’est pas viable. »

L’usine compte 125 employés, et avec les travailleurs en forêt, le nombre grimpe à plus de 350 emplois qui seraient impactés.

« C’est l’avenir des travailleurs qui est en jeu. Certains commencent déjà à se chercher un emploi et ils se questionnent s’ils resteront à La Tuque », ajoute Pascal Bastarache, président du Conseil central Cœur-du-Québec-CSN.

De son côté, le vice-président de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) demande au gouvernement de consulter les travailleurs avant de réaliser un changement dans la garantie d’approvisionnement de bois pour une usine. Il demande une rencontre d’urgence avec la ministre Maïté Blanchette Vézina. « Si ça ne fait pas, nous irons plus haut et on demandera de rencontrer le premier ministre Legault.

« L’usine n’est pas en danger. »

La députée de Laviolette-Saint-Maurice Marie-Louise Tardif tempère les propos des membres du syndicat.

« L’usine n’est pas en danger, rassure la députée. Je comprends l’inquiétude du syndicat, mais l’inquiétude vient surtout de la possibilité de vente de l’usine. Le syndicat ne sait rien, et il y a des présomptions par rapport à cette possible transaction. J’ai parlé à Arbec qui pourrait être intéressé pour l’achat, et leur présomption n’est pas de fermer l’usine, mais de la garder ouverte. J’ai cette certitude. Pour l’approvisionnement, c’est quand même 291 000 mètres cubes, c’est beaucoup même si l’usine pourrait prendre davantage de bois. À 291 000 mètres cubes, l’usine de Rivière-aux-Rats est viable. L’usine roule à un quart de travail, mais il n’y a eu aucune perte d’emploi. Les employés ont été affectés à d’autres tâches. »

La députée ajoute que le marché est complexe depuis les derniers mois en raison de l’Allemagne qui vend son bois à rabais en raison d’une infestation d’insectes. « L’Allemagne a coupé de grandes superficies de territoire et écoule son bois sur le même marché que nous. Il devient un compétiteur énorme. Ça nous rentre dans le corps en lien avec la mise en marché du bois. Ce n’est pas un contexte économique facile pour les scieries du Québec actuellement. Je suis derrière eux à 100%. Et c’est hors de question que l’usine ferme. »