Financement des écoles religieuses: Legault justifie son refus d’une motion

QUÉBEC — Après avoir bloqué une motion de l’opposition péquiste réclamant de mettre fin au financement public des écoles privées religieuses, le premier ministre François Legault a fait une sortie vendredi pour justifier la position de son gouvernement et dénoncer «l’entrée de l’islamisme» dans les écoles.

Le gouvernement caquiste, qui a fait adopter la loi sur la laïcité, est actuellement sous pression à la suite des révélations sur des pratiques d’endoctrinement religieux dans des écoles publiques de Montréal.

«L’entrée de l’islamisme dans nos écoles publiques menace le droit de nos enfants à recevoir une éducation de qualité qui respecte les valeurs québécoises», a tenu à souligner le premier ministre dans son message Facebook, tout en rappelant que son ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a ordonné cette semaine des vérifications et des enquêtes sur une école de l’est de Montréal.

Il a également tenu à expliquer les raisons pour lequelles son gouvernement a voté contre, avec Québec solidaire (QS), une motion du Parti québécois (PQ), appuyée par le Parti libéral (PLQ), demandant de mettre fin au aux subventions des écoles privées à vocation religieuse.

«C’est une question lourde de sens qui doit être réfléchie», a-t-il plaidé.

«C’est facile de dire ‘écoles religieuses’, mais de quoi on parle? Est-ce que des écoles qui ont un héritage catholique sont ‘religieuses’? Aucun gouvernement responsable n’aurait pris un engagement pareil sur un coup de tête.»

Au Québec, une cinquantaine d’écoles religieuses, catholiques, protestantes évangéliques, musulmanes, juives ou orthodoxes, reçoivent environ 160 millions $ par année d’argent public, selon le PQ.

M Legault a dit qu’il était ouvert à en débattre «de bonne foi» avec les partis d’opposition.

Jeudi en Chambre, il les avait toutefois accusés de vouloir mettre fin au financement de collèges d’héritage catholique, par exemple «le collège Brébeuf, le collège Notre-Dame, le collège Jésus-Marie et le Petit Séminaire de Québec».

M. Legault a suscité la confusion en faisant référence à des écoles comme le collège Brébeuf, qui sont laïques depuis des années, a dénoncé l’opposition.

La motion péquiste n’a pas que braqué le gouvernement caquiste: elle a semé la zizanie au Parti libéral qui l’avait appuyée.

Le caucus du PLQ s’était en effet rallié à la position de la députée Marwah Rizqy et avait effectué une volte-face par rapport à son soutien historique au financement public des écoles privées.

Mais le candidat à la direction Denis Coderre a par la suite désavoué ce changement de cap. Il a été suivi du député Frédéric Beauchemin, lui aussi aspirant à la chefferie, qui pourtant a pris part aux délibérations du caucus pour aboutir à ce revirement. Il a dit avoir agi par solidarité.

La motion péquiste ratissait très large. Elle demandait de renforcer la Loi sur la laïcité de l’État, adoptée par le gouvernement caquiste, alors que le PLQ avait voté contre cette loi.

Elle réclamait aussi de modifier la Loi sur l’instruction publique et la Loi sur les services éducatifs à l’enfance pour inscrire le principe de laïcité.

QS a voté contre, même si mercredi, la députée QS Ruba Ghazal avait déposé une motion demandant au «gouvernement du Québec d’envisager de mettre fin au financement public des écoles privées confessionnelles» – elle avait été rejetée par la CAQ.

Toute cette controverse fait suite à l’enquête sur l’école Bedford à Montréal. Un rapport fait état d’un clan de professeurs qui pendant des années a imposé sa loi dans l’établissement et pratiqué ouvertement l’islam en classe.

Il est fait mention de «certaines pratiques religieuses, telles que des prières dans les salles de classe ou encore des ablutions dans les toilettes communes».

De surcroît, mercredi, dans un reportage de la radio montréalaise 98,5, des parents manifestaient leurs craintes concerrnant une professeure de l’école Alphonse-Pesant, à Montréal, qui ferait de l’endoctrinement religieux.