Accusations de trafic sexuel : L’ancien PDG d’Abercrombie & Fitch plaide non coupable

L’ancien PDG de longue date d’Abercrombie & Fitch a plaidé non coupable vendredi des accusations fédérales de trafic sexuel et de prostitution interétatique.

Michael Jeffries, 80 ans, a refusé de commenter après avoir plaidé devant le tribunal fédéral de Central Islip, à Long Island. Il est libre sous caution de 10 millions de dollars américains et doit revenir devant le tribunal le 12 décembre.

Les procureurs allèguent que pendant des années, M. Jeffries, son partenaire romantique, et un troisième homme, James Jacobson, 71 ans, ont attiré des hommes pour qu’ils participent à des soirées sexuelles en leur faisant miroiter la promesse de travailler comme mannequin pour le détaillant de vêtements, autrefois célèbre pour son esthétique «preppy» et typiquement américaine ainsi que ses mannequins masculins torse nu.

M. Jacobson, qui était un employé de Jeffries lorsque les procureurs affirment que les crimes ont été commis, a également plaidé non coupable et a refusé de parler aux journalistes par la suite.

Selon les accusations annoncées plus tôt cette semaine, les procureurs affirment que 15 accusateurs ont été incités par «la force, la fraude et la coercition» à participer à des soirées sexuelles sous l’effet de drogues. Durant ces soirées, les hommes auraient parfois été obligés de porter des costumes, d’utiliser des jouets sexuels et de subir des injections péniennes douloureuses provoquant une érection.

Les événements se seraient déroulés entre 2008 et 2015 à Hamptons, la station balnéaire huppée de Long Island où M. Jeffries possède une maison, ainsi que dans des hôtels en Angleterre, en France, en Italie, au Maroc et à Saint-Barth, selon l’acte d’accusation.

Les allégations font écho aux accusations d’inconduite sexuelle décrites dans les médias et formulées dans une affaire civile contre M. Jeffries, qui a quitté Abercrombie en 2014 après avoir dirigé l’entreprise pendant plus de deux décennies.

M. Jeffries a été libéré sous caution après avoir comparu mardi devant un tribunal fédéral de West Palm Beach, en Floride. Sa caution est garantie par une propriété que lui et sa femme possèdent sur Fishers Island, dans l’État de New York.

Matthew Smith, 61 ans, le partenaire de M. Jeffries, qui a également comparu devant un tribunal en Floride, a été placé en détention après que les procureurs ont exprimé des inquiétudes quant à la fuite du citoyen à la fois américain et britannique. Aucune date n’a été fixée pour la comparution de M. Smith.

M. Jacobson, qui, selon les procureurs, recrutait des hommes pour les soirées sexuelles, a été arrêté dans le Wisconsin et libéré sous caution de 500 000 $ lors de sa première comparution devant un tribunal fédéral à St. Paul, Minnesota.

«Consternée et dégoutée» par les allégations

M. Jeffries a pris la direction d’Abercrombie en 1992, présidant à l’évolution de l’entreprise depuis ses origines de magasin de chasse et d’articles de plein air fondé à Manhattan en 1892 jusqu’à un élément incontournable de la culture des centres commerciaux pour adolescents au début des années 2000.

Abercrombie, dans une déclaration publiée sur Instagram après les arrestations, s’est dite «consternée et dégoûtée» par ces allégations.

L’entreprise basée dans l’Ohio, qui possède également la marque de vêtements Hollister, a déclaré avoir «transformé» ses marques et sa culture au cours de la décennie qui a suivi le départ de M. Jeffries.

Abercrombie a cessé d’utiliser des photos «sexualisées» dans ses supports marketing et a mis fin à la pratique consistant à qualifier les employés des magasins de «mannequins». L’année dernière, elle a engagé un cabinet d’avocats externe pour mener une enquête indépendante sur des allégations similaires contre Jeffries.

«S’exprimer et se manifester n’est pas facile, et nos pensées vont à ceux qui ont courageusement élevé la voix dans le cadre de l’enquête fédérale», a écrit l’entreprise dans son communiqué mercredi.

«Nous avons une tolérance zéro pour les abus, le harcèlement ou la discrimination de toute sorte, et nous nous engageons à coopérer pleinement avec les forces de l’ordre pendant que le processus judiciaire se poursuit.»