Justin Trudeau entamera la semaine avec deux épées de Damoclès au-dessus de sa tête

OTTAWA — Une autre semaine, une autre série de défis imminents à la direction du pays et du Parti libéral du Canada s’annonce pour Justin Trudeau.

Le premier ministre, dont la présence à la tête du parti a suscité des critiques et des appels à sa démission au sein de ses propres rangs, doit faire face à deux échéances dans les prochains jours: l’une de la part des députés libéraux qui veulent sa démission et l’autre du Bloc québécois qui menace de déclencher des élections anticipées.

Le mécontentement à l’égard du leadership de M. Trudeau s’accroît depuis des mois dans un contexte de cotes d’approbation toujours décevantes et de deux récentes défaites aux élections partielles dans des bastions de longue date du parti.

Lors de la réunion du caucus libéral mercredi, 24 députés ont remis une lettre au premier ministre lui demandant de démissionner et lui donnant jusqu’au 28 octobre pour répondre.

M. Trudeau a dit à ces députés qu’il réfléchirait à ce qu’ils avaient à dire pendant la réunion de trois heures, mais un jour plus tard, il a déclaré aux journalistes qu’il resterait chef du Parti libéral.

«Nous allons continuer à avoir de grandes discussions sur la meilleure façon de nous attaquer à Pierre Poilievre lors des prochaines élections, mais cela se produira avec moi en tant que chef lors des prochaines élections», a-t-il assuré, alors qu’un groupe de députés libéraux, réunis lors de la conférence de presse, applaudissait.

Le député libéral Sean Casey, qui a signé la lettre, a confié aux journalistes plus tard jeudi qu’il «passait à autre chose» à la suite des commentaires du premier ministre.

«C’est une décision qu’il avait parfaitement le droit de prendre, et il l’a prise. J’ai fait mon travail en exprimant ce que j’entendais de mes électeurs, a continué M. Casey. Maintenant, je dois consacrer mon énergie à gagner mon siège et non à des questions internes au parti. En ce qui me concerne, c’est classé.»

Lori Turnbull, professeure de sciences politiques à l’Université Dalhousie, affirme que le défi pour les députés libéraux dissidents est qu’ils ne peuvent rien faire pour forcer le premier ministre à changer d’avis.

«Le problème est qu’il n’y a pas d’autre solution que de quitter le caucus et/ou de voter pour défaire le gouvernement, a analysé Mme Turnbull. Ce qui signifierait qu’ils finiraient par précipiter une élection avec Trudeau comme chef, ce qu’ils ne veulent pas faire.»

Entre-temps, le Bloc a donné au gouvernement libéral jusqu’au 29 octobre pour adopter deux projets de loi qui augmenteraient les prestations de sécurité de la vieillesse pour les aînés et renforceraient la gestion de l’offre.

Si les libéraux ne se conforment pas, le chef du Bloc, Yves-François Blanchet, a déclaré que son parti entamerait des discussions avec d’autres partis d’opposition pour renverser le gouvernement minoritaire.

La plupart des libéraux ont voté contre une motion du Bloc, plus tôt ce mois-ci, demandant au gouvernement de donner une recommandation royale à un projet de loi qui augmenterait de 10 % les pensions des personnes âgées de moins de 75 ans.