Une lettre invite le Bloc à utiliser son levier pour faire des avancées climatiques

MONTRÉAL — La Fondation David Suzuki, appuyée par une vingtaine d’organisations, a envoyé une lettre au chef bloquiste Yves-François Blanchet pour lui demander de prioriser certaines mesures environnementales dans ses négociations avec les autres partis, alors que l’ultimatum du Bloc au gouvernement de Justin Trudeau est arrivé à échéance.

Faire tomber le gouvernement et forcer le déclenchement d’élections «sans l’adoption de mesures climatiques clés serait une erreur pour toutes les générations, actuelles et futures», ont fait valoir les environnementalistes, dans une lettre envoyée mardi à Yves-François Blanchet et signée par Sabaa Khan, directrice de la Fondation David Suzuki pour le Québec.

«En faisant de l’adoption rapide de ces mesures une ligne rouge dans vos négociations, le Bloc québécois a l’occasion de réaffirmer son leadership environnemental et d’obtenir des gains concrets pour le climat, un dossier qui demeure parmi les priorités du Québec, plutôt que de risquer de ralentir les processus déjà en cours, surtout qu’un changement de gouvernement pourrait mener à un recul des ambitions climatiques», peut-on lire dans la lettre.

Quatre mesures climatiques

Les groupes environnementaux ont identifié quatre mesures climatiques «essentielles pour accélérer la sortie des énergies fossiles au Canada», qui «sont actuellement sur la table» et qui nécessitent le «soutien du Bloc québécois pour leur adoption».

Le règlement sur l’électricité propre

En vertu du règlement sur l’électricité propre, toute l’électricité devra provenir soit de sources renouvelables, comme l’énergie éolienne ou hydroélectrique, soit être dotée d’une technologie de captage du carbone d’ici 2035.

«Pratiquement finalisé, ce règlement a besoin d’un dernier effort concerté pour franchir la ligne d’arrivée», ont fait valoir les groupes environnementaux en ajoutant que ce règlement «renforcera la position du Québec comme leader de la transition énergétique».

Le règlement sur le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier

En décembre 2023, le gouvernement fédéral a annoncé un cadre réglementaire pour plafonner les émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier, afin que les industries les réduisent d’au moins le tiers d’ici 2030.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, avait alors indiqué que le projet de règlement devait être publié avant le milieu de 2024 et la réglementation finale devait être mise en place en 2025.

«Cette mesure représente une occasion historique de responsabiliser l’industrie des énergies fossiles, tout en renforçant l’avantage comparatif du Québec en matière d’énergie propre», a écrit Sabaa Khan dans la lettre adressée à Yves-François Blanchet.

Il y a quelques mois, près de 300 travailleurs et travailleuses de la santé du pays ont signé une lettre ouverte pour demander au gouvernement que soient réduites considérablement les émissions du secteur pétrolier et gazier.

Le renforcement du règlement sur le méthane

Renforcir le règlement sur le méthane serait une façon d’agir en complément avec le règlement sur le plafonnement des émissions du secteur pétrolier et représenterait une «mesure cruciale», selon les écologistes, car les gaz à effet de serre (GES) provenant du méthane sont « 84 fois plus puissants que le CO2».

La feuille de route sur l’élimination du financement public des énergies fossiles

Un cadre sur l’élimination du financement public des énergies fossiles «permettrait d’assurer une transition énergétique cohérente et planifiée, alignée avec les valeurs environnementales que le Bloc québécois a toujours défendues», peut-on lire dans la lettre.

Les 16 groupes environnementaux ont demandé à Yves-François Blanchet de ne pas «laisser le climat et l’environnement être victimes des tensions politiques».

Ils demandent donc au Bloc de «collaborer avec tous les partis pour obtenir des gains nécessaires à l’action climatique robuste et ambitieuse» que le pays doit déployer afin de respecter ses cibles.

Mardi, le Bloc québécois s’est dit prêt à renverser le gouvernement de Justin Trudeau à la première occasion, alors que l’ultimatum qu’il lui avait lancé s’est terminé.

La formation politique avait exigé que le gouvernement fasse adopter deux projets de loi d’ici mardi, sur la protection de la gestion de l’offre et sur une hausse de la pension de vieillesse pour les aînés de 65 à 74 ans.