La pandémie et le vieillissement ont amené une baisse du nombre de déplacements
MONTRÉAL — Malgré une augmentation de quelque 117 000 ménages dans la grande région de Montréal, le nombre total de déplacements dans une journée moyenne a diminué de 4 % entre 2018 et 2023 pour se situer à 8,9 millions.
Ce constat général de l’enquête 2023 Perspectives mobilité présentée mercredi par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) présente plusieurs pistes d’explication à cette diminution, la plupart émanant de la pandémie et du vieillissement de la population.
Ainsi, après la chute vertigineuse de la fréquentation du transport en commun au deuxième trimestre de 2020, dans les moments les plus intenses de la pandémie et des fermetures, cette fréquentation est remontée constamment pour se situer, au moment de l’enquête, à 85 % de son niveau de 2018.
Cette remontée, selon le directeur exécutif, modélisation, organisation et développement des réseaux de l’ARTM, Ludwig Desjardins, aidera les sociétés de transport collectif à solidifier leur financement et à convaincre Québec de pérenniser le sien.
«L’année 2025 est sécurisée d’un point de vue financement donc ça, c’est la bonne nouvelle. On est très confiant qu’il va y avoir des confirmations sur un cadre à plus long terme qui va donner une prévisibilité sur le financement.
«À l’époque où il y avait des discussions sur le financement, on n’avait pas encore une telle totale certitude des niveaux qu’on allait retrouver en termes d’achalandage. Là on voit qu’on se rapproche du 90 %. C’est certain que le transport collectif, sa pertinence, on a pu la démontrer parce qu’on retrouve des niveaux très élevés. Mais le cadre financier à plus long terme, le pluriannuel, va nous donner une base très intéressante pour travailler justement sur l’amélioration des services.»
Impacts de la pandémie
De nouvelles habitudes sont apparues après la pandémie, soit une croissance marquée du télétravail, des achats en ligne et de l’usage des plateformes numériques, notamment pour se divertir et socialiser, autant de facteurs menant à la réduction du nombre de déplacements
Parmi les données qui frappent dans le rapport, on note que plus du quart (27 %) des personnes recensées n’ont effectué aucun déplacement, un bond significatif comparativement au 17 % de 2018.
Le télétravail, autrefois marginal, occupe désormais une place prépondérante dans l’équation alors qu’un répondant sur quatre (26 %) était en télétravail le jour de l’enquête et que plus de la moitié (55 %) des travailleurs à temps plein avaient «un emploi compatible avec le télétravail», une tendance encore plus prononcée pour les personnes travaillant au centre-ville chez qui cette proportion atteint 82 %.
Dans cette optique, on ne se surprendra pas que même si le fait de se rendre au travail demeure en première position comme motif de déplacement, la proportion a connu une chute importante de 29 % en période de pointe du matin entre 2018 et 2023. La deuxième cause de déplacement, les études, est demeurée relativement stable.
Ludwig Desjardins croit qu’il sera nécessaire de viser les automobilistes pour rehausser la fréquentation des transports collectifs. «Là où on peut gagner vraiment des parts de marché, c’est d’aller convaincre les gens en voiture que c’est facile de se déplacer en transport collectif. C’est certain qu’on ne peut pas contrôler la façon dont les gens vont télétravailler ou non. Mais avec les politiques de retour au bureau qu’on voit progressivement, on voit que les gens reviennent dans le transport collectif naturellement.».
L’auto toujours en tête
Cependant, la part des déplacements en auto est également demeurée stable et fortement majoritaire, à 66 %. Ces déplacements incluent toutefois les personnes qui n’effectuent qu’une partie du déplacement en auto pour ensuite prendre le transport en commun. Les déplacements exclusivement en auto ont connu une baisse de 10 % sur cinq ans.
Quant au transport actif – marche, vélo et autres – celui-ci est en hausse. Si l’on inclut les déplacements qui comportent au moins une portion en mode actif, l’augmentation est de 4 %.
Fait à noter, les déplacements entre les heures de pointe du matin et du soir, c’est-à-dire entre 9h et 15h30, sont en hausse de 6 % par rapport à 2018. L’enquête n’offre pas d’explication pour ce phénomène. Cependant, une part de l’explication pourrait se situer du côté du vieillissement de la population, alors que les données de l’enquête font état d’une croissance de 14 % de la population âgée de 65 ans et plus entre 2018 et 2023, soit 92 000 personnes âgées de plus.