Willie Nelson a lancé son nouvel album, «Last Leaf on the Tree»
Les jeunes musiciens en quête de longévité feraient bien de suivre le conseil sensé de Willie Nelson: faites ce qui vous semble juste, et si vous avez la chance d’avoir une statue érigée en votre honneur dans votre ville, rappelez-vous que c’est juste quelque chose que vous devez «redescendre et nettoyer la merde de pigeon de temps en temps».
Vendredi, Nelson, qui a 91 ans, a diffusé «Last Leaf on the Tree», son deuxième album studio cette année — également son 76e album studio solo et son 153e album au total, selon le classement de Texas Monthly de sa prolifique discographie. Alors, combien d’autres albums lui reste-t-il ? À l’écoute de cette question, Nelson rit au téléphone: «Je ne sais pas. J’espère qu’il en restera quelques-uns».
Peut-être qu’il atteindra les 200? «Pourquoi pas !»
«Last Leaf on the Tree» est un album de premières et de familiarités. C’est le premier album de Nelson produit entièrement par son fils Micah, qui comprend quelques titres originaux et des reprises de grands noms tels que Neil Young, Nina Simone et Tom Waits ainsi que des inclusions moins évidentes, comme des réinterprétations de «Do You Realize??» des Flaming Lips et de «Lost Cause» de Beck.
«C’est un vrai artiste», dit Nelson à propos de son fils. «Il a choisi toutes les chansons.»
Quand on lui demande comment il a annoncé à son producteur Buddy Cannon que Micah prenait la relève, Nelson plaisante, en disant qu’«on l’a juste surpris».
La sensibilité artistique et rock alternatif de Micah Nelson se fait ressentir sur le disque, non seulement dans sa sélection de reprises, mais aussi dans son interprétation. Pour une reprise de «Are You Ready for the Country» de Neil Young, par exemple, il a utilisé des bâtons et des feuilles pour les percussions au lieu de l’instrumentation traditionnelle. «Je n’ai rien remarqué de différent», en rigole son père.
La femme de Willie, Annie Nelson, qui l’accompagne pour l’entrevue, ajoute que «c’est génial de jouer avec son enfant. Et c’est encore mieux s’ils (Willie et Micah) sont bons».
Fort de sept décennies d’expérience en écriture de chansons, Nelson affirme qu’il n’y a qu’une façon d’identifier une bonne chanson.
«Vous le savez quand vous l’entendez. Quand vous entendez quelque chose et que vous vous dites « Bon sang, j’aurais aimé écrire ça », c’est une bonne chanson.»
La dernière feuille
«Il n’y a pas de meilleur auteur-compositeur vivant que Kris Kristofferson», avait clamé Nelson à propos de son compagnon de groupe Highwaymen lors d’une cérémonie de remise de prix en 2009.
Kristofferson, 88 ans, est décédé le mois dernier chez lui à Maui, à Hawaï. «C’était un grand auteur-compositeur. Il a laissé de nombreuses chansons fantastiques que nous pourrons chanter tant et aussi longtemps que nous serons ici», exprime-t-il.
«Kris était un grand ami à moi. Et, vous savez, nous nous sommes beaucoup amusés ensemble et avons fait beaucoup de musique ensemble – des clips, des films. J’ai détesté le perdre. C’était une période triste.»
À certains égards, Nelson est le dernier représentant de l’ère Outlaw Country, même s’il a toujours expérimenté différents genres et styles. Le titre «Last Leaf on the Tree», tiré d’une reprise de «Last Leaf», qui signifie «dernière feuille», de Waits, résonne lorsqu’il pense à ses comparses.
«Si vous prenez juste la partie musicale et revenez à, vous savez, Waylon (Jennings) et Kris et John(ny Cash) et, vous savez, nous tous travaillant ensemble, les Highwaymen. Et puis, je suis le seul qui reste. Et ce n’est pas drôle.»
L’album évoque aussi l’amour et la mort, des sujets sur lesquels il s’y connait bien.
«J’ai plus de 91 ans, donc, vous savez, je ne m’en soucie pas (de la mort). Je ne me sens pas mal. Je n’ai mal nulle part. Je n’ai aucune raison de m’inquiéter de mourir. Mais je ne connais personne qui ait vécu éternellement, a-t-il dit. Je prends plutôt bien soin de moi. Et j’ai l’impression d’être en assez bonne forme physique. Mentalement? C’est une autre histoire», a-t-il confié en riant.
Quant à ce qu’il espère laisser comme héritage, il a aussi une réponse à cela: «Je me suis bien amusé. Et j’ai fait ce que je suis venu faire ici. Faire de la musique».
Il continuera à faire exactement cela, et plus encore. Il a affirmé qu’il a déjà terminé un autre album. Puis, dans quelques semaines, Willie et Annie Nelson sortiront «Willie and Annie Nelson’s Cannabis Cookbook», un livre qui parle de la croyance de longue date du couple selon laquelle la marijuana et la nourriture ont toutes deux des propriétés médicinales.
Annie soutient que le livre est né par nécessité lorsque Willie a eu une pneumonie et ne pouvait pas fumer, alors elle a commencé à fabriquer des produits comestibles pour soulager ses terreurs nocturnes.