Trois personnes accusées après des violences autour d’un temple hindou en Ontario

BRAMPTON, Ont. — Le premier ministre indien, Narendra Modi, a condamné les violences qui ont éclaté dimanche lorsque des responsables consulaires indiens ont visité un temple hindou à Brampton, en banlieue de Toronto, alors que la police a annoncé que trois personnes avaient été accusées dans cette affaire.

Les visites de responsables indiens au temple hindou de Brampton, en Ontario, et à un autre à Surrey, en Colombie-Britannique, ont été accueillies par des protestations de manifestants indépendantistes sikhs.

Dans des publications sur les réseaux sociaux, dimanche, on peut voir des bagarres à coups de poing et des gens se frappant avec des poteaux sur ce qui semblait être le terrain entourant le temple hindou Sabha à Brampton.

Trois personnes ont également été arrêtées au temple hindou Sri Lakshmi Narayana, à Surrey. Le temple de Surrey a publié un communiqué accusant la police de ce qu’il a appelé «une violence injustifiée contre les fidèles».

Le premier ministre Modi a déclaré lundi qu’il s’attendait du gouvernement canadien «que justice soit faite» dans cette affaire. «Je condamne fermement l’attaque délibérée contre un temple hindou au Canada. Les tentatives lâches d’intimider nos diplomates sont tout aussi épouvantables», a écrit M. Modi sur la plateforme X. «De tels actes de violence n’affaibliront jamais la détermination de l’Inde.»

La Police régionale de Peel a annoncé lundi que trois personnes avaient été arrêtées et accusées à la suite de ces manifestations de violence.

Un homme de 43 ans de Mississauga a été accusé d’avoir troublé la paix et agressé un policier, et un homme de 23 ans de Brampton a été accusé d’agression armée. Un homme de 31 ans de Mississauga a été accusé de méfait de plus de 5000 $.

La police a déclaré que les manifestants s’étaient ensuite déplacés vers deux endroits différents à Mississauga, une banlieue torontoise voisine, et qu’un policier avait été légèrement blessé lors de l’arrestation d’une personne. Elle a déclaré qu’aucune autre blessure n’avait été signalée.

La Police régionale de Peel a aussi confirmé que l’un de ses agents avait été suspendu après qu’une vidéo circulant sur les réseaux sociaux aurait montré l’implication de ce policier dans la manifestation de Brampton. «Nous enquêtons sur toutes les circonstances décrites dans la vidéo et nous ne sommes pas en mesure de fournir de plus amples informations tant que l’enquête n’est pas terminée», a déclaré la police dans un communiqué.

Des partisans du «Khalistan»

Le groupe «Sikhs for Justice» a déclaré que des partisans d’un État sikh indépendant en Inde, le «Khalistan», protestaient contre la venue de fonctionnaires du consulat indien au temple hindou pour fournir des services administratifs tels que l’aide aux personnes âgées pour accéder à des pensions.

L’organisme soutient que New Delhi utilise ces visites de personnel consulaire pour recruter des informateurs afin d’identifier les militants séparatistes sikhs. Le groupe demande à Ottawa d’interdire aux missions diplomatiques indiennes d’organiser des événements de sensibilisation à l’extérieur, invoquant la sécurité publique.

Lundi, le ministère indien des Affaires étrangères a condamné «les actes de violence perpétrés par des extrémistes et des séparatistes» au temple hindou et a déclaré qu’il poursuivrait ses activités de sensibilisation consulaire au Canada.

«Les efforts de nos agents consulaires pour fournir des services aux citoyens indiens et canadiens ne seront pas découragés par l’intimidation, le harcèlement et la violence», peut-on lire dans un communiqué du porte-parole du ministère, Randhir Jaiswal, qui a appelé le Canada à poursuivre «ceux qui se livrent à la violence» et de protéger tous les lieux de culte.

À Surrey

Trois personnes ont également été arrêtées dimanche lors d’une manifestation à Surrey, en Colombie-Britannique, où des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient des personnes emmenées par la police à l’extérieur du temple hindou Sri Lakshmi Narayana.

Le détachement de Surrey de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a précisé lundi dans un communiqué que des agents avaient été déployés au temple pour «maintenir la sécurité publique» lors de la visite consulaire «lorsque des centaines de manifestants aux opinions opposées sont arrivés et ont commencé à manifester».

La GRC soutient que des violences ont éclaté, mais que personne n’a été blessé et que la foule s’était dispersée peu après les arrestations. La police a déclaré que les suspects avaient été libérés après une brève détention tandis que les policiers poursuivent leur enquête.

La GRC a ajouté que l’officier responsable du détachement de Surrey rencontrerait les dirigeants du temple local pour «répondre à leurs préoccupations et apaiser les tensions».

Cela survient après que le temple a publié une déclaration sur les réseaux sociaux dimanche soir, condamnant la violence à l’extérieur du temple et appelant à «la suspension des policiers impliqués dans des violences injustifiées contre les fidèles du temple» et demandant une enquête à leur sujet. «Ces actions doivent être traitées pour garantir la justice et prévenir de nouvelles tensions», indique le temple hindou.

Tensions croissantes

L’Inde accuse depuis longtemps le Canada d’abriter «des terroristes pro-Khalistan» dont New Delhi réclame l’extradition, mais les autorités canadiennes affirment que ces demandes manquent souvent de preuves adéquates pour procéder.

L’année dernière, le premier ministre Justin Trudeau a provoqué une crise diplomatique lorsqu’il a annoncé en Chambre que les responsables canadiens soupçonnaient des agents du gouvernement indien d’avoir joué un rôle dans l’assassinat du dirigeant d’un temple sikh près de Vancouver en juin 2023.

Ces tensions ont débordé le mois dernier lorsque le Canada a expulsé six diplomates indiens en raison d’allégations selon lesquelles ils auraient utilisé leur position pour recueillir des renseignements sur des Canadiens participant au mouvement indépendantiste sikh, puis auraient transmis ces informations à des gangs criminels pour cibler ces Canadiens. New Delhi soutient que le Canada n’a fourni aucune preuve pour étayer ces allégations.

Les violences survenues dimanche à Brampton ont aussi été condamnées par le haut-commissariat de l’Inde à Ottawa, par le premier ministre Trudeau et par les dirigeants d’autres grands partis fédéraux.

«Les actes violents commis aujourd’hui au temple Hindu Sabha de Brampton sont inacceptables, a écrit M. Trudeau dimanche sur X. Chaque Canadien a le droit de pratiquer sa foi librement et en toute sécurité.»

Le maire de Brampton, Patrick Brown, a écrit sur les réseaux sociaux dimanche que «les deux parties devaient désamorcer la situation». Il prévoyait de présenter une motion au conseil municipal pour envisager d’interdire les manifestations autour des lieux de culte.