Les ingénieurs du gouvernement du Québec en grève illimitée à compter du 14
MONTRÉAL — Les ingénieurs qui travaillent pour le gouvernement du Québec vont déclencher une grève illimitée le 14 novembre afin d’accroître la pression en vue de renouveler leur convention collective.
Ils sont 2000, membres de l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec — un grand syndicat indépendant des centrales syndicales.
Ces ingénieurs travaillent principalement au ministère des Transports et à celui de l’Environnement, mais aussi à ceux de la Cybersécurité, à l’Agriculture, aux Affaires municipales et à l’Énergie et Ressources naturelles.
«On est en blitz de fin de travaux avant que la neige et le gel arrivent. Donc, c’est sûr qu’on est dans une période assez critique pour les travaux qui ne sont pas encore complétés», a lancé en entrevue mardi Marc-André Martin, président de l’APIGQ.
Cette période-ci de l’année est aussi cruciale pour la planification des travaux d’infrastructures devant être réalisés l’an prochain.
«Pour ce qui est du ministère des Transports et du ministère de l’Environnement, le mois de novembre, c’est un blitz de préparation où toute la planification pour l’année prochaine est en train de se réaliser. Même si c’est très administratif, c’est vraiment au courant du mois de novembre, début décembre, que la majorité de la programmation des travaux, la programmation pour délivrer des permis pour l’Environnement… c’est là que ça se passe», a-t-il expliqué.
Le cabinet de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a tenu à rappeler que si la grève venait effectivement à être déclenchée la semaine prochaine, «en cas de grève des ingénieurs, les services essentiels devront être maintenus».
Ce sont 490 des 2000 ingénieurs qui pourraient être appelés à dispenser ces services essentiels, a précisé de son côté M. Martin.
Les négociations
Les négociations avec le Conseil du trésor avaient débuté en janvier 2024, rapporte le dirigeant syndical. La conciliation a eu lieu, sans parvenir à rapprocher les parties.
«Rappelons qu’à ce jour, nous avons conclu des ententes avec 98 % des salariés des secteurs public et parapublic. Nous espérons aussi en arriver à une entente avec les ingénieurs de l’État», a répliqué le cabinet de la ministre LeBel.
Les principaux points en litige sont les salaires, le recours à la sous-traitance, l’autonomie professionnelle et le télétravail.
M. Martin affirme que l’offre salariale de Québec, pour le moment, est de 9 % sur cinq ans, alors que l’ensemble des employés de l’État ont obtenu 17,4 % sur cinq ans.
«Les hausses salariales accordées dépendront des contreparties obtenues en matière de flexibilité. Les discussions doivent se poursuivre aux tables», a répondu le Conseil du trésor.
L’APIGQ soutient que Québec veut traiter ses membres comme des employés d’usine flexibles qui travaillent selon des quarts de nuit, de soir, alors que ses membres veulent plutôt retourner sur le terrain et obtenir des mandats importants touchant de grands projets, plutôt que de recourir à la sous-traitance privée.
«On veut s’éloigner de la paperasserie et travailler plus en ingénierie. On veut avoir des mandats plus complexes. On veut faire un retour sur les chantiers», s’exclame M. Martin.
«On veut développer une expertise à l’interne pour, pas nécessairement éliminer, mais limiter, le recours à la sous-traitance à outrance qui a mené, justement, à la Commission Charbonneau», conclut-il.