Plafonds d’étudiants étrangers: des universités et des cégeps veulent être exclus
QUÉBEC — Malgré les contestations d’universités et de cégeps, le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, refuse de les exclure du plafonnement d’étudiants étrangers.
«Il ne s’agit pas de faire des coupes paramétriques ou de mettre à mal le financement des universités. On ne veut pas s’attaquer à nos institutions qui sont importantes. On veut faire les choses correctement», a affirmé le ministre en mêlée de presse mardi.
Il y a quelques semaines, M. Roberge a déposé un projet de loi qui vise à limiter le nombre d’étudiants étrangers au Québec.
Des universités et des cégeps on fait entendre leur voix pour demander d’être purement et simplement exclus de ce plafonnement.
Dans un mémoire conjoint, l’Université Laval, l’Université de Montréal, l’Université McGill et l’Université de Sherbrooke affirment que les «étudiants internationaux universitaires représentent un faible pourcentage de l’immigration temporaire au Québec. Toutefois, leur apport est crucial à plusieurs chapitres».
Il y en a actuellement 120 000 sur le territoire de la province. «C’est trop», selon le ministre. La pièce législative prévoit aussi une répartition des étudiants étrangers en fonction de plusieurs critères: les régions, les ordres d’enseignement, les établissements ou encore les programmes.
L’Université du Québec demande aussi que les universités soient exclues du plafonnement.
«Une intervention précise en fonction des paramètres proposés risquerait de brimer la capacité de gestion des universités et l’autonomie universitaire au sens large, notamment en ce qui a trait à la recherche et à la création ainsi qu’au développement des programmes et aux conditions auxquelles les personnes étudiantes doivent répondre pour y avoir accès», indique-t-on dans un mémoire qui a été déposé à l’Assemblée nationale.
Même son de cloche du côté de la Fédération des cégeps qui demande que les institutions qu’elle représente soient exemptées «de tout plafond réduisant le nombre d’étudiantes et d’étudiants internationaux et obtiennent l’assurance de pouvoir poursuivre leur mission d’accessibilité et de contribution à la collectivité».
La fédération dit avoir une «grande inquiétude concernant une possible centralisation du pouvoir décisionnel».
«Ça prend un chef d’orchestre»
Malgré cette levée de boucliers, le ministre Roberge a dit qu’il ne serait pas «raisonnable» d’exclure les cégeps et les universités de son projet de loi.
«Je pense qu’ils (les cégeps et les universités) comprennent très bien qu’on doit sélectionner quels sont les programmes les plus porteurs. Dire qu’on veut aller chercher des étudiants étrangers, surtout francophones, ça demeure une politique d’avenir pour le gouvernement québécois et la nation québécoise. Est-ce que ce sont tous les programmes qui sont d’égale valeur pour la pénurie de main-d’œuvre? Est-ce que c’est tous les programmes vraiment qui nous aident comme nation à développer notre économie de la même manière?», a-t-il demandé.
«Ce n’est pas normal que la politique migratoire, quand on parle des étudiants étrangers, soit remise entre les mains de 20, 40, 70 institutions, toutes indépendantes. Ça prend un chef d’orchestre», a ajouté le ministre.
Le gouvernement souhaite que son projet de loi soit adopté avant Noël afin de pouvoir commencer à agir dès septembre 2025.