Rassemblement démocrate à Montréal: c’est «l’âme des États-Unis» qui est en jeu

MONTRÉAL — Des membres du Parti démocrate, qui espèrent pouvoir faire la différence dans les élections américaines, se sont réunis dans trois établissements de Montréal mardi soir pour suivre la soirée électorale.

«L’ambiance est très tendue» et «il très troublant de constater que Trump se rapproche d’une victoire», mais «ce n’est pas encore terminé», a difficilement expliqué Barbara Scales, vers 23h, alors que de plus en plus de clients quittaient la Sala Rossa, une salle de spectacle du quartier Mile End.

Quelques heures plus tôt, cette membre du Parti démocrate avait indiqué que «c’est en quelque sorte l’âme des Américains qui est en jeu dans cette élection».

«Ce n’est pas juste une élection sur des questions, disons politiques ou sociales», mais c’est «une élection sur la raison, la science, le débat public, l’échange d’idées, le respect pour l’autre, tout ça est à risque», a indiqué la Montréalaise originaire de New York.

«Ce qu’on apprécie, ce qui permet une façon de vivre qui est démocratique, qui implique le partage des responsabilités et des obligations et les bénéfices d’une société, est à risque», avait ajouté, avec beaucoup d’inquiétude, la femme de 73 ans.

Barbara Scales, une entrepreneure dans le milieu des arts, était l’une des premières personnes à se présenter à la Sala Rossa, réservée par le groupe «Democrats Abroad», l’organisation officielle des membres du Parti démocrate qui vivent en dehors des États-Unis.

Vers 22h, rien n’était encore joué, mais «avec la Géorgie et la Caroline du Nord qui semblent échapper à Kamala, je ne me sens pas très bien», a indiqué Heather Alexander, qui portait une casquette estampillée «Harris-Walz» de style camouflage.

«Nos espoirs reposent sur la Pennsylvanie», a ajouté la femme originaire de New York, avec le trémolo dans la voix.

Naomi Flis a voté par correspondance à partir du Canada dans l’État de l’Arizona, également un État pivot.

«Je me considère davantage Canadienne car je suis née ici, mais le résultat de l’élection peut définitivement influencer ma décision de déménager ou non aux États-Unis dans le futur», a-t-elle indiqué, en suivant nerveusement les résultats sur l’écran géant de la salle de spectacle un peu avant 21 h.

Entre 400 et 500 membres du parti avaient réservé «dans trois différents bars», a expliqué David Hamelin-Schuilenburg, porte-parole de l’organisation en début de soirée.

Selon ce préposé aux télécommunications d’urgence pour la Sûreté du Québec, qui possède la double nationalité, «les électeurs d’outre-mer sont particulièrement importants dans cette élection serrée et peuvent absolument faire la différence», dans les États pivots.

M. Hamelin-Schuilenburg a enregistré son vote en Pennsylvanie, un État qui compte 19 grands électeurs et qui est le plus important des sept États pivots.

Il a expliqué qu’en 2020, son vote «était parmi les 23 000 contestés par Trump».

Après l’élection de 2020, a-t-il expliqué, «l’équipe de campagne de Trump a déposé plusieurs recours dans de nombreux comtés, dont le comté d’Allegheny, où mon vote est compté».

Mais les tribunaux ont rejeté les prétentions du républicain.

Donald Trump est, selon lui, «une menace évidente pour la démocratie et la stabilité mondiale et les enjeux ne pourraient pas être plus élevés».

Plus de 600 000 électeurs au Canada

Les membres de «Democrats Abroad» qui se sont réunis à la Sala Rossa font partie des 4,4 millions de citoyens américains qui vivent en dehors des États-Unis et des 2,8 millions d’entre eux qui ont plus de 18 ans et qui peuvent voter selon les données du gouvernement.

C’est au Canada où il y a le plus d’expatriés américains: 605 797 adultes vivent chez nous.

Mais, historiquement, les Américains qui vivent à l’extérieur sont peu nombreux à voter.

Le taux de participation des personnes en âge de voter aux États-Unis était d’environ 62,5 % lors des élections générales de mi-mandat en 2022, contre un taux de vote estimé à 3,4 % pour les citoyens expatriés.

Sur le site Web du Federal Voting assistance Program, qui relève du gouvernement américain, on peut lire que le faible taux de participation des Américains qui vivent à l’étranger s’explique par certains obstacles «réels ou perçus».

Le vote à distance «est plus compliqué» et les citoyens «doivent suivre les règles de leur État» et la manière dont les documents électoraux peuvent être envoyés et reçus diffère selon les États et «peut nécessiter une technologie peu disponible ou de longs délais d’envoi», peut-on lire sur le site du Federal Voting assistance Program.

Par souci d’équité, La Presse Canadienne a voulu prendre le pouls d’un rassemblement de membres du Parti républicain, mais, selon l’organisation Republicans Overseas, aucun rassemblement du genre ne se déroulait dans la région de Montréal.