Toronto: la fermeture de sites de consommation affectera des centaines de personnes

TORONTO — Des centaines de personnes n’auront plus accès aux sites de consommation supervisée de Toronto lorsque la province en fermera cinq l’année prochaine, ce qui entraînera probablement une augmentation de la consommation de drogues dans les lieux publics et des surdoses, selon une nouvelle étude.

Le gouvernement de l’Ontario a annoncé en août qu’il fermerait dix sites de consommation supervisée dans toute la province au printemps prochain parce qu’ils sont trop proches des écoles et des garderies.

Cinq de ces sites se trouvent à Toronto, ce qui en laisse cinq autres ouverts. Un sixième centre dans la ville pourrait fermer ses portes une fois son bail expiré l’année prochaine.

L’Ontario s’éloigne de la réduction des risques pour adopter un modèle basé sur l’abstinence. Le gouvernement a l’intention de lancer 19 nouveaux «centres de traitement des sans-abri et des toxicomanes», ainsi que 375 logements hautement assistés pour un coût de 378 millions $.

Les sites de consommation supervisée touchés devraient être fermés d’ici le 31 mars 2025.

Des chercheurs du MAP Centre for Urban Health Solutions de l’hôpital St. Michael et du Ontario Drug Policy Research Network ont passé au peigne fin les données des sites de consommation supervisée et ont découvert qu’en moyenne, 1366 personnes ont utilisé les sites de Toronto chaque mois en 2022.

Les chercheurs estiment que 561 de ces personnes ont utilisé les sites qui doivent maintenant fermer.

Seuls 35 de ces clients se trouveront à moins de 500 mètres d’un site de consommation supervisée ouvert en avril prochain, selon l’étude.

«Cela signifie donc que 38 % des clients actuels perdront l’accès à un site en supposant qu’ils ne parcourent pas plus de 500 mètres», a déclaré le docteur Ahmed Bayoumi, auteur principal et clinicien-chercheur à Unity Health Toronto, qui gère l’hôpital St. Michael.

«Il y aura beaucoup de gens qui consomment actuellement des drogues dans un site supervisé et qui n’auront plus accès à ce site, ce qui signifiera probablement plus de consommation de drogues dans les lieux publics. Cela signifiera probablement plus de consommation de drogues non supervisée, donc plus de surdoses.»

Les chercheurs ont également examiné si les sites qui resteront ouverts pourront gérer l’augmentation des visites en raison des fermetures.

«Notre meilleure estimation était que les sites devraient augmenter leur capacité de plus de 50 % afin de prendre en charge la majorité des clients qui perdent l’accès», a indiqué le docteur Bayoumi.

Les impacts suivis de près

Les chercheurs suivront de près les changements proposés concernant les sites de consommation, qui comprendront une interdiction de nouveaux sites de consommation et seront codifiés dans un projet de loi qui n’a pas encore été déposé.

«Lorsque les sites fermeront réellement, nous pourrons examiner ce qui se passera en termes d’appels aux services médicaux d’urgence, ce qui se passera en termes de visites aux services d’urgence des hôpitaux et d’admissions à l’hôpital pour surdoses et pour d’autres complications associées à l’injection de drogues, comme les infections de plaies», a précisé le docteur Bayoumi.

Les travailleurs de la santé et les défenseurs des droits des personnes sans-abri ont tous prévenu que les fermetures entraîneraient davantage de décès.

L’année dernière, près de 2600 Ontariens sont morts à cause des opioïdes, soit une augmentation de 50 % par rapport à 2019, le fentanyl et ses dérivés affectant particulièrement les utilisateurs parmi la population sans-abri.

La ministre de la Santé, Sylvia Jones, a assuré que personne ne mourrait à cause des changements apportés à la réduction des méfaits.