Ottawa s’entend avec Québec sur 92 M $ additionnels pour la construction de logements
OTTAWA — Le gouvernement fédéral a annoncé lundi s’être entendu avec Québec pour lui verser 92 millions $ additionnels pour la construction de logements, soit sa part d’une bonification promise le printemps dernier à un fonds pancanadien.
Cette nouvelle somme accordée à Québec sera allouée par le biais du Fonds pour accélérer la construction de logements, que le chef conservateur Pierre Poilievre entend couper s’il devient premier ministre, afin de financer l’une de ses propres promesses.
En annonçant l’accord survenu avec le gouvernement québécois de François Legault, le lieutenant pour le Québec des libéraux fédéraux, Jean-Yves Duclos, a multiplié les flèches lancées en direction de M. Poilievre.
Il lui reproche de nier que des projets de construction sont déjà en branle grâce au programme qu’il souhaite abolir. Au Québec, 57 projets sont entamés, selon ce qu’a indiqué M. Duclos, dont sept qui se trouvent dans cinq circonscriptions fédérales représentées à la Chambre des communes par des députés conservateurs.
«Cinq députés conservateurs qui vont devoir expliquer les mensonges de leur chef», a tranché celui qui est aussi ministre de l’Approvisionnement, énumérant leurs noms: Bernard Généreux, Richard Martel, Pierre Paul-Hus, Luc Berthold et Dominique Vien.
Selon M. Duclos, Pierre Poilievre empêche ses députés, dont les cinq identifiés, de défendre les investissements prévus dans leur circonscription avec le Fonds pour accélérer la construction de logements.
«Il va avoir de la difficulté à cacher ses cinq députés conservateurs dans un endroit où on ne pourra pas leur parler», croit le ministre.
Invité à réagir par La Presse Canadienne aux propos de M. Duclos, le cabinet de M. Poilievre a fait parvenir une déclaration écrite du lieutenant du Québec des conservateurs, Pierre Paul-Hus. Le commentaire de ce dernier ne répond pas directement aux accusations du ministre Duclos, mais vante la promesse de rediriger ailleurs les fonds destinés au programme qui serait aboli sous un gouvernement conservateur.
«Le plan de gros bon sens des conservateurs utilisera cet argent pour supprimer la TPS sur les achats de maisons de moins d’un million de dollars et pour permettre aux propriétaires d’économiser jusqu’à 50 000 dollars sur une nouvelle maison. L’élimination de cette taxe entraînera également la construction de 30 000 logements supplémentaires chaque année», a déclaré l’élu qui avait notamment été identifié par M. Duclos pendant qu’il formulait ses attaques contre les conservateurs.
Le Québec s’est déjà vu allouer 900 millions $ des 4 milliards $ initialement prévus par Ottawa dans ce programme. Le gouvernement Legault a choisi d’égaler cet investissement, allongeant donc aussi 900 millions $ pour la construction de logements. Ces sommes initiales doivent permettre de construire 8000 unités d’habitation.
Le Fonds pour accélérer la construction de logements vise notamment à réduire les formalités administratives et à mettre à jour des politiques locales sur le zonage. L’initiative, chapeautée par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), doit durer jusqu’en 2026-2027.
Au Québec, Ottawa ne peut conclure des ententes directement avec les municipalités. Conformément à une loi provinciale, une entente doit d’abord survenir avec le gouvernement québécois, ce qui est le cas pour les 900 millions $ et dorénavant pour les 92 millions $.
Questionné à savoir pourquoi il ne faisait pas le point de presse de lundi de représentants du gouvernement Legault, M. Duclos a répondu que Québec «préfère faire l’annonce prochainement et c’est tout à fait correct».
D’ailleurs, le bureau de la ministre québécoise de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a décliné la demande de commentaire de La Presse Canadienne, justifiant ce refus en affirmant qu’«une annonce pour Québec aura lieu bientôt».