Près de 20% des Américains s’informent régulièrement auprès d’influenceurs
Près d’un Américain sur cinq – et une proportion pratiquement identique de républicains et de démocrates – s’informe régulièrement auprès d’influenceurs qui sont plus susceptibles d’être trouvés sur la plateforme X, selon un rapport publié lundi par le Pew Research Center.
Les résultats, tirés d’une enquête menée auprès de plus de 10 000 adultes américains et d’une analyse des publications mises en ligne cet été sur les médias sociaux par des influenceurs, donnent une indication de la manière dont les Américains ont consommé l’actualité au plus fort de la campagne présidentielle américaine, finalement remportée le républicain Donald Trump.
L’étude a examiné les comptes gérés par des personnes qui publient et parlent régulièrement de l’actualité – notamment dans des baladodiffusions et des infolettres – et qui comptent plus de 100 000 abonnés sur Facebook, Instagram, YouTube, X ou TikTok. Ils incluent des personnes de tout le spectre politique, comme l’animateur de baladodiffusion progressiste Brian Tyler Cohen et le créateur de baladodiffusion conservateur Ben Shapiro, ainsi que des personnalités non partisanes comme Chris Cillizza, un ancien analyste de CNN qui gère désormais sa propre infolettre.
Le rapport a révélé que les influenceurs de l’actualité publiaient principalement sur la politique et les élections, suivis de questions sociales, comme l’origine ethnique et l’avortement, ainsi que les événements internationaux, comme la guerre entre Israël et le Hamas. La plupart d’entre eux – 63% – sont des hommes et la majorité – 77% – n’a aucune affiliation ou expérience avec une organisation médiatique. Environ la moitié des influenceurs échantillonnés n’exprimaient pas d’orientation politique claire, a indiqué Pew. Parmi ceux qui l’ont fait, un peu plus se sont identifiés comme conservateurs plutôt que libéraux.
Pendant la campagne, les deux partis et les équipes des candidats ont courtisé les influenceurs, y compris des créateurs qui n’étaient pas très politiques, pour remporter des électeurs qui obtiennent de plus en plus la plupart de leurs informations de sources non traditionnelles.
Les conventions nationales républicaine et démocrate ont accrédité des influenceurs pour couvrir leurs événements l’été dernier. La vice-présidente Kamala Harris s’est assise avec Alex Cooper pour son balado «Call Her Daddy» et a un peu parlé de basket-ball de la région de la baie de San Francisco avec le duo de «All the Smoke». Pendant ce temps, M. Trump a passé du temps avec les créateurs de «Bussin’ With the Boys», «Flagrant» et le populaire créateur de baladodiffusion Joe Rogan dans le cadre d’une série d’apparitions ciblant les jeunes électeurs masculins.
«Ces influenceurs ont vraiment atteint de nouveaux niveaux d’attention et de notoriété cette année dans le contexte de l’élection présidentielle», a déclaré par communiqué Galen Stocking, scientifique principal en informatique sociale au Pew Research Center. «Nous avons pensé qu’il était vraiment important de regarder qui se cache derrière certains des comptes les plus populaires – ceux qui ne sont pas des organisations de presse, mais de vraies personnes.»
Même si 85% des influenceurs de l’actualité sont présents sur X, bon nombre d’entre eux ont également des comptes sur d’autres plateformes de médias sociaux, telles que Facebook, Instagram, YouTube et TikTok.
Les minorités raciales, les jeunes adultes et les adultes à faible revenu étaient plus susceptibles de s’informer auprès des influenceurs de l’actualité, selon le rapport. La plupart des personnes interrogées par Pew ont mentionné que ces influenceurs les ont aidées à mieux comprendre l’actualité, tandis qu’environ un quart d’entre elles avancent que ce qu’elles entendent n’a pas fait beaucoup de différence. Une petite part – 9% – déclare que les influenceurs les ont davantage embrouillées.
Les analystes des médias s’inquiètent depuis longtemps de la manière dont les influenceurs – dont la plupart ne sont pas tenus de respecter les normes éditoriales – pourraient alimenter la désinformation, voire être utilisés par les adversaires des États-Unis pour produire du contenu qui correspond à leurs intérêts. Sur les réseaux sociaux, cependant, certains influenceurs se sont positionnés comme des personnalités présentant des points de vue négligés.
Pew, qui réalise l’étude dans le cadre d’une initiative financée par la Knight Foundation, a indiqué que 70% des personnes interrogées estiment que les informations qu’elles reçoivent des influenceurs sont quelque peu différentes de ce qu’elles entendent ailleurs. Environ un quart ont déclaré qu’elles étaient «extrêmement ou très différentes».
Le rapport a révélé que TikTok est la seule des principales plateformes où les influenceurs qui s’identifient à droite ne sont pas plus nombreux que ceux qui sont plus libéraux. Pew a indiqué que les influenceurs de l’actualité sur l’application de courtes vidéos étaient plus susceptibles de montrer leur soutien aux droits LGBTQ+ ou de s’identifier comme faisant partie de la communauté LGBTQ+ que ceux des autres sites. La plateforme présentait également le plus petit écart entre les sexes pour les influenceurs de l’actualité.
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David Bauder, journaliste pour l’Associated Press, a contribué à ce reportage.