Les élèves autochtones au Québec sont toujours désavantagés, conclut la Vérificatrice

MONTRÉAL — La vérificatrice générale du Québec affirme que le gouvernement a adopté peu de mesures au cours des vingt dernières années pour soutenir les élèves autochtones, dont les taux de diplomation sont inférieurs à ceux des élèves autochtones des autres provinces.

Dans son rapport publié mercredi, la vérificatrice générale Guylaine Leclerc souligne par ailleurs que le ministère de l’Éducation du Québec «reconnaît depuis 2005 au moins» qu’il y a un écart de réussite chez les élèves autochtones par rapport à l’ensemble des élèves qui fréquentent le réseau scolaire québécois.

Or, depuis 20 ans, le ministère «ne s’est toujours pas fixé d’objectifs ni de cibles en matière de réussite des élèves autochtones», alors qu’il l’a fait pour d’autres groupes d’élèves chez qui il a constaté un écart de réussite, soutient la vérificatrice générale.

«Près de 20 ans après avoir fait le constat d’un écart de réussite chez les élèves autochtones, le ministère de l’Éducation met encore peu d’actions en œuvre pour favoriser leur réussite», écrit Mme Leclerc.

Dans son rapport, Mme Leclerc souligne qu’en 2021, la proportion de la population autochtone du Québec âgée de 25 à 34 ans sans diplôme ni certificat était de 31,4 %, soit plus de trois fois le taux observé dans la population allochtone (9,3 %).

Les taux d’obtention de diplômes chez les autochtones du Québec sont également à la traîne à l’échelle nationale. Parmi toutes les provinces canadiennes, c’est au Québec que l’on retrouvait le taux le plus élevé d’Autochtones âgés de 25 à 34 ans sans diplôme ou certificat — 31,4 % comparativement à 18,9 %.

Les difficultés en français

Le rapport constate également que lorsqu’ils passent des écoles de leur communauté au réseau scolaire québécois, les élèves autochtones, qui ne maîtrisent pas toujours le français, ne reçoivent pas suffisamment de «services de soutien linguistique ou complémentaire».

«Les difficultés en français, particulièrement quand le français est la langue d’enseignement, peuvent se répercuter sur l’apprentissage des autres matières scolaires qui font appel aux compétences en lecture et en écriture», souligne Mme Leclerc dans son rapport.

Pourtant, la vérificatrice générale note que le financement du soutien en français aux élèves autochtones est «infime» par rapport à ce que reçoivent les élèves qui sont issus de l’immigration.

Au cours de l’année scolaire 2022-2023, 10 % des élèves autochtones des écoles francophones avaient eu accès à des services de soutien linguistique, contre 46 % des élèves issus de l’immigration, selon le rapport.

Mme Leclerc recommande notamment que le gouvernement en fasse davantage pour renforcer les liens de confiance entre les écoles et les communautés autochtones. «D’ailleurs, la majorité du personnel rencontré qui travaillait avec des élèves autochtones n’avait pas suivi de formation sur les réalités des élèves autochtones», lit-on dans le rapport

En conférence de presse mercredi, Mme Leclerc a déclaré que le personnel scolaire pouvait bien avoir de bonnes intentions, mais qu’il n’avait pas toujours les connaissances nécessaires pour répondre aux besoins des élèves autochtones d’une manière qui résonne sur le plan culturel.

Mme Leclerc recommande notamment que les responsables au ministère de l’Éducation forment le personnel scolaire aux réalités autochtones et offrent à ces élèves «un environnement scolaire sécurisant et culturellement pertinent».

Elle estime aussi qu’il n’y a pas suffisamment, dans les écoles, d’agents de liaison, qui agissent comme un pont entre l’école et les familles autochtones, aidant les élèves à s’intégrer plus facilement à l’école.

Bien que le ministère de l’Éducation ait commencé à augmenter le financement destiné aux élèves autochtones en 2005, l’argent n’a pas été réparti de manière égale. Le rapport indique que les écoles soumettent des demandes de financement pour l’éducation des élèves autochtones en fonction d’un certain nombre de facteurs, notamment la langue parlée par les élèves et le revenu familial.

Mais il ajoute que le gouvernement ne tient pas compte de ces données lorsqu’il distribue l’argent, ce qui n’est pas récurrent et entrave la capacité des écoles à mettre en œuvre des mesures à long terme.

Mme Leclerc recommande aussi que les responsables de l’éducation définissent et mettent en œuvre des indicateurs pour améliorer les taux de réussite des élèves autochtones.

Ni le ministère de l’Éducation ni le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuits, Ian Lafrenière, n’étaient immédiatement disponibles pour commenter les conclusions du rapport.