COVID-19 : deux Latuquoises doivent rentrer au Québec

Une étudiante en techniques d’éducation spécialisée du collège Laflèche de Trois-Rivières, Annabelle Comeau-Harvey, de La Tuque, doit rentrer au Québec, cette semaine.

Comme pour de nombreux autres, la pandémie de COVID-19 met abruptement fin à un stage de fin d’études collégiales de six semaines, auprès d’adolescents ayant une différence, dans la ville de Nimes, en France, qu’elle préparait depuis plus d’un an et demi, en raison de la pandémie de la COVID-19.

Son établissement d’enseignement lui demande de rentrer le plus tôt possible au pays. Mais des vols ont été annulés et on a dû faire plusieurs recherches pour s’assurer de son retour au pays.

Elle n’a pas vécu sa mésaventure toute seule : sa mère, Hélène Comeau, avait prévu de l’accompagner pendant les deux premières semaines de son passage en Europe avec elle.

Au moment où L’Écho de La Tuque les a contactées, dimanche, la jeune fille et sa mère mettaient la main sur des billets de train pour se rendre à Francfort, en Allemagne, devenu leur lieu de départ de l’Europe pour le Canada. En quelques instants, la valeur du billet avait grimpé de 100 $.

«Ça va mieux, on a eu des nouvelles, on est moins sur le qui-vive», annonçait Hélène Comeau, visiblement soulagée.

Elles étaient arrivées en France le 4 mars pour ce stage qui devait durer du 9 mars au 1er mai.

La situation était nettement différente au moment de leur départ : «Quand on est parti, on avait demandé des masques, mais on ne pensait pas que ça allait prendre une telle ampleur», confie Annabelle Comeau-Harvey. En effet, les événements se sont précipités rapidement, on le sait, au cours des derniers jours, avec des statistiques de personnes atteintes montant en flèche.

Annabelle n’aura finalement été en mesure que d’effectuer cinq jours de stage. Résilientes, les deux femmes prennent le tout avec un brin d’humour. «Mais, avant de rire, on a paniqué», confie Annabelle.

En effet, un appel à l’agence de voyage a initialement permis de prévoir un vol le jeudi 19 mars. Mais, dimanche, un courriel d’Air Canada la prévenait que le vol Lyon-Montréal été annulé. Les deux femmes doivent finalement décoller de Francfort en Allemagne, pour atteindre Montréal, via Toronto.

C’est le directeur du CAA, avec qui elles avaient transigé, qui a pu arranger les choses : «Tous les vols avaient été annulés sans aviser le CAA, les agences de voyages […] On a reçu un courriel, ils étaient débordés, ils n’étaient pas au courant du tout, ils ont reçu le courriel en même temps que nous».

Elles sont conscientes que des revirements de situation peuvent survenir d’ici à ce qu’elles mettent les pieds dans l’avion. «On vit sur le stress et l’espoir», disent-elles d’emblée.

Malgré tout, dans les circonstances, le voyage s’est très bien passé. «Les gens sont très gentils, très accueillants et surtout, ils adorent notre accent», confie Annabelle Comeau-Harvey.

«J’ai adoré, ç’a été une belle expérience mère-fille», enchaîne Hélène Comeau, dont c’était le premier voyage en Europe.

Mais, veut, veut pas, vu d’un autre angle, cette situation mondiale cause une certaine déception chez l’étudiante de La Tuque. Elle avait financé son stage en Europe à coups de campagne de financement, en plus de devoir composer avec l’abandon d’une collègue étudiante qui devait l’accompagner. «Je trouve ça désolant, j’ai mis énormément d’énergie pour faire ce stage. Rendu ici, on exige que je retourne au Québec», lance Annabelle Comeau-Harvey qui comprend toutefois très bien la situation.

Le stage a été très court, mais quand même intense et a su générer un bon partage de connaissances avec l’accompagnatrice de son milieu de stage : «J’ai appris leur façon de voir les choses, parce que notre métier est très différent […] j’ai quand même pu voir les différences (des façons de faire entre le Québec et la France) et enrichir mes connaissances».

Entre autres expériences, elles ont apprécié leur passage dans un restaurant, le Reflet, où elles ont été servies par des personnes trisomiques.

Le coronavirus

Elles ont remarqué que le coronavirus déclenche deux façons de voir les choses en France : des gens qui ne s’en font pas trop avec la situation et d’autres qui sont plus paniqués. On sait que le nombre de cas en France a explosé au cours des derniers jours. Par contre, les gens respectent beaucoup les règles, on croise moins de gens dans les épiceries et les endroits publics. «Avant notre départ, on acheté six bouteilles de Purel et à chaque fois qu’on sort, on en met».

Sitôt arrivées au Québec, ce sera l’isolement pour 14 jours. «Je préfère être en quarantaine chez moi, au Québec, et s’il arrive quelque chose, d’être soignée dans nos hôpitaux, au Québec. C’est mieux d’être dans ses affaires», pense Annabelle.

Elle ne sait pas de quelle manière elle pourra reprendre son stage au Québec ou s’il sera crédité. Les stages ont été suspendus.