L’économie se redresse: des secteurs de la région tirent mieux leur épingle du jeu
ÉCONOMIE. Les plus récentes données publiées par Desjardins semblent indiquer que l’économie de la province et de ses différentes régions se redresse. La reprise est bien amorcée et devrait se poursuivre jusqu’en 2022.
Les régions ressources, manufacturières, urbaines et des capitales ont été analysées par Desjardins en fonction de leurs spécificités et de leur PIB. L’étude montre sans surprises que le confinement a laissé de profondes cicatrices sur l’économie québécoise.
«Au total, 54 % des entreprises ont connu des baisses de plus de 50 % de leur niveau d’activité et 45 % des entreprises ont subi une baisse de revenus de plus de 50 % », explique Chantal Routhier, économiste senior chez Desjardins Études économiques et co-auteure du Survol économique des régions du Québec en 2020 et en 2021.
Le PIB nominal de la Mauricie a chuté de 6,3 % en 2020. La Mauricie devrait rattraper ce retard dès 2021 et même le dépasser de 0,2 point de pourcentage. Son taux de chômage passera de 7,5 % en 2020, à 7,0 % en 2021.
« En Maurice, la fabrication du papier performe bien, au niveau des exportations notamment, alors que d’autres secteurs sont en perte de vitesse, précise Mme Routhier. Quand on parle de pâtes, de tissus, de papier, d’emballage, de carton, ça va. Par contre, le secteur de la fabrication de meubles et de produits connexes vont prendre du temps à se rétablir.»
« Les effets du conflit sur le bois d’œuvre avec les États-Unis demeurent et ce secteur d’activité reste sous pression. Mais toutes les activités qui tournent autour de la biomasse et des granules devraient mieux faire », poursuit Mme Routhier. « Si on n’a pas une importante deuxième vague, l’économie devrait continuer à bien faire ».
La reprise sera inégale dans les régions manufacturières comme la Mauricie, souligne Chantal Routhier. « L’industrie manufacturière dans son ensemble a été très affectée et certains sous-secteurs mettront du temps à revenir à leur niveau d’activité d’avant la crise, dont l’extraction du pétrole et du charbon ainsi que les usines de textile. D’autres mises à pied ou des fermetures définitives d’entreprises pourraient survenir en Mauricie, en Chaudière-Appalaches et au Centre-du-Québec ».
À cela s’ajoutent des facteurs aggravants comme une lente croissance démographique et le vieillissement de la population. « Les questions de rétention et d’attraction de la main-d’œuvre » demeurent entières pour la Mauricie et le Centre-du-Québec. « L’âge des travailleurs y est très élevé et le défi des départs à la retraite » va apparaître. Ceci risque d’avoir une incidence sur les niveaux de reprise à plus long terme.
D’autres sphères d’activité, notamment la fabrication de machines et de papier spécialisé (papier tissus, papier d’emballage et carton), présentes, entre autres, en Mauricie, en Estrie et au Centre-du-Québec, tireront mieux leur épingle du jeu. Et l’interdépendance économique relative des régions manufacturières qui se côtoient (Mauricie, Centre-du-Québec, Chaudière-Appalaches, Estrie) doit être considérée.
Hausse des prix dans le bois d’œuvre
On a récemment observé une hausse des prix du bois. « L’activité a été très forte. On a été situation de pénurie à plusieurs endroits. Avec les restrictions sur les voyages à l’étranger, on a vu un déplacement de la demande vers la rénovation. On s’attend à ce que la cadence ralentisse quand les entreprises auront reconstitué leurs stocks à l’automne. La demande refoulée, a maintenant été comblée » précise Chantal Routhier. « On devrait retrouver un marché prépandémie à moyen terme. C’est contextuel », estime Mme Routhier.
Pour les régions du Québec qui ont des composantes agricoles, l’étude de Desjardins note que le manque de précipitations au début de l’été dans tout le Québec a préoccupé les producteurs. Une carence dans l’offre de foin et une hausse marquée des prix observée. Mais l’agriculture devrait maintenir ses acquis, malgré les pénuries de main-d’œuvre cycliques qui affectent ce secteur.
Prioriser les actions
Un mandat de priorisation économique a été confié à chacune des régions du Québec en juin dernier par le gouvernement du Québec. Les régions ont identifié au moins « trois projets structurants, mobilisateurs et innovateurs pour leur territoire, aptes à favoriser la relance de l’économie. Les régions ont été très proactives. Je m’attends à ce que ça ait un impact en 2021 », dit Chantal Routhier, économiste senior chez Desjardins Études économiques.