Opitciwan adopte sa Loi sur la protection de la jeunesse
Des représentants du Conseil des Atikamekw d’Opitciwan, de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) et de la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL) annoncent une avancée historique pour les familles et les enfants des Premières Nations. La communauté a adopté sa « Loi de la protection sociale atikamekw d’Opitciwan » (LPSAO).
La mesure, une première au Québec, permettra à d’Opitciwan d’être totalement autonome en matière de protection de l’enfance, conformément à la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis.
« Nous avons enfin les moyens pour assurer le mieux-être de nos enfants, tout en faisant la promotion et en garantissant l’accessibilité des services de prévention dans un milieu sécuritaire, adéquat et propice au bon développement de nos familles. L’intérêt de l’enfant est au cœur de notre démarche et plusieurs éléments, absents des compétences provinciales et fédérales, seront des facteurs déterminants de la LPSAO, notamment l’identité, le patrimoine et l’éducation culturels, linguistiques, religieux et spirituels de l’enfant », a affirmé Jean-Claude Mequish, chef d’Opitciwan.
« Un travail colossal a été réalisé depuis l’adoption de la loi fédérale, le 21 juin 2019, et nous en voyons aujourd’hui l’aboutissement. Je félicite d’ailleurs toutes les personnes qui ont participé, de près ou de loin, à la création de la LPSAO. Opitciwan est une véritable source d’inspiration pour nos peuples et je suis persuadé que les enfants et les familles de la communauté profiteront désormais de toute l’aide et de l’accompagnement dont ils ont besoin », a soutenu Derek Montour, président du conseil d’administration de la CSSSPNQL.
On rapporte que les services sociaux pourront opter pour la famille élargie d’un enfant en difficulté, au lieu de l’envoyer loin de chez lui, ce qui lui ferait perdre sa langue et ses coutumes.
Selon La Presse l’adoption de cette loi sur la protection de la jeunesse a été rendue possible grâce à C-92, une loi fédérale, entrée en vigueur en janvier 2020, qui reconnaît les compétences des Autochtones, des Inuits et des Métis en matière de services à l’enfance et à la famille. Mais le gouvernement du Québec contesterait cette loi fédérale en cour parce qu’elle empiète sur son champ de compétence.
« Je tiens à saluer la détermination de la nation atikamekw d’Opitciwan. En affirmant notre droit à l’autodétermination, nous créons un système qui contribuera à éliminer la surreprésentation de nos enfants dans le système de protection de la jeunesse. Nous nous investissons collectivement depuis plus de trois décennies afin de reprendre la responsabilité du mieux-être de nos enfants et de nos communautés. Nos enfants sont l’espoir et l’avenir de nos peuples et ils méritent que nous unissions nos forces pour leur offrir un avenir prometteur. Personne n’est mieux placé que nous pour le faire « , a fait savoir Ghislain Picard, chef de l’APNQL au cours de la conférence de presse.
À ce jour, note l’APNQL, neuf avis d’intention, pour quinze communautés, ont été envoyés à l’intention des gouvernements fédéral et provincial pour exercer la compétence législative en matière de services à l’enfance et à la famille ainsi que quatre demandes, pour 22 communautés, afin de conclure un accord de coordination concernant l’exercice de cette compétence : « Assurément, d’autres communautés emboîteront le pas d’Opitciwan dans un avenir rapproché ».
« Il s’agit d’un effort collectif qui aura des retombées importantes pour l’avenir de la communauté, des enfants et des familles. […] Opitciwan est la première autorité au Québec est la troisième au Canada à adopter sa propre loi en protection de la jeunesse. Le souhaite ardemment que cet accomplissement emboîte le pas à d’autres démarches pour l’exercice de notre droit à l’autodétermination et qu’elle soit source d’inspiration pour plusieurs autres communautés. Les premières nations ou Québec n’ont jamais hésité à dénoncer les failles d’un système qui ne reconnaît pas nos spécificités, notre identité et nos cultures. Nous nous nous investissons collectivement depuis plus de trois décennies afin de reprendre la responsabilité du mieux-être de nos enfants et de nos communautés », a dit Gislain Picard.
Il croit qu’en affirmant le droit à l’autodétermination, on aidera à éliminer la surreprésentation des enfants dans le système de la protection de la jeunesse, « actuellement jusqu’à huit fois plus élevée que chez les enfants québécois ».