Le Sénat approuve la nomination de la juge Ketanji Brown Jackson à la Cour suprême

WASHINGTON — Le Sénat américain a approuvé jeudi la nomination de la juge Ketanji Brown Jackson à la Cour suprême des États-Unis.

Mme Jackson, âgée de 51 ans, devient ainsi la toute première femme noire à être nommée à cette cour, et donne au président Joe Biden une approbation un peu bipartite pour ses efforts de diversification du plus haut tribunal du pays.

Ketanji Brown Jackson, qui est juge à la Cour d’appel fédérale depuis neuf ans, a été confirmée par un vote de 53-47 — un résultat qui suit essentiellement les lignes de parti, mais avec trois voix du côté républicain. La séance du Sénat était présidée par la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, première femme noire à occuper cette haute fonction.

Lorsque Mme Harris a annoncé le résultat du vote, la chambre haute a éclaté en des acclamations qui ont résonné au-delà de ses portes. Les galeries supérieures du Sénat étaient presque remplies, pour la première fois depuis le début de la pandémie il y a deux ans.

Mme Jackson occupera son nouveau siège lorsque le juge Stephen Breyer prendra sa retraite, l’été prochain, solidifiant l’«aile libérale» de cette cour dominée 6-3 par les conservateurs. Elle était jeudi à la Maison-Blanche avec le président pour connaître le résultat du vote.

Au cours des quatre jours d’audiences du Sénat, le mois dernier, Mme Jackson a parlé des luttes menées par ses parents contre la ségrégation raciale. Elle a déclaré que son «chemin était plus clair» que le leur en tant que Noire américaine, depuis la promulgation des lois sur les droits civils aux États-Unis. 

Elle a fréquenté l’Université Harvard, défendu les droits des citoyens, travaillé dans un cabinet d’avocats privé et a siégé à la Commission de la détermination de la peine.

Pédophilie

Lors des audiences, elle a assuré les sénateurs qu’elle appliquerait la loi «sans crainte ni faveur», et elle a repoussé les tentatives républicaines de la dépeindre comme trop indulgente envers les criminels qu’elle avait condamnés.

Les républicains ont passé une partie des audiences de confirmation à remettre en question son bilan de condamnations, notamment les peines prononcées dans des affaires de pornographie juvénile, qui, selon eux, étaient trop légères.

Les sénatrices républicaines Susan Collins (Maine) et Lisa Murkowski (Alaska), ainsi que leur collègue Mitt Romney (Utah) ont appuyé sa nomination: ils ne sont peut-être pas toujours d’accord avec elle, mais ils l’ont trouvée hautement qualifiée pour le poste, ont-ils dit.

«C’est une journée merveilleuse, une journée joyeuse, une journée inspirante — pour le Sénat, pour la Cour suprême et pour les États-Unis d’Amérique», a exulté le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

Mme Jackson ne sera que la troisième personne noire à être nommée à la Cour suprême dans toute l’histoire américaine, après Thurgood Marshall et Clarence Thomas; elle sera aussi la sixième femme à être nommée à ce tribunal. Elle rejoindra cette fois trois autres femmes, Sonia Sotomayor, Elena Kagan et Amy Coney Barrett – ce qui signifie que pour la première fois de l’histoire américaine, quatre des neuf juges à la Cour suprême seront des femmes.

Le premier mandat de Mme Jackson sera marqué par des affaires impliquant des «questions raciales», à la fois pour les admissions à l’université et pour le droit de vote. 

Elle s’est engagée à ne pas participer à l’examen par le tribunal du programme d’admission de Harvard, puisqu’elle est membre de son conseil de surveillance. Mais la Cour suprême pourrait scinder une deuxième affaire impliquant une contestation du processus d’admission de l’Université de Caroline du Nord, ce qui permettrait à la juge Jackson de se prononcer sur cette question.