Un guide pour mieux intervenir auprès des jeunes ayant été victimes de traumas
Détentrice d’une maîtrise en psychoéducation et chargée de cours à l’UQTR, Marie-Ève Grisé Bolduc lance un guide afin de mieux intervenir auprès des jeunes ayant vécu des traumas. Destiné aux parents, aux enseignants, aux éducateurs, aux intervenants, aux familles d’accueil et aux différents professionnels qui prennent soin des jeunes, le guide 10 questions sur le trauma complexe chez l’enfant et l’adolescent permet de mieux comprendre les comportements des jeunes ayant vécu des traumas, de mieux intervenir en présence de ces différents comportements et de voir au-delà des symptômes et des étiquettes.
Ce sujet, Mme Grisé Bolduc s’y intéresse depuis longtemps. Elle qui a été intervenante en protection de la jeunesse pendant plusieurs années offre maintenant des conférences dans différents milieux, tant au Québec qu’en France. Elle est aussi assistante de recherche pour le Centre d’études interdisciplinaires sur le développement de l’enfant et de la famille de l’UQTR et le Centre for Research on Children and Families de l’Université McGill.
« C’est mon travail en tant qu’intervenante en protection de la jeunesse qui a été à la base de mon grand intérêt pour la maltraitance, indique-t-elle. En 2017, j’ai fait un retour aux études et je me suis particulièrement concentrée sur le trauma complexe de l’enfant. C’est un concept bien intéressant qui permet de mieux comprendre les comportements de certains jeunes qui ont vécu des choses difficiles. »
« Au Québec, c’est un concept plutôt méconnu, même si on en parle de plus en plus, renchérit cette dernière. Je trouvais qu’il n’y avait pas d’ouvrage très vulgarisé et je voyais qu’il y avait un besoin. Je donnais des conférences et des cours sur ce sujet et je voyais l’intérêt et le besoin. »
Avec ce projet, son souhait ultime est d’outiller les adultes qui gravitent autour de ces jeunes, afin qu’ils puissent les comprendre et les aider de façon adéquate. « Les comportements des jeunes, c’est souvent juste la pointe de l’iceberg, fait-elle remarquer. On va dire de certains jeunes qu’ils ont un comportement dérangeant, perturbateur. On va axer l’intervention sur le comportement, alors que c’est important d’aller voir ce qu’il y a sous ce comportement.»
Pour Mme Grisé Bolduc, il est nécessaire de mettre des mots sur des réalités parfois difficiles à aborder. « Mettre des mots, ça permet d’avancer pour régler la situation, fait-elle valoir. Je mise sur le positif, sur l’espoir d’aller mieux. C’est un message d’espoir pour que les jeunes puissent mieux comprendre et reprendre le contrôle sur leur trauma, sur ce qu’ils vivent. »
Des solutions concrètes
Pour en arriver là, l’autrice présente différentes pistes de solution dans son livre. Elle y parle notamment du fonctionnement du cerveau des jeunes et elle donne des astuces pour apprendre à reconnaître les besoins derrière les réactions dites dérangeantes.
« C’est très concret et très vulgarisé, précise-t-elle. Je connais beaucoup d’enseignants et d’intervenants qui ont lu le livre et la réaction est très bonne jusqu’à présent. L’intervention auprès de ces jeunes peut parfois être difficile, alors tant mieux si je peux aider ces jeunes-là à ma façon. »
Dans son livre, il est indiqué que dans la population générale, au moins une personne sur trois, voire deux personnes sur trois, a vécu au moins un événement potentiellement traumatisant au cours de l’enfance ou de l’adolescence. Cette proportion peut monter jusqu’à 100% au sein d’autres types de populations, comme les adolescents hébergés en centre de réadaptation.
« L’exposition aux traumas n’est malheureusement pas rare, ce qui justifie l’importance qu’on s’y attarde. Je veux qu’on puisse adopter des approches qu’on dit sensibles aux traumas. J’espère que ça aidera ultimement plusieurs jeunes », conclut Marie-Ève Grisé Bolduc.