Un quart de siècle pour le Pow wow de Wemotaci
C’est à l’époque où il était encore gamin qu’Ayami Chilton a commencé à graviter dans l’environnement du Pow wow de Wemotaci. Sans le savoir à l’époque, il allait en faire le projet d’une vie, puisque c’est lui qui en tire aujourd’hui les ficelles.
En 1996, on y avait organisé un rassemblement spirituel, regroupant des représentants de plusieurs communautés. Bien qu’encore tout jeune, ses services avaient été requis dans l’organisation. «Il y avait eu un invité spécial, l’oncle de Mary Coon. Il était venu montrer ce qu’était le tambour, il avait donné des enseignements. C’est comme ça que ç’a commencé», évoque M. Chilton.
Le jeune homme travaillait alors sur le terrain, assistant l’organisation dans mille et une tâches, s’occupant de la pelouse, d’installer les structures. Le Pow wow naissait sans faire de bruit, alors que d’autres communautés commençaient aussi à en préparer.
La décision a donc été prise d’en mettre un sur pied, de façon formelle, pour l’année suivante, 1997.
En tant que batteur et chanteur, ce natif de Wemotaci a accompagné son groupe dans plusieurs de ces rencontres, dans l’Ouest canadien, aux États-Unis, en Europe : «Ma culture m’a amené loin. Ç’a revalorisé plusieurs facettes de ma vie».
«Il y a un contexte derrière le Pow wow, il y a toute l’aide qu’on a eue. Des gens des États-Unis, de l’Ouest canadien sont venus, il y a un bel historique derrière tout ça», relate Ayami Chilton. Des gens fréquentent le Pow wow de Wemotaci, des gens de Wemotaci vont dans d’autres rassemblements. À force de contacts, «la famille Pow wow est née».
Améliorations d’année en année
Depuis 2010, il en est le coordonnateur. On peut presque affirmer que c’en est l’âme. Avec son équipe, il planifie l’événement autant sur le terrain, qu’au niveau des finances et des invitations à transmettre. D’ailleurs, les quelques semaines qui précèdent la fin de semaine de la fête du Travail sont très occupées.
Il y a quelques années, on a célébré le 20e Pow wow, mais le 25e devait être souligné l’année dernière. Vu qu’on a manqué une année en raison de la pandémie, on se reprend cette année.
«Je souhaite que les gens viennent. Qu’ils viennent observer la beauté d’une culture» -Ayami Chilton
L’emplacement «ancien Weymont», à environ 2 km de la communauté, été choisi pour accueillir l’événement. «C’est un lieu qui est millénaire, parce que les anciennes autoroutes, c’étaient nos rivières. C’est la place où plusieurs autres nations venaient. C’est un plateau, une terrasse naturelle, un endroit où tout le monde se réunissait une fois par année, l’été, avant que les gens retournent vers leur territoire».
Une page Facebook tient les gens au courant des derniers développements. Un bon groupe de gens gravite autour de l’organisateur pour en assurer le bon roulement.
Programmation
Ayami Chilton l’avoue d’emblée, la fin de semaine sera chargée, d’autant plus qu’on veut souligner le quart de siècle du Pow wow de Wemotaci, un événement qu’on dit le seul à être présenté dans trois langues, le français, l’anglais et l’atikamekw.
Vendredi, on couronnera Miss Nehirohiskew, une femme de 18 à 35 ans dont le mandat sera de devenir une ambassadrice de Wemotaci. La candidate retenue devra savoir parler et écrire sa langue maternelle et nourrir de l’ambition pour la sauvegarde de la culture. Un spectacle suivra.
Le samedi, la grande entrée des danseurs se fera, dès midi. «Le tambour hôte vient de la Saskatchewan», annonce M. Chilton. Des invités de partout au Canada et même des États-Unis et de l’Europe défileront. On verra une grande danse mettant en vedette des adultes, des aînés et des enfants. «Il va y avoir quatre grandes entrées pendant la fin de semaine», précise M. Chilton.
On retrouve dans le Pow wow cette mission importante de préserver les traditions. Chants, danses, prières d’un aîné, chants intertribaux, démonstration de danse en équipe, seront à l’honneur toute la fin de semaine, ayant en filigrane les traditions autochtones. Un concours de chant traditionnel à débit très rapide sera aussi présenté. Le plus rapide sera le gagnant. Une prestation en danse de Gabriel Whiteduck, l’invité spécial du Pow wow, est aussi prévue.
Rapprocher les peuples
Les gens de La Tuque sont les bienvenus. «On souhaite qu’il y ait beaucoup de monde», espère Ayami Chilton. L’an dernier, l’événement avait repris vie, mais sous une forme édulcorée par les mesures sanitaires. «Je tenais à le faire. J’ai été étonné de la réponse des gens (…) Il y avait quand au-dessus de 1200 personnes qui sont venues. C’est un Pow wow qui était spécial, il a fait partie de notre histoire», note l’organisateur.
Pour Ayami Chilton, c’est une autre belle occasion de rapprocher les peuples. «À La Tuque, on est très près. On se côtoie, peut-être qu’on ne se parle pas assez souvent, mais on est à côté», signale M. Chilton, ajoutant qu’un logo a été créé pour le 25e.
Photos Alfred Biroté, Wemotaci