Chansonnier, philosophe et vagabond
ARTS. Pierre -Rochette est probablement un des ambassadeurs les plus fiers de sa ville natale. Il n’est pas celui qui fait le plus de bruit, mais il parle avec grande considération, autant de la ville que des gens qui y résident.
Il le confie d’entrée de jeu, -La -Tuque est la ville qui a nourri son rêve, très tôt dans sa vie. L’Écho a retrouvé celui qui, aujourd’hui, livre des conférences sur l’importance de réaliser ses rêves et d’aider les autres à le faire.
Ç’a commencé très tôt. « -Quand mon père avait fondé son poste de télévision, -RALT-TV, j’avais 12 ans. Il m’avait dit : j’ai un rêve. J’ai convaincu mon patron, -HR -Hillier, d’embarquer avec moi. On va faire venir de l’équipement des -États-Unis, on va être le premier poste de télévision sur câble au -Canada. Tu vas être caméraman. Quand mon père disait : j’ai un rêve, c’est que le rêve était plus grand que la réalité et la ville est devenue comme une boîte à chanson. Toute la ville s’est mise à faire des émissions », se remémore M. Rochette.
Comme dans les années 1920 alors que l’usine des -Brown avait acheté des instruments de musique pour un groupe de musiciens, -La -Tuque était devenue un symbole d’accès au rêve.
Une fois le poste de télé fermé, son père l’inscrit au -Collège à -Montréal. Pierre -Rochette accepte à la condition de former un groupe de musique. C’est là que sont nés les -Contretemps, un groupe qui a déjà remporté le prix du plus grand groupe folklorique en -Amérique du -Nord. Le groupe s’est rendu jusqu’au -Japon pour représenter le -Canada en 1970.
« -Ma vie a été de rêve en rêve. Je ne suis jamais parti de -La -Tuque intérieurement. La -Tuque, c’est là où j’ai appris à rêver », dit le philosophe.
Il rêve de vagabonder. Aller à la rencontre des gens. L’homme de 73 ans veut revenir faire son tour à -La -Tuque, pour le parfum de sa ville. « -Le lac -Saint-Louis, -donne-t-il en exemple, on ne peut pas réaliser comme ç’a été grand pour nous, les -Latuquois avec les 24 heures, -Monsieur (Gaston) -Fortin ».
«La -Tuque, c’est là où j’ai appris à rêver»
– Pierre -Rochette
Comme vagabond, il avoue s’être posé à plusieurs endroits, mais il n’a jamais vu ailleurs ce que -La -Tuque offrait : « C’est un trésor. 100 km d’un bord, 100 km de l’autre, entre deux montagnes, il fallait s’inventer un rêve si on voulait survivre. Si un jour je fais une conférence dans ma ville, c’est ce que je vais dire. Si j’ai fait la carrière que j’ai eue, c’est parce que ma ville m’a appris à rêver. »
M. Rochette a fait de la scène pendant 32 ans. Il l’a quittée au moment de chanter la quête de -Jacques -Brel. il a perçu son rêve de devenir philosophe « pour comprendre qu’on peut réunir tous les êtres humains sur la planète, si on prend soin du rêve de chacun ».
La chanson du -Camionneur
Pierre -Rochette a donné tous ses biens et est parti vagabonder « comme un philosophe chercheur ». Il veut alors que chacune de ses chansons raconte la vraie histoire, d’une vraie personne, qu’il a rencontrée.
C’est exactement de cette façon qu’il a écrit la chanson du -Camionneur, qui a récemment été reprise par -Fred -Pellerin. La chanson a été écrite au -lac-à-Beauce, au restaurant chez -Annick, là où il a croisé un camionneur, tôt le matin. « -Un jeune camionneur est là, il parle fort, il parle tout seul. Il raconte ce qu’il ferait avec son marteau pour sa compagne. Je vais le voir et je lui dis : un jour je vais écrire une chanson plus belle que -La -Manic de -Georges -Dor, avec les mots que j’ai entendus de ta bouche », évoque le -Latuquois.
De savoir que -Fred -Pellerin a repris sa chanson lui a fait un velours, veut, veut pas. Mais comme il n’écoute pas la télévision, occupé à des études universitaires, -Pierre -Rochette ne savait pas vraiment qui était -Fred -Pellerin au moment où il a su qu’il voulait reproduire sa chanson dont il apprécie l’interprétation.
Les 2 Pierrots
Pour ceux qui ne le savaient pas, la boîte à spectacles les 2 -Pierrots de -Montréal a été nommée en l’honneur de -Pierre -Rochette et en celui d’un autre chansonnier, -Pierre -avid. Les deux hommes y ont souvent poussé la note et ont même contribué à sa mise sur pied. C’était à l’époque où M. Rochette travaillait à temps plein dans la musique : il a fait 32 ans de carrière, avec 250 spectacles par année.
» -Les 2 -Pierrots, c’était la ville de -La -Tuque en boîte à chanson « , -image-t-il. La boîte, -rappelle-t-il, a duré 47 ans, attiré des gens de partout et a constitué le symbole de la joie de vivre au -Québec.
Conférencier
Pierre -Rochette se définit comme un » vagabond céleste, une sorte de philosophe « .
Il s’est instruit de la culture des grands philosophes en quête de ce qui pouvait soulager la condition humaine. » J’avais cette -culture-là. J’avais en même temps -Kirouac, qui avait été clochard céleste (…) C’est venu d’un débris de la mémoire du cœur. À -La -Tuque, quand j’avais trois ans, on avait le train qui passait devant la rue -Gouin. J’ai vu deux hobos sauter en bas du train. J’ai dit : ça, ça va être moi. Surtout que mon -grand-père -Lefebvre travaillait sur le train et accueillait chez lui des hobos avec un banc de quêteux « .
On sent chez lui le désir de soulager les gens surtout en cette période -post-pandémique. Après la fin de sa carrière de musicien, -Pierre -Rochette est entré dans une phase d’anonymat, où on le voyait moins publiquement.
Depuis peu, il livre des conférences où il exprime, avec humilité, l’importance de la bienveillance face au rêve de tous les humains. » -Je dis souvent aux parents : ne prenez pas soin de vos enfants. Prenez soin du rêve de vos enfants. Vous allez vous sentir grandis « . Selon lui, il n’y a pas d’âge pour rêver ni pour soutenir ses proches dans la conquête de leurs rêves de vie.
» -Pierre -Rochette est un poète philosophe doté d’une grande humanité, mais également un homme qui a trouvé la lumière dans un monde trop souvent assombri par la conquête de biens matériels « , -peut-on lire sur le site web de la firme -Orizon, qui produit ses conférences.
Quel est le rêve des gens, dans combien de jours -pensent-ils y arriver, ce qu’ils ont fait pour leur rêve aujourd’hui et comment le rêve -prend-il soin de la beauté du monde, voilà autant de questions qui font l’objet d’une de ses conférences.
Depuis 15 ans, il travaille avec un groupe de recherches » les rêveurs équitables « , avec qui il a entrepris un doctorat en métaphysique.
S’il dit avoir raté son -rendez-vous avec sa ville, ce n’est que partie remise. il se promet bien d’y revenir soit pour prononcer une conférence ou encore simplement pour serrer la pince des -Latuquois.
» J’ai vagabondé à -La -Tuque aussi. Pourquoi ? -Parce que dans ma ville, il y a toute la poésie de ma vie « , -conclut-il.