CIUSSS: l’utilisation d’aides de service dénoncée par les préposés aux bénéficiaires
SANTÉ. Les relations de travail sont tendues au CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec entre la partie patronale et le Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et de métiers, tandis que les préposés aux bénéficiaires dénoncent l’utilisation d’aides de service pour réaliser certaines tâches dévolues aux préposés. Le syndicat estime que l’administration du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la région cesse de communiquer avec les préposés aux bénéficiaires dans le cadre d’attribution d’heures supplémentaires et de faire appel aux aides de service dans un simple but d’économiser. Malgré que la partie patronale affirme avoir effectué de très nombreux appels au cours des quatre dernières semaines pour l’attribution d’heures supplémentaires volontaires, le président du syndicat, Pascal Bastarache, soutient que les appels ont totalement cessé. «Cette décision est purement économique. Ça permet au CIUSSS de diminuer de neuf millions de dollars pour notre catégorie d’emploi», soulève-t-il. Le syndicat s’inquiète également des soins qui ne peuvent être fournis par les aides de service et qui sont inclus dans la formation des préposés aux bénéficiaires, dont la réanimation cardiorespiratoire, le secourisme général et le déplacement sécuritaire des personnes. «Les aides de service ont leurs limites, poursuit Loraine Dugas, vice-présidente de la CSN-Conseil général du cœur du Québec. Ça les met en danger parce que dans des cas exceptionnels, les aides de service pourraient avoir à intervenir vite. Dans un tel cas, peut-être poseront-ils un geste qui n’est pas autorisé. Ils s’exposeraient alors à des poursuites ou des mesures disciplinaires.» Un danger pour les usagers Le président du syndicat va encore plus loin: l’utilisation des aides de service pourrait entraîner un danger pour les usagers. Au CIUSSS, on nous explique que les tâches des aides de service ont été bien déterminées, de sorte que certaines tâches leur sont interdites. «On retrouve des aides de service en forte proportion dans l’hébergement, mais aussi en milieu hospitalier. L’aide de service doit être accompagné par un préposé aux bénéficiaires. Il peut, par exemple, raser des barbes avec un rasoir électrique, vider des poches de linge, désinfecter de l’équipement, transporter du matériel d’une unité à l’autre, soutenir l’alimentation lors des périodes de repas ou encore répondre aux cloches d’appel», explique Julie St-Onge, directrice des soins infirmiers au CIUSSSMCQ. Toutefois, la surveillance des mesures d’isolement, la prise de poids des usagers et l’installation ou le retrait d’appareils auditifs leur sont proscrits. Il en va de même pour la manipulation de l’oxygène et des moniteurs cardiaques du côté de l’hôpital. Le syndicat assure que cette mesure crée une surcharge de travail puisque l’aide de service ne peut effectuer toutes les mêmes tâches qu’un préposé aux bénéficiaires, faisant en sorte que ce dernier doit compenser pour le reste des tâches. «Il faut rectifier ces propos» «Il faut rectifier ces propos. On nous dit que les aides de service viennent nuire et que ça va brimer les préposés aux bénéficiaires sur le temps supplémentaire…quand on nous dit de trouver des solutions au temps supplémentaire. L’aide de service est là pour donner de l’air aux préposés aux bénéficiaires», lance Louis Brunelle, directeur des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques au CIUSSSMCQ. À l’heure actuelle, on compterait 125 aides de service pour 2500 préposés aux bénéficiaires à travers les établissements du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Les aides de service seraient des étudiants dans le domaine des soins et qui pourraient devenir de futurs employés du CIUSSS. Leur rôle est de venir combler le besoin de personnel, un besoin encore plus criant à l’été en raison des vacances. «Ça ne remplace pas les préposés aux bénéficiaires, plaide Louis Brunelle. Les aides de service supportent les équipes de travail. C’est faux que ça brime les préposés aux bénéficiaires. Les aides de services travaillent sur une garantie de travail de sept jours sur quatorze.» Toutefois, du côté syndical, on remet en doute les critères de sélection des aides de service. «Dans le contrat d’embauche, on demande un secondaire 5 ou une équivalence. On peut se poser la question: viennent-ils tous d’une cohorte d’étudiants en soins», questionne Mme Dugas. L’utilisation d’aides de service n’est pas exclusive à la Mauricie/Centre-du-Québec. Plusieurs autres régions font appel à leurs services. Formation intensive Le Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et de métiers du CIUSSS est d’avis qu’en dépit de la pénurie de préposés aux bénéficiaires qui sévit présentement en Mauricie et au Centre-du-Québec, d’autres avenues existent pour trouver une solution. Le syndicat propose de miser sur le projet pilote de formation intensive en collaboration avec l’école de formation Bel-Avenir qui s’est conclu de façon positive. «Notre priorité est l’embauche de préposés aux bénéficiaires», affirme le directeur des ressources humaines qui se réjouit également des bénéfices apportées par la formation intensive qui a permis de former une vingtaine de préposés en six mois. «On discute avec les maisons d’enseignement pour relancer une cohorte. Elles veulent aussi lancer des cohortes régulières, donc on est à regarder ça», ajoute-t-il. Un double discours? Cela fait plusieurs mois que des préposés aux bénéficiaires du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec et leur syndicat lancent un cri du cœur, se disant à bout de souffle ou encore dénonçant les conditions de travail. Malgré tout, ils sont plusieurs à vouloir effectuer du temps supplémentaire volontaire. «On ne parle pas de temps supplémentaire obligatoire, mais de temps supplémentaire volontaire. C’est selon si la personne se sent apte à travailler sur le plancher, précise M. Bastarache. Si on continue de faire autant appel à des aides de service, les préposés seront constamment en surcharge de travail. Mais il y a des préposés qui sont disponibles malgré tout.» «Ce n’est pas tout le monde qui veut faire du temps supplémentaire. C’est peut-être une minorité. Cependant, on a des personnes qui veulent volontairement travailler dans des conditions acceptables, avec le temps de prendre des pauses», conclut-il.