Deux fusions… deux réalités différentes

LA TUQUE.  L’année 2023 marque l’anniversaire de deux événements importants dans le paysage politique latuquois. D’une part, il y a 30 ans, on annonçait la fusion entre la Haute-Mauricie et La Tuque qui a été décidée par la population, et d’autre part, on assistait il y a 20 ans aux fusions municipales forcées mises de l’avant par le Parti québécois tout juste avant les élections provinciales. Deux fusions, mais deux réalités différentes.

Yves Tousignant a été un observateur important de ces deux moments d’histoire pour La Tuque. Il y a 30 ans, il était le secrétaire-trésorier de la municipalité de la Haute-Mauricie qui comptait alors plus de 3200 âmes. En 2003, il y a 20 ans, il était le greffier de Ville de La Tuque.

D’un autre côté, Réjean Gaudreault était le maire de la Haute-Mauricie pour la fusion avec La Tuque, alors qu’il allait devenir maire de la nouvelle grande ville de La Tuque après cette fusion forcée de 2003.

C’est le 2 septembre 1972 que la municipalité de la Haute-Mauricie a été créée après que Ville de La Tuque eut refusé d’en faire l’annexion. Le premier maire a été Guy Veilleux de février 1979 à décembre 1984. Raynald Frigon a pris la relève de janvier 1985 à la mi-février 1985. Réjean Gaudreault a été élu maire à ce moment, jusqu’au 25 août 1993, date de la fusion. « Ce qui était intéressant pour La Tuque de nous avoir, ça agrandissait la ville, et ça grossissait la population parce que plusieurs jeunes familles choisissaient la Haute-Mauricie », se rappelle M. Gaudreault. 

« Gaston Fortin était le maire de La Tuque à l’époque, et la seule condition de la Haute-Mauricie pour la fusion c’était que la décision se prenne par voie référendaire », précise Yves Tousignant.

« J’aurais pu décider de la fusion ou non avec La Tuque parce qu’il y avait trois conseillers pour, et trois conseillers contre, j’aurais pu décider de dire non et que ça prenne des années avant qu’une fusion revienne dans les discussions. Ce n’était pas mon genre d’imposer la décision, c’est pourquoi on est allé vers un référendum, et la fusion est passée à 60% des votes », ajoute le maire de l’époque.

Est-ce qu’il y avait un risque pour la Haute-Mauricie pour la fusion? « Qu’on donne un plus gros pouvoir d’emprunt à La Tuque et qu’on ne reçoive pas de service », tranche M. Gaudreault. 

« Par exemple, un des pires chemins en Mauricie est le Contour du Lac-à-Beauce, et dans le temps de la Haute-Mauricie, c’était une priorité. Le parc des chutes, c’est avec la Haute-Mauricie qu’il s’est développé, et maintenant c’est un bel héritage pour La Tuque », ajoute M. Tousignant.

Après cette fusion selon le décret, ce dernier devenait le directeur général adjoint de la nouvelle Ville de La Tuque fusionnée. Le directeur général était Clément Soriol. Puis, à compter de 1995, M. Tousignant à été le greffier jusqu’en 2006, avant de devenir directeur général. La première élection de la nouvelle ville s’est déroulée à la fin de l’année 1993, élection remportée par Gaston Fortin. « J’étais candidat, mais je savais que mes chances étaient minces à cause de la population », affirme M. Gaudreault.

La fusion forcée de 2003

Alors qu’il était greffier municipal en 2003, Yves Tousignant se souvient qu’il était seulement question de fusionner La Croche et La Bostonnais avec La Tuque au départ. « Le gouvernement nous disait que tant qu’à former une nouvelle MRC, on était aussi bien d’inclure Lac-Édouard et Parent. Ça pressait parce que les élections provinciales arrivaient, c’était en avril 2003. Le PQ annonçait les fusions municipales avant l’élection, et le Parti libéral avec Jean Charest promettait un référendum pour les défusions. Il n’y a eu aucune grande consultation avec la population parce que ça pressait. Ça été une des dernières décisions du gouvernement de Bernard Landry en mars 2003 avant l’élection d’avril. »

C’est au printemps 2004 que les référendums sur les défusions ont été mis en place, et il y en a eu quatre pour le grand La Tuque : à La Bostonnais, Lac-Édouard, Parent et La Croche, avec le résultat que l’on connaît.

« Je me souviens comment le référendum sur les défusions a pu être émotif, ajoute M. Gaudreault qui était alors le maire de la nouvelle grande ville. Personnellement, j’aurais mieux aimé que Parent défusionne, et même que Parent n’aurait jamais dû être fusionné avec La Tuque au départ. Imaginez la richesse foncière de Parent avec tous les chalets qu’il y a sur son territoire! »

« Tant qu’à moi, la fusion de 2003 a été une erreur parce que notre territoire était trop vaste », conclut M. Tousignant.