«Devoir se cacher pour respirer?». Un enfant pose la question.
Caroline Blais est au bout du rouleau. Elle retire officiellement son enfant de l’École Centrale de La Tuque pour le reste de l’année en cours. Les mesures sanitaires imposées aux enfants du primaire et à son fils de huit ans vont trop loin et nuisent à son développement.
Tellement à bout qu’elle a envoyé une lettre au premier ministre du Québec et à plusieurs médias. Forcer son garçon de huit ans à aller à l’école en portant un masque toute la journée et cinq jours semaine a été la goutte qui a fait déborder le vase pour Mme Blais et son conjoint.
«C’est un peu inhumain et excessif en ce moment… avec les chaleurs qui s’installent», déplore-t-elle.
Son fils, Zedden, lui demande un jour «Maman, à l’école, est-ce que je vais avoir le droit de me cacher pour respirer de temps en temps?» C’en était trop pour Caroline Blais et son conjoint qui feront dorénavant l’École à la maison. C’est d’autant plus triste que leur fils aime l’école, ses enseignants et ses amis aussi.
Peu lui importe que le gouvernement ait décidé de mettre ces mesures en place, pour protéger à la fois les enfants, le personnel scolaire et leurs familles.
«On comprend qu’il faut qu’il y ait des mesures en place, ajoute-t-elle. Je suis moi-même une personne immunosupprimée à risque élevé.» Elle respecte à la lettre toutes les mesures sanitaires imposées. Mais Mme Blais craint que ne s’installe un climat de peur chez les enfants. «On voit des enfants de la maternelle qui se demandent pourquoi ils n’en portent pas» de masques. Elle nous parle du stress que vivent les enfants, du fait que leur vie est déjà bouleversée et qu’ils ne voient pas la fin de la pandémie.
«Les gens ont peur de parler de peur d’être jugés et d’être mis dans la catégorie des complotistes, explique Caroline Blais. On a des inquiétudes face à nos enfants qu’on voit perdre leur motivation, leur sport, leurs amis, leur fête. Quel impact cela va avoir à long terme?»
Protéger la santé psychologique au détriment de la santé physique?
C’est la question qui brûle les lèvres de nombreux parents, de la Santé publique et de la population en général. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles? «C’est quelque chose que je comprends très bien. Mais c’est l’inquiétude qu’on leur inflige en ne fermant pas les écoles.»
Mme Blais préfèrerait que les écoles soient simplement fermées durant la pandémie. «Tant qu’à faire peur aux enfants, à les déstabiliser, pourquoi on n’est pas retournés en mode école à la maison tout simplement?».
Elle écrit ceci au premier ministre du Québec: «Si la situation est si sérieuse, fermez les écoles, lancez des cours en ligne, mais NE sacrifiez pas la santé et le futur de nos enfants. En imposant le resserrement des mesures sanitaires dans nos écoles, vous condamnez la santé physique et mentale de nos jeunes! J’ai décroché quand mon fils de 8 ans m’a demandé s’il pourrait aller se cacher pour respirer de temps en temps.»
Il est évident que le couple devra faire des sacrifices pour garder leur fils à la maison. Ils sont très occupés tous les deux. Mme Blais est directrice générale d’une entreprise de transport collectif et son conjoint dirige sa propre compagnie de messagerie. «Ce sera d’incorporer ça à nos horaires. Il va faire quoi le reste du temps, comment va-t-on s’organiser?» Un jour à la fois. Par chance, Mme Blais est pour l’heure en mode télétravail. «Il va falloir être imaginatif et son père va l’amener un peu avec lui. On se dit que c’est pour une courte période, encore trois mois presque. Et ça nous fera une bonne pratique pour septembre si les mesures n’ont pas changé», dit-elle.
L’école à la maison au jour 1
Le duo de parents devra suivre tous les protocoles du Guide d’apprentissage.
«On attend la documentation, on va mettre ça en place. J’en ai discuté avec des familles qui le font déjà, voir combien d’heures on met par semaine, comment c’est perçu par les enfants».
Elle sait qu’il y a un groupe d’enfants à La Tuque qui font l’école à la maison depuis mars. «Ça se fait on me dit, en une heure ou deux par jour. L’inquiétude, c’est ce qu’on lui enlève. C’est l’isolement. L’enjeu est là», ajoute Mme Blais.
Sinon beaucoup de parents feraient le choix de l’école à la maison, dit-elle. «Il n’y a pas de situation idéale. C’est quand même lourd, on est même prêts à envisager de fermer notre entreprise de messagerie. On fonce tête première, et après on va s’ajuster.»