Elle vise une meilleure concertation dans les services aux immigrants
Chrystelle Jabrane est entrée en poste en septembre à titre de chargée de projet du Pôle régional d’accueil, d’intégration et de rétention des personnes immigrantes.
Depuis son arrivée à Trois-Rivières il y a 15 ans, Mme Jabrane a particulièrement travaillé dans le milieu communautaire où elle accompagnait des familles immigrantes dans différents milieux. Le développement de projets en concertation avec des partenaires a toujours fait partie de son parcours professionnel.
Elle compte mettre en pratique toute cette expérience pour rassembler les acteurs de la Mauricie qui sont financés par le Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
Une première rencontre réunissant les trois Services d’accueil aux nouveaux arrivants (SANA), la ressource de coordination à l’accueil et à l’intégration de nouveaux arrivants de Mékinac, Stratégie Carrière, un représentant de chaque ville ou MRC et un conseiller régional a eu lieu récemment.
« Le but de cette première rencontre était simplement de se rencontrer. Il y avait peu de concertation régionale entre les organismes et ressources, mais je constate une ouverture de leur part pour le faire davantage, souligne Chrystelle Jabrane. Il faut les accompagner dans ce qui est à venir, notamment en créant des outils de sensibilisation et d’accompagnement. Ce sera aussi mon rôle de faire rayonner les initiatives locales et les bons coups à travers la région pour voir s’ils peuvent être implantés dans un autre milieu de la Mauricie. »
Elle espère, entre autres, mettre en lien les différents SANA avec des organismes du territoire qui ont besoin d’accompagnement et d’outils pour desservir les personnes immigrantes. Elle cite en exemple une mère congolaise qui est arrivée il y a un certain temps et qui voudrait s’intégrer davantage dans la communauté ou qui souhaiterait fréquenter une Maison des familles. « Les SANA ont l’expertise pour aider les autres organismes s’outiller et à bien accueillir les personnes immigrantes », ajoute-t-elle.
Déjà des mains levées
« On doit d’abord identifier les besoins non comblés et outiller les partenaires. Ça nous permettra de cerner les creux de services également », note-t-elle. Un sondage sera d’ailleurs envoyé aux organismes communautaires afin de connaître leurs besoins.
Le Pôle lancera des appels de projets dans les prochains mois et accompagnera aussi les organismes dans l’organisation d’événements commémoratifs et de rapprochement interculturel. Trois moments forts ont été identifiés par le MIFI, soit la Semaine québécoise des rencontres interculturelles en novembre, le Mois de l’histoire des Noirs en février, ainsi que la Semaine d’actions contre le racisme en mars. « Notre rôle sera de diffuser les activités organisées dans la région pour ces occasions et soutenir les organismes non financés qui voudraient en organiser », précise la chargée de projets.
Un accompagnement est déjà prévu avec Moisson Mauricie/Centre-du-Québec. L’organisme identifie un enjeu en ce qui concerne l’accueil des personnes immigrantes. L’objectif sera d’outiller les gens dans les points de distribution pour améliorer l’accueil des personnes immigrantes.
« Par exemple, une mère africaine ne saura peut-être pas quoi faire avec des conserves. Aussi, beaucoup de travailleurs temporaires saisonniers envoient tout l’argent qu’ils gagnent à leur famille dans leur pays et se retrouvent ici en situation de précarité et n’ont plus assez d’argent pour se nourrir », explique Chrystelle Jabrane.
Cinq organismes œuvrant en alphabétisation ont aussi levé la main pour être accompagnés.
Des réalités différentes à travers le territoire
Chrystelle Jabrane constate déjà que le type d’immigration varie d’une MRC à l’autre. Par exemple, Trois-Rivières accueille plus de réfugiés qu’ailleurs dans la région, tandis qu’à Shawinigan, on retrouve davantage d’immigration économique. Du côté de Maskinongé, il y a beaucoup d’immigrants qui sont travailleurs temporaires, une réalité qui se remarque aussi dans les MRC de Mékinac et des Chenaux.
« L’un des grands enjeux se situe au niveau de l’emploi, notamment tout l’aspect de sensibilisation des collègues, des clients, des ressources humaines, des employeurs, etc. C’est important de sensibiliser les entreprises sur ce qu’est une personne immigrante et les différents statuts d’immigration. On parle beaucoup de faire appel à des travailleurs immigrants temporaires pour combler les besoins de la pénurie de main-d’œuvre, mais ce sont des personnes à part entière qui viennent avec un passé et qui, pour plusieurs, laissent leur famille pendant un temps. Il n’est pas rare que les travailleurs temporaires saisonniers soient en mode survie ici », indique Mme Jabrane.
« Des services se développent dans la région pour eux, poursuit-elle, mais il faut être conscient qu’ils peuvent vivre de la détresse et être à l’écoute. Du côté des réfugiés, il y en a qui étaient peut-être déjà analphabètes dans leur langue maternelle. Je pense à un menuisier syrien qui concevait des meubles pour des palais, mais une fois ici, l’apprentissage du français était pénible et lire des plans était trop compliqué. C’est un cas où l’entreprise qui le forme doit avoir une ouverture d’esprit et comprendre sa situation. »
Le Pôle régional d’accueil, d’intégration et de rétention des personnes immigrantes dispose d’une enveloppe de 750 000$ sur trois ans pour soutenir des projets et des initiatives régionales qui touchent sa mission.
Parmi les autres partenaires majeurs, on compte les Services d’accueil aux nouveaux arrivants, les villes et MRC de la Mauricie, Stratégie Carrière, Carrefour Jeunesse Emploi, Moisson Mauricie/Centre-du-Québec, les organismes d’Alphabétisation et les Maisons des familles.