Hydroélectricité : Pessamit et Wemotaci s’unissent pour réclamer des compensations
COMPENSATION. Les Innus de Pessamit et les Atikamekw de Wemotaci viennent d’annoncer leur association «pour mettre fin à la mainmise du gouvernement du Québec et d’Hydro-Québec sur leurs territoires traditionnels».
Ils demandent d’importantes compensations financières pour les ouvrages de production, les réservoirs et les lignes de transmission d’électricité, qui, disent-ils, ont été aménagés sans leur consentement.
En toile de fond, l’important projet de ligne de transport d’électricité passant par l’état du Maine, vers le Massachusetts, un projet qu’ils menacent de faire dérailler s’ils n’obtiennent pas satisfaction. Mais les dossiers des rénovations des centrales de Rapide-Blanc et éventuellement de celle de la Trenche prennent le pas au niveau régional.
En conférence de presse, les Innus et les Atikamekw ont mentionné qu’actuellement 36% de la puissance hydroélectrique totale installée par Hydro-Québec provient des territoires traditionnels Innu, Atikamekw et Anishnabeg.
Ces territoires, soutiennent-ils, sont protégés par des droits ancestraux et issus de traités. Ces droits n’ont pourtant jamais été respectés, tiennent-ils toutefois à faire remarquer.
«Au total, 33 ouvrages de production, 130 barrages et digues, 10 400 km2 de réservoirs, des dizaines de milliers de kilomètres de lignes de transport, de distribution et de routes, y ont été illicitement mis en place. Ces infrastructures sont toujours opérées par Hydro-Québec à l’encontre des droits reconnus par la Loi constitutionnelle de 1982 et de la jurisprudence émanant de la Cour suprême du Canada. C’est ainsi que nos Premières Nations ont permis au Québec de s’industrialiser et à la majorité de ses citoyens d’accéder à une meilleure qualité de vie, alors que les indicateurs de bien-être pour nos communautés sont comparables à ceux de pays du tiers-monde», font valoir les deux nations.
Rien pendant 83 ans
«On veut aller s’imposer dans cela pour dire aux gens qu’Hydro-Québec n’est pas un bon citoyen d’entreprise avec les Premières nations. Rapide-Blanc a 83 ans et nous on n’a rien eu pendant 83 ans, sauf à en subir les conséquences et ce n’est pas vrai qu’on va laisser passer les rénovations des barrages (Rapide-Blanc et La Trenche). On veut en être partie prenante», lance le conseiller de Wemotaci, Guy Laloche, en entrevue avec L’Écho de La Tuque.
Comme ils l’avaient mentionné à l’occasion de leur manifestation du 23 juin devant la centrale Rapide-Blanc, les Atikamekw veulent une entente avec Hydro-Québec. «On veut une table Wemotaci-Hydro-Québec. On ne veut pas passer par le CNA», poursuit M. Laloche.
Cet aspect, selon lui, ne fait aucunement partie d’une négociation globale territoriale avec le gouvernement du Québec : «Hydro, son réflexe, quand il voit arriver les Atikamekw, dit : ce n’est pas à cette table-ci qu’on discute des préjudices du passé ou des centrales à être rénovées».
Il déplore l’isolement et la pauvreté qui sévissent Wemotaci et les jeunes qui ne parviennent pas à intégrer le marché du travail.
Outre un accusé de réception et quelques sorties dans les médias, les Atikamekw n’ont pas vraiment eu de réponse à leur intervention du 23 juin. Ils souhaitent continuer leurs démarches pour que leurs droits soient respectés.
Le gouvernement Legault n’impressionne pas les Atikamekw. «Autant le gouvernement Legault qu’Hydro-Québec, ils ont des oreilles attentives. Ils ont de belles paroles. S’ils les mettaient en action, on ne serait pas là aujourd’hui, on ne serait pas dans la pauvreté», martèle le conseiller Laloche.
Quant aux compensations espérées par les Atikamekw, il y a beaucoup de possibilités. «Il y a des ententes avec des emplois, de la formation et des montants d’argent, dépendant de l’ampleur de la centrale», évalue M. Laloche.
«Qu’Hydro-Québec arrête de s’entêter à payer des avocats pour essayer de contrer les décisions de la Cour suprême. C’est de l’argent gaspillé. Un jour ou l’autre, il va falloir qu’ils se plient à cette réalité. Ces territoires-là, ça n’a jamais été cédé», adresse le conseiller.
« L’heure est maintenant arrivée pour nos deux communautés d’opposer une résistance concertée à ce qui est moralement, légalement et constitutionnellement indéfendable, ont-ils déclaré. Nous avons l’intention de nous en prendre directement aux revenus que le gouvernement et Hydro-Québec prévoient générer avec leur projet de faire passer une ligne de haute tension, d’une capacité de 1200 MW, vers le Nord-Est des États-Unis», ont également affirmé les chefs.
Ils affirment qu’Hydro-Québec n’a pas la légitimité de vendre de l’électricité aux États-Unis alors que «13 200 MW, soit 36% de la puissance installée au Québec sur un total de 36 700 MW, a été usurpée aux dites Premières Nations».