Jacques Fortin, éternel bénévole
BÉNÉVOLAT. Jacques Fortin n’est pas homme à aimer se faire lancer des fleurs. Quand on lui propose de souligner son parcours bénévole dans les pages de l‘Écho, il mentionne aussitôt que d’autres méritent des honneurs et fournit même des noms. Aussi, une vie de bénévolat est difficile à résumer en quelques lignes.
Il fait la démonstration de ce qu’est le bénévolat : servir les autres sans nécessairement soutirer des hommages.
Pourtant, M. Fortin trempe dans le bénévolat depuis son tout jeune âge, il y a une soixantaine d’années. C’est inscrit dans son ADN. À travers la vie familiale et la carrière, il a toujours pris soin de laisser une place aux causes qui lui tenaient à coeur.
Jeune adulte, alors qu’il est à l’emploi de son frère Gaston dans la mercerie qu’il avait ouverte au centre-ville, il plonge dans l’aventure des 24 heures de nage, au lac Saint-Louis. Gaston venait d’acheter l’édifice 0-100-20 (aujourd’hui le Centre Sakihikan) et voulait faire connaître l’amphithéâtre naturel.
Le nageur Réjean Lacoursière, qui était un des fournisseurs de chemises de Gaston Fortin, lui suggère d’amener trois autres nageurs, pour créer un événement de nage à La Tuque.
La «huitaine sportive» avait été mise sur pied. Les huit jours d’activités impliquaient des disciplines comme la course à pied, le souque à la corde et se concluaient par les 24 heures de nage. La belle aventure des 24 heures de La Tuque s’est poursuivie jusqu’en 1981.
Pendant la parade des 24 heures de nage de La Tuque, du haut de son char allégorique, cet ancien propriétaire de la Tabagie Fortin (face à l’école Centrale) était très attendu par les enfants à qui il lançait des gommes Bazooka, tout au long du parcours. «Le roi de la gomme balloune» pouvait lancer jusqu’à 20 000 gommes par parade.
Il a même vécu à nouveau cette expérience lors de la parade du centenaire de la ville, en 2011, dont il était membre du comité organisateur.
La création de la Chambre de commerce
Par la suite, Jacques Fortin s’est impliqué au sein de l’Association des hommes d’affaires de La Tuque organisant des parades de Noël, de même que la vente trottoir du centre-ville.
Déjà, un des combats de l’association était le prix de l’essence très élevé. Un comité travaillait pour faire reconnaître La Tuque comme zone semi-périphérique.
«Joffre Pilon était venu me voir avec Roger Duchesneau, pour que l’Association des hommes d’affaires devienne la Chambre de commerce. Roger Duchesneau en a été le premier président, de 1983 à 1985; M. Fortin a occupé ce poste en 1986-1987.
L’organisme de pression tenait ses membres informés sur plusieurs importants dossiers régionaux, via de populaires déjeuners hebdomadaires.
Du temps consacré aux autres
Pour la Croix-Rouge, il se souvient avoir organisé une parade de mode, à la salle Agora de l’école Champagnat, laquelle était animée par Danielle Ouimet.
Par la suite, des problèmes de santé l’ont amené à consacrer du temps à la Fondation des maladies du cœur : «Je me suis dit que je devais beaucoup à la Fondation des maladies du cœur. C’est là que j’ai commencé à organiser différentes choses, la Loto du cœur, les patins du cœur, la marche du cœur, les kiosques aux Galeries». On raconte qu’il a réussi à amasser 300 000$ pour la cause du cœur depuis les années 90.
La pétanque
Avec l’ancien maire André Duchesneau, il rêve d’un festival d’été à La Tuque. Pourquoi pas la pétanque ? Le premier président du Festival de pétanque était Harold O’Farrell et l’événement était présenté pour une toute première fois au centre-ville, puis dans la cour de l’école Centrale. Ça a été bon, le festival, il y avait 3000 personnes», se souvient M. Fortin. On l’a déménagé par la suite à la terrasse Saint-Maurice. La première année avait été ambitieuse, avec la présentation du spectacle Claude Dubois au Colisée municipal. S’en est suivi un manque à gagner de 24 000$. Qu’à cela ne tienne, l’organisation prouve son sérieux en renflouant ce déficit au cours des années qui ont suivi.
Pendant 38 ans, Jacques Fortin tient les rênes du tournoi de pétanque du Camping La Tuque, un élément incontournable de la programmation estivale. Chaque année, 250 personnes venaient y lancer des boules.
Jusqu’à l’an dernier, le Minuit chrétien à l’église Saint-Zéphirin, c’était l’affaire de Jacques Fortin. Sa forte voix résonnait à la messe de minuit depuis 1965. Il a aussi uni sa voix au groupe vocal Brise du nord, au choeur des aînés à la chorale de l’église Saint-Zéphirin dont il est encore membre.
Cet ancien président du club Rotary en a été membre pendant une dizaine d’années. Un certain moment, on a compté entre 40 et 50 Rotariens, selon les dires de celui qui est toujours membre des Chevaliers de Colomb.
Au niveau professionnel, après avoir possédé sa tabagie pendant 9 ans, il a été agent des produits Loto Québec pour la Mauricie pendant trois ans, après quoi il est devenu agent de la brasserie O’Keefe (puis, Molson-O’Keefe) à La Tuque. M. Fortin a pris sa retraite il y a 21 ans.
«J’ai toujours adoré faire du bénévolat, rencontrer des gens. Le bénévolat, ça nous valorise beaucoup», dit sans équivoque celui à qui on a remis le titre de Grand Volare, en 2012 pour l’ensemble de son œuvre bénévole.
L’homme de 81 ans en fait moins aujourd’hui. Par contre, il apprécie voir des plus jeunes prendre la relève et s’impliquer, pour faire en sorte que de futurs Jacques Fortin puissent, eux aussi, aussi animer la ville à leur tour.