L’Atikamekw langue autochtone la plus vivante
LANGUE. Le journal le Devoir a récemment fait paraître un article portant sur les langue autochtone, dans lequel il ressortait que la langue Atikamek était décrite comme «la plus vivante au Canada».
En toile de fond, le fait que plusieurs des langues parlées par l’une ou l’autre des 11 nations autochtones du Québec sont «sur la voie rapide de l’extinction».
Le chef d’Opitciwan, Christian Awashish, confirme que l’atikamekw est une langue bien vivante, mais la francisation touche sa communauté, surtout les jeunes.
«La langue se maintient tant bien que mal. Je ne dis pas qu’on n’est pas à l’abri. Une étude du CNA dit que les aînés maîtrisent très bien la langue atikamekw; les 50 ans, un peu moins même s’ils la possèdent quand même bien, mais les jeunes francisent beaucoup la langue. Ils utilisent plus du jargon atikamekw transformé. On n’a rien pour la maintenir, même si au Centre de la petite enfance, ou dans les maisons, les enfants parlent uniquement l’atikamekw», raconte M. Awashish.
Des cours en atikamek au secondaire
Selon Pascal Sasseville-Quoquochi, directeur de l’école secondaire Nikanik de Wemotaci, l’enseignement y est dispensé de façon générale en français. Ça se fait d’ailleurs à partir de la troisième année du primaire. Par contre, depuis trois ans, des cours de langue atikamekw sont donnés à tous les élèves de Nikanik. «Mais l’enseignement se fait un peu à tâtons», admet M. Quoquochi, faute de programme formel.
Ça va changer. À partir de l’an prochain, un programme d’enseignement de l’atikamekw sera officiellement offert à l’école Nikanik pour les 110 élèves. Cette année, on travaille à sa création. Des cours seront bientôt donnés à tous les pédagogues de niveau primaire et secondaire, afin qu’ils soient en mesure de l’enseigner de façon encadrée. On travaillera notamment sur l’orthographe et la syntaxe.
D’ailleurs, une mise à jour du programme d’enseignement de la langue Atikamekw au niveau primaire a été effectuée l’an dernier.
Pas de balises écrites
De génération en génération, la langue atikamekw a toujours été transmises de façon orale. Voilà pourquoi on ne sait pas toujours comment l’écrire correctement. Depuis une quinzaine d’années, des linguistes travaillent sur les règles qui régissent la langue.
Constat : La langue Atikameks se perd à petit feu. Comme plusieurs, Pascal Sasseville-Quoquochi estime que le mode de vie des Atikamekw, passé de nomade à sédentaire, y est pour quelque chose.
«Les aînés ont vécu le mode de vie nomade, alors que les jeunes ne l’ont pas vécu. Quand on est en mode de vie nomade, il y a toutes les activités en lien avec le nomadisme qui sont associés à des termes spécifiques. Les jeunes ont pas vécu ce mode de vie, alors ils ne connaissent pas ces termes», considère Pascal Sasseville-Quoquochi.
Comme deuxième élément, l’atikamekw se transforme, comme le font toutes les langues du monde avec le langage populaire. Il n’est pas rare de voir de nouvelles formulations être créées sur Facebook, avec notamment des abréviations de termes qui deviennent monnaie courante, pour aller plus rapidement dans l’écriture.