Logement : évictions multiples et insécurité chez des Atikamekw
LOGEMENT. Le Conseil de la nation atikamekw (CNA) et le Centre d’amitié autochtone de La Tuque (CAALT) ont vivement réagi à l’éviction d’une dizaine de familles autochtones de La Tuque d’un immeuble de 24 logements, cette semaine.
Une situation qualifiée d’inquiétante par le CNA. « Pour des motifs qui restent à préciser, un propriétaire de logements a procédé à une éviction généralisée d’un immeuble d’appartements, laissant ainsi plusieurs familles dans une situation de vulnérabilité et d’insécurité sociale », dénonce le CNA dans un communiqué.
Le Grand chef du CNA, Constant Awashish, entend surveiller la situation de près dans les prochains jours en plus de déployer des ressources pour accompagner les familles atikamekw.
« Des familles avec de jeunes enfants vivent une grande incertitude en ce moment et il est de notre devoir de faire tout notre possible pour aider les gens dans le besoin. L’entraide est une valeur fondamentale à nos yeux, c’est une valeur qui a toujours guidé nos actions et nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir afin d’aider les familles concernées », a laissé entendre M. Awashish.
« Le droit au logement est un droit fondamental. Ensemble, je crois sincèrement que nous pouvons faire plus pour trouver un toit à tous. Que ce soit les propriétaires immobiliers ou que ce soit les décideurs politiques, on a tous le devoir de faire quelque chose, ajoute le Grand chef.
Cellule d’urgence
Quant à lui, ce n’est pas la première fois que le CAALT intervient sur cette question. L’organisme est préoccupé par des témoignages de ses membres à propos de l’accessibilité à du logement abordable.
« Nous avons mis en place une cellule d’urgence en collaboration avec plusieurs partenaires clés, afin de garantir des solutions immédiates aux familles qui se retrouvent sans toit », a mentionné la directrice générale du CAALT, Laurianne Pétiquay.
Elle affirme que la situation s’est généralisée pour plusieurs familles autochtones : « Nous pouvons parler de double discrimination tant au niveau racial qu’au niveau de l’état familial et cela contribue directement à la dégradation des conditions de vie chez les personnes autochtones ».
« Il y a une dizaine de familles qui n’ont pas encore été relocalisées et on s’est mobilisé avec une cellule d’urgence, avec la Table d’accessibilité locale des autochtones en milieu urbain. On a pris le leadership (…) pour trouver une solution à court terme pour relocaliser les personnes », indiquait à L’Écho Mme Pétiquay.
C’est un enjeu dont on parle depuis plusieurs années, mais qui s’est accentué avec cette éviction.
« La recherche de logements pour les autochtones en milieu urbain, ça ne date pas d’hier. Ça ne s’est jamais amélioré, ça s’est dégradé. Le fait que des familles à faible revenu ou autochtones n’ont pas accès à des logements adéquats, ça ne fait qu’accentuer la dégradation de leurs conditions de vie générales », déplore Mme Pétiquay.
Projet d’immeuble à logements
Devant la hausse de la population autochtone en milieu urbain depuis quelques années et les demandes de services de première ligne, le CAALT envisage de créer un projet de logement abordable, destiné aux familles autochtones à La Tuque.
Il existe déjà des logements sociaux à La Tuque, mais ils ne répondent pas à tous les besoins. Aussi, un projet d’habitations avec services intégrés du CAALT est dans l’air. « Avec la Société immobilière du Regroupement des centres d’amitié autochtone, on avait déjà entamé des travaux de consultation auprès de la population (…) On est capables d’aller collecter des données sur les besoins en matière de logement et de services », mentionne Mme Pétiquay, selon laquelle il est temps de mettre de l’avant ce projet « qui deviendra un milieu de vie positif et sécurisant pour les membres de la communauté autochtone urbaine ». Le projet semble avoir pris une tournure encore plus urgente.
« Nous savons que le logement est fondamental pour la sécurité des gens. Les facteurs de rareté et d’inflation des coûts de logement nous préoccupent grandement, d’autant plus que nous sommes très inquiets par la réaction et les intentions de certains propriétaires d’immeubles dans la province qui sont à la recherche de « bons » locataires », a dit Laurent Odjick, directeur de la Société immobilière du regroupement des Centres d’amitié autochtone du Québec.