Opitciwan demande aux tribunaux de reconnaître ses droits ancestraux
TERRITOIRE. Le Conseil d’Opitciwan et les mandataires des familles traditionnelles ont déposé à la Cour supérieure du Québec une requête pour la reconnaissance de leur titre et leurs droits ancestraux sur leur territoire ancestral. Le chef, Christian Awashish, en a fait l’annonce à Montréal dans un point de presse. «C’est avec détermination que nous allons entreprendre ce chemin en même temps que nous cessons les négociations territoriales globales entreprises depuis 40 ans. 40 ans de négociations qui n’ont mené à aucun projet de société jugé satisfaisant», tranche le chef Awashish. Dans sa requête, Opitciwan demande à la Cour supérieure du Québec de reconnaître que les Atikamekw d’Opitciwan ont un titre exclusif sur l’ensemble de leur territoire ancestral, lequel n’a jamais été cédé, reconnaissant ainsi le droit à la Première Nation de décider comment le territoire sera utilisé. «Le territoire d’Opitciwan Iriniw Otaskiwaw est situé en Haute-Mauricie, totalise une superficie approximative de 26 360 km2 et est occupé aujourd’hui par une trentaine de familles qui, à l’instar de leurs ancêtres, y exercent toujours des activités traditionnelles et de subsistance», indique le conseil d’Opitciwan. La requête vise aussi à reconnaître des droits ancestraux, dont la chasse, la pêche, la trappe, la cueillette et la récolte pour la fabrication d’objets utilitaires ou culturels. « La reconnaissance par les gouvernements de notre droit à l’autodétermination sur la gestion de notre territoire ancestral et ses ressources reste, encore aujourd’hui, un enjeu majeur et une source de conflit et de mécontentement. Le concept de Nation à Nation reste théorique lorsqu’il est question de la gestion du territoire. La reconnaissance du titre et des droits ancestraux par la Cour supérieure du Québec demeure le meilleur moyen d’assurer la protection et la sauvegarde de notre territoire », a déclaré Christian Awashish. «Encore aujourd’hui, le territoire ancestral joue un rôle de subsistance et est au cœur de la vie culturelle et spirituelle de nos membres. Le temps est maintenant venu de défendre nos droits et de réaffirmer notre souveraineté, de prendre en main notre destinée et de regagner notre dignité en prenant un nouveau chemin, la voie juridique. La reconnaissance par la Cour supérieure est le premier pas vers la réconciliation de nos Nations », a poursuivi le chef. 40 années de négociations qui n’ont rien donné Les Atikamekw d’Opitciwan estiment que les 40 dernières années de négociations ont tourné en rond. Ils rappellent qu’une table tripartite de négociations a cherché à régler des revendications territoriales. Mais les dernières propositions soumises ont été jugées insatisfaisantes. Les élus du conseil d’Opitciwan, appuyés par les mandataires des familles traditionnelles affirme avoir voté à l’unanimité une résolution ordonnant la révocation immédiate du mandat de négociation du Conseil de la nation atikamekw à la table de négociation Atikamekw/Québec/Canada. «Après 40 ans de négociations qui ne nous ont pas permis d’aspirer à un projet de société, je pense que personne ne pourrait nous accuser d’avoir manqué de patience. Je comprends la complexité et le caractère sensible des enjeux de reconnaissance des droits et des titres autochtones par les gouvernements, mais il y a des limites à étirer le processus. L’entente de principe issue de la négociation tripartite n’est certainement pas à la hauteur des aspirations de notre projet de société. En fait, les concessions demandées par les gouvernements sont nettement insuffisantes et irrecevables et sont pour nous un réel recul », a conclu le chef Awashish. Réaction de Constant Awashish Dans un contexte où la décision d’Opitciwan peut ressembler à un désaveu face au Conseil de la nation atikamekw qui est imploiqué dans les négociations territoriales, le Grand Chef, Constant Awashish, s’est dit ouvert au dialogue dans le but de trouver des solutions pour faire avancer les dossiers communs entre Opitciwan et le CNA. «On va évaluer les conséquences (…) c’est certain que présentement, ça va créer une instabilité et une incertitude pour la communauté d’Opitciwan. J’espère juste que ça ne fera pas comme les services sociaux, où ils ont manqué le bateau», laisse tomber le Grand Chef. On sait qu’Opitciwan était absente de l’Entente 37,5 entre le CNA et le gouvernement du Québec où la nation Atikamekw devenait autonome en matière de protection de la jeunesse. Cela, dans un contexte où Constant Awashish maintient que les négociations se déroulaient rondement : «Ça allait très bien depuis les trois dernières années, les choses avançaient rondement. C’est sûr qu’il y a beaucoup de choses à régler encore et j’étais étonné qu’ils disent qu’ils ne sont pas satisfaits, alors qu’on n’est pas encore dans un résultat final».
Nous nous interrogeons sur la bonne foi des gouvernements, nous pensons que le temps est venu pour Opitciwan de défendre son destin et nous sommes déterminés à mener ce combat, avec tous les moyens nécessaires, jusqu’à ce que justice soit faite Le chef Christian Awashish