Richard Filion: une carrière vouée à l’éducation
L’ancien directeur général du Collège Dawson de Montréal a pris sa retraite. Richard Filion vide ses classeurs après une carrière de près de 40 ans dans le secteur de l’éducation.
Originaire de La Tuque, Richard Filion a lancé l’année 2021 en suivant les recommandations du poète Arthur Rimbaud, résigné à «la magique étude du bonheur, que nul n’élude»!
Cette belle histoire débute en 1911, lorsque la famille de Richard Filion quitte le Saguenay (Chicoutimi Nord) et s’installe à La Tuque avant même la création de la ville. La famille Filion est d’ailleurs bien connue dans la région, puisque le père de Richard, Lucien Filion, a été maire de La Tuque pendant près de 25 ans.
Richard passera plusieurs de ses jeunes années dans la région. Et non, il ne fera pas ses études en anglais à La Tuque High School. Il conserve de très beaux souvenirs de sa jeunesse latuquoise.
«C’était une ville jeune, une ville dynamique, une ville qui bougeait, on avait la nature à proximité, une ville de 14 000 habitants à l’époque et largement autosuffisante. À 160 km de Trois-Rivières et de Roberval, Chicoutimi plus loin. On avait une belle vie», raconte-t-il.
Richard Filion y retourne de temps à autre, rendre visite à quelques membres de sa famille et amis laissés derrière.
Le catalyseur
Richard Filion aura fait le tour des cégeps du Québec. Il accède à la direction du College Dawson en 2005, un an seulement avant la tuerie de 2006 qui aura marqué l’histoire du Collège et celle du Québec tout entier. «Un assaut sur le Collège qui a coûté la vie à deux personnes et qui en a handicapé plusieurs».
Ça, il ne pourra jamais l’oublier.
«Les incidents de 2006 ont agi comme un catalyseur. J’ai pu constater l’esprit de résilience de la communauté, on a pu construire là-dessus. Les gens ont compris qu’il fallait tourner cette tragédie en leçon. On a mis nos esprits en commun et construit un projet éducatif audacieux qui a conduit à de belles réalisations. Je suis très fier de ça», explique-t-il.
D’autant que le Collège Dawson est un milieu de vie et de travail véritablement unique, au confluent d’une foule de cultures postées au cœur du Québec. On y recensait durant un seul semestre, près de 92 langues en usage parmi les étudiants et professeurs du Collège.
«J’ai trouvé ça impressionnant. En se promenant dans les couloirs, on entendait parfois plus parler français que l’anglais. J’ai toujours valorisé ça, j’ai toujours cru que c’était une grande richesse pour tous.»
Et Richard Filion bâtira son programme de travail autour et avec le concours de cette communauté et fera valoir l’importance de conserver intactes les institutions d’enseignement anglophones du Québec. «Ça fait partie de l’histoire du Québec. Ça permet, non pas d’angliciser comme certains le prétendent, mais de briser les solitudes» qui pourraient autrement être renforcées, dit-il. Et c’est sans compter la dimension purement éducative de telles institutions. «On est arrivés au point d’équilibre», ajoute M. Filion.
Richard Filion a su «intégrer au Plan stratégique du Collège, un sens profond de la communauté. Il aura stimulé le secteur de la recherche, mis sur pied le département du développement durable (Sustainability Office), fondé le Centre de la Paix (Peace Centre) et aussi lancé Dawson AI», écrit le Collège dans son au revoir à Richard Filion qui passera 16 ans de sa vie au Collège Dawson.
Il quitte Dawson le 31 décembre 2020, sans regret aucun.
«Je ne peux pas dire que c’est dur, mais plutôt que c’était dû après près de 40 ans! On doit accepter les décisions qu’on prend et je l’avais prise il y a deux ans. Je quitte avec le sentiment d’avoir fait ce que j’ai pu pour développer l’enseignement collégial au Québec. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes très intéressantes. J’ai beaucoup appris.»
Il est maintenant temps de profiter du temps qui passe pour Richard Filion. «J’ai eu une belle et longue carrière, de Gaspé à Montréal, en passant par Québec et La Pocatière. Je montais le fleuve comme un saumon. Alors vous pouvez vous imaginer comment j’étais intoxiqué!», nous dit en riant Richard Filion. Il aura marqué l’histoire du Québec en étant le D.G. qui sera resté le plus longtemps en poste, au sein du réseau des cégeps.