Tête à tête avec la nouveau maire Pierre-David Tremblay
MAIRIE. Le nouveau maire de La Tuque Pierre-David Tremblay s’est mis en action dès le lendemain de l’élection du 5 novembre pour mettre ses pieds à l’Hôtel de Ville de La Tuque. «Pourquoi attendre l’assermentation de vendredi?»
«Pour cette première semaine de transition, j’avais un but et c’était d’unifier les gens, affirme M. Tremblay. Je voulais être rassembleur dès le départ. Les gens me connaissaient un peu en m’ayant vu aller lors des conseils d’agglomération. Je ne cacherais pas que les gens avaient une certaine crainte du bonhomme qui s’en venait. J’ai rencontré l’équipe opérationnelle, et jeudi j’ai rencontré les cadres pour voir les attentes et comment ils voient les choses. J’aurais pu entrer seulement le jour de l’assermentation, mais pour moi c’était la continuité avec le 3 octobre lorsque j’ai annoncé ma candidature.»
Le maire sortant Normand Beaudoin n’a pas contacté son successeur à la tête de La Tuque, et n’a pas effectué de transition. «Je crois que ça lui appartenait», opine M. Tremblay. Mais je suis franc, on n’était pas les plus grands amis du monde, compte tenu de ce qui s’est passé lors des conseils d’agglomération.
Une expérience qui facilite la transition
Comment M. Tremblay voit-il le changement du travail de maire de La Bostonnais pour celui de maire de La Tuque? «C’est de transposer mes connaissances acquises à La Bostonnais ici. Ça m’a permis d’en connaître encore plus sur les petits milieux et leurs difficultés. Je vois ça comme une famille, le petit frère doit être aidé par le grand frère. Pour se développer, on a besoin de tous travailler en complémentarité. Quand j’étais à La Bostonnais, on était des oubliés. Ça ne travaillait pas en synergie. La famille était divisée. Je voudrais que les ressources du grand frère puissent aussi servir aux petits frères. La Tuque travaillait trop en vase clos, et je veux faire éclater ça.»
M. Tremblay parle de La Bostonnais et de Lac-Édouard, mais il évoque aussi qu’il s’agit des mêmes préoccupations pour les résidents du Lac-à-Beauce, de La Croche ou de Parent, tout en n’oubliant pas les Atikamekws.
Sa carrière dans le monde policier le rend à l’aise dans cette transition à la mairie de La Tuque. «En étant impliqué au sein du syndicat des policiers de Montréal, on avait un budget de 22 M$, ce qui peut s’apparenter au budget de La Tuque. J’avais 10 800 membres au sein du syndicat dans le volet assurance services. C’est à peu près les mêmes services à gérer comparativement à une population», estime le premier magistrat.
Le budget, la priorité
M. Tremblay affirme qu’il s’est gardé de l’espace sur le prochain budget, puisque ce sera la priorité pour son entrée en poste. «Je ne voulais pas que le nouveau conseil arrive en place avec un budget déjà décidé d’avance. La population est très inquiète par rapport à la dette et aux taxes. C’est pourquoi il faut avoir de l’espace pour redonner une crédibilité à l’administration publique au cours de la prochaine année.»
Le maire avance une dette nette de plus de 40 M$ pour La Tuque, et il veut s’y attaquer. Selon lui, l’impact de la dette sur le budget annuellement est de 4 à 5 M$. «Le gouvernement a coupé dans le pacte fiscal et à La Tuque ça représente 1,3 M$ qu’on est incapable de rattraper. On devra former un comité spécial pour faire des représentations auprès du gouvernement. Pour l’instant, il n’y a pas de solution, mais il faut en trouver.»
Le nouveau conseil
Un large sourire s’affiche sur le visage de M. Tremblay lorsqu’il parle de l’élection des conseillers qui forment le conseil municipal. «Si j’avais rêvé d’un conseil municipal, ça serait celui-là! J’ai demandé aux deux conseillers en place qui ont été élus d’être des mentors et de donner l’exemple aux autres. Je veux qu’on travaille pour l’ensemble plutôt que sur les priorités des secteurs. J’apprécie le volet féminin que nous aurons qui pourra donner une certaine finesse. De son côté, M. Chagnon à Parent est un forestier alors on va mettre ses connaissances à profit. Puis M. Mantha s’est investi dans le sport avec une bonne capacité d’analyse. Nous avons des gens de tous les milieux.»
Les fuites commerciales
Depuis des décennies, le dossier des fuites commerciales revient sur la table. Comment est-il possible de freiner ces fuites?
«Personne n’a de solution magique. Mais si je peux donner des exemples: il n’y a aucun commerce pour habiller les jeunes enfants et personne ne peut aiguiser une paire de patins ici. Mais est-ce à la Ville de s’occuper de ça? Non. La Ville peut être facilitante. Je ne peux pas donner des directives aux commerçants de rester ouvert sur l’heure du diner et les fins de semaine. Mais on peut se conscientiser. Il existe quatre grands secteurs pour l’emploi: l’usine, l’hôpital, Hydro-Québec, et le monde forestier. Ces gens-là doivent acheter local. Mais les besoins doivent être connus. Est-ce qu’on a vraiment atteint le fond du baril? Je pense que oui, donc il est temps qu’on se prenne en main.»