Un dictionnaire atikamekw-français
Voici le deuxième d’une série de textes portant sur la langue attikamek, la plus vivante parmi les langues autochtones.
Nicole Petiquay coordonnatrice au service linguistique du Conseil de la nation atikamekw, milite pour la sauvegarde de la langue atikamekw. Elle travaille dans la formation qui sera donnée aux enseignants primaires et secondaires qui enseigneront l’atikamekw l’an prochain. «Ils veulent l’enseigner, mais ils ont besoin des bases», affirme celle qui a aussi contribué à bâtir un document sur les fondements de la langue.
Mais surtout, Mme Petiquay coordonne aussi la préparation d’un dictionnaire français-attikamek pour l’année prochaine. Elle en parle avec beaucoup d’enthousiasme.
«Il y a beaucoup de mots que les jeunes ne connaissent pas, car c’est relié au territoire», remarque Mme Petiquay.
Le dictionnaire établira des bases d’écriture atikamekw. Il sera accessible en version électronique. Elle pense que les non autochtones pourront également en apprendre peut plus sur la langue attikamek avec ce futur outil. Il y aura le mot en atikamekw, sa définition et des exemples et la même chose s’y rattachera en français.
Il y a deux ans, l’application Conversation Atikamek avait fait son apparition sur les tablettes et téléphones intelligents. Plusieurs termes habituellement utilisés y sont traduits. Mme Petiquay compte parmi les personnes qui ont travaillé à sa mise en place.
Ces outils constituent non seulement une façon de préserver la langue attikamek, mais encore mieux : une manière de la répandre. Pourtant, on parle Atikamekw dans les communautés : 91,7 % des résidents des communautés utilisent d’abord leur langue maternelle.
Les jeunes, observe Nicole Petiquay, ont pourtant soif de connaître leur langue traditionnelle. «On fait des tournées dans nos communautés, pour la promotion et la sensibilisation pour la langue et la culture, auprès des jeunes. Quand ils ont les yeux grands ouverts, on voit qu’ils en veulent».
Dans un objectif de réussite éducative, on effectue l’enseignement en français à partir de la troisième année du primaire. Au conseil d’Opitciwan, les délibérations des élus et les correspondances se passent en français.
«Les gouvernements ont créé des programmes de remise en place des langues, mais pour des nations qui l’ont presque perdue».
On ne pourra peut-être pas ralentir le déclin, mais, mince consolation, neuf Atikamek sur dix dans la communauté parlent encore leur langue maternelle.
Dix langues autochtones les plus parlées à la maison en 2016 au Canada
Cri 43 830
Inuktitut 30 240
Montagnais 9500
Ojibwé 9000
Oji-cri 8800
Déné 8315
Atikamekw 5810
Mi’kmaq 4225
Cri des plaines 2165
Pied-noir 1855
Source : Statistique Canada