Utiliser le bois mal aimé
BIOMASSE. Le directeur de la Société de développement économique et forestier de La Tuque, Patrice Bergeron, qui est aussi président de BELT, collabore à l’étude de Léonard Nkunzimana.
Toutefois, précise-t-il, elle sera totalement indépendante, pour s’assurer d’en tirer une vision des plus claires. «On facilite le travail de l’université Laval (…) je suis très enthousiaste et très impatient de prendre connaissance des résultats qui vont en découler», relate M. Bergeron.
La question de l’acceptabilité sociale est au centre de l’étude de M. Nkunzimana. «Quand on parle d’innovation, de la nouvelle industrie verte qui va créer des emplois, on ne peut pas être contre cela. Ce qu’on cherche, à La Tuque, c’est de diversifier l’économie et créer des emplois. On sait que le projet pourrait créer 500 emplois dans la région du Haut-St-Maurice.
D’ailleurs, l’étude de Léonard Nkunzimana n’est pas la seule qui viendra mettre en lumière la pertinence d’une usine de biomasse forestière à La Tuque. Une douzaine d’autres études, explorant d’autres aspects que l’acceptabilité sociale, seront aussi entreprises au cours des prochains mois. Le directeur général de BELT, le professeur Patrice Mangin, perçoit que l’étude portant sur l’acceptabilité sociale sera un peu plus vaste, puisqu’elle inclut tous les impacts environnementaux et sociaux.
Un cheval de bataille au niveau de l’acceptabilité sociale du projet de BELT sera l’approvisionnement en fibre. On sait qu’il y a quelques semaines, le directeur de l’usine West Rock de La Tuque, Pierre Pacarar avait exprimé la crainte que le projet vienne affecter l’approvisionnement en fibre de l’usine.
Patrice Bergeron ne voit pas où il pourrait y avoir un problème à ce niveau. «On va utiliser tout ce que les industriels de première transformation ne veulent pas utiliser, qui est laissé derrière eux dans le bois et qui pourrit à l’heure actuelle dans les secteurs de coupe».
Même son de cloche de la part de Patrice Mangin, dont la main à West Rock est toujours tendue: «Je vais continuer à travailler pour que West Rock redevienne partenaire, il faut qu’on travaille main dans la main».
M. Mangin voit l’avenir de la nouvelle énergie dans ce qu’il appelle le bois mal aimé, soit le bois qui se trouve dans les parterres de coupe, mais qui n’est pas utilisé d’un point de vue commercial parce qu’il n’est pas de la bonne espèce ou qu’il est tordu, par exemple. « Ce bois représente une bonne source de biomasse, il y a eu des études là-dessus pour voir son potentiel», précisait M. Mangin à TC Media.
L’arrivée d’une nouvelle industrie peut faire un peu peur à l’industrie traditionnelle, en matière d’approvisionnement, pense Patrice Mangin. «On ne veut pas déshabiller Pierre pour habiller Paul. Nous, on veut développer la région et il faut être sûr que ce soit gagnant-gagnant».
Selon ce dernier, une augmentation éventuelle des prix de la ressource ne surviendrait que dans le cas où des projets comme celui de La Tuque se multipliaient à travers le Québec, ce qui est loin d’être le cas actuellement. «Au niveau de La Tuque, on a garanti à West Rock qu’on n’irait pas toucher à leur panier de ressources en fibre», assure M. Mangin.
Le projet de La Tuque à l’international
À l’invitation de la professeure Évelyne Tiffault, Patrice Mangin prononcera une conférence, les 16 et 17 mai, lors d’une réunion du groupe de travail dans le domaine des énergies renouvelables de l’International Energy Agency à Göteborg en Suède les 18 et 19 mai. «Évelyne Thiffault est en charge de l’étude sur les impacts environnementaux et l’acceptabilité sociale, un prérequis pour de tels projets par le gouvernement du Québec», précise M. Mangin. L’étudiant au doctorat Léonard Nkunzimana travaille d’ailleurs activement dans ce groupe.
Selon M. Mangin, le projet de BELT «est probablement le projet le plus abouti dans le domaine, celui qui voit à analyser tous les aspects, toutes les facettes du projet pour en faire une réussite au niveau régional, québécois et canadien».
Vidéo promotionnelle
Une vidéo promotionnelle du projet de bioraffinerie de La Tuque sera produite, ce, grâce à du financement provenant de BioFuelNet (BFN), dont Patrice Mangin est membre. L’objectif sera de mieux faire connaître le projet auprès du grand public.
«Nous aurons deux versions, une d’une douzaine de minutes et une plus courte, de 3 minutes destinée aux réseaux sociaux», confiait M. Mangin à TC Media. «Cela fait partie des solutions pour combattre les changements climatiques et pour développer les richesses en région, alors que l’industrie papetière et forestière est plus stagnante».
Le lancement sera effectué l’automne prochain. Une page Facebook a aussi été créée.