«Ç’a été une belle vie, bien remplie» – Marie-Paule Paré
AFFAIRES. Marie-Paule Paré est une figure indissociable du milieu du vêtement féminin à La Tuque. Sa boutique, Marie-Soleil, a ouvert ses portes au Carrefour La Tuque il y a 37 ans et est déménagée, il y a quelques années, sur la rue Saint-Joseph.
Vous en conviendrez, Mme Paré ne fait pas ses 80 ans. Bien des gens, plus jeunes qu’elle, n’ont pas la moitié de son énergie.
Elle dégage un dynamisme contagieux. Travaillant quotidiennement dans sa boutique, il ne lui est jamais arrivé d’entrer au travail à contrecoeur. Pas un jour elle n’a eu de froid avec une cliente ou une employée.
Mais ce sera bientôt la fin pour Marie-Soleil. La décision a été prise et c’est avec résilience que la dame l’annonce à L’Écho de La Tuque, après l’avoir fait savoir à ses proches.
«Je ne voyais pas le jour où j’arrêterais, mais l’année 2019 nous a secoués. Mon mari a été malade et je l’ai été aussi. On s’est retrouvé tous les deux à l’hôpital», dit Mme Paré. Pleinement rétabli, le couple veut maintenant prendre un peu plus de temps pour vivre, pendant que la santé est au rendez-vous.
Mme Paré se donne un an pour conclure cet important chapitre de sa vie, le temps de liquider la marchandise et profiter du bon temps avec sa clientèle, dont plusieurs sont devenus des amis. Elle compte sur deux personnes qui l’aident occasionnellement, mais, la plupart du temps, elle est seule à bord de son commerce.
Une vie tracée toute jeune
Elle est d’abord femme d’affaires, mais elle doit aussi avoir l’œil pour dénicher auprès des compagnies les plus beaux vêtements, car elle connaît les goûts et les besoins de sa clientèle. C’est ce qui la rend si fière: il faut offrir de la variété, car «il ne faut pas que tout le monde soit habillé pareil».
«On était la boutique avec le plus beau linge», lance-t-elle.
Elle a trouvé sa voie alors qu’elle était encore enfant, dans les jeux de rôle auxquels elle jouait avec ses amis. «On jouait «à la madame». Tout de suite, je criais: Magasin! J’avais assez peur qu’une autre prenne le magasin», rigole-t-elle.
Son frère avait une épicerie. Toute jeune, elle prenait les commandes, comme son frère, lorsqu’il s’alimentait chez les grossistes. «J’avais une caisse enregistreuse, jaune et rouge, je pesais sur un bouton et le tiroir ouvrait, j’avais des dollars en papier. Je pense que j’avais huit ans».
Elle avait saisi que c’est ce qu’elle allait faire de sa vie professionnelle, plus tard. Une fois ses deux enfants assez grands, Marie-Paule Paré se lance à la conquête de son rêve de jeunesse. Son époux, Marcel, l’a toujours appuyée dans son commerce. Même qu’il lui a suggéré d’attendre un peu avant de fermer.
La recette?
On doit aimer ce que l’on fait et traiter toute sa clientèle sur le même pied d’égalité, sans égard au statut social. Il ne faut pas non plus négliger les heures à consacrer à son entreprise, même si elles se font parfois nombreuses. «Mais ce sont de belles heures», rétorque-t-elle tout de suite.
Aux femmes qui choisissent de se lancer en affaires, elle conseille d’abord de choisir un domaine qui les rendra heureuses. De sa propre expérience, elle retient qu’il faut aussi aimer le public, être constamment à son écoute et respecter sa parole.
On la sent encore très passionnée. «Ç’a été une belle vie, bien remplie, heureuse», conclut-elle. Difficile de ne pas la croire.