Déconfinement: prendre le temps d’écouter les enfants
En cette période de déconfinement, le Regroupement des organismes ESPACE du Québec (ROEQ) et ses dix organismes ESPACE membres, dont ESPACE Mauricie, lancent la campagne de sensibilisation #ÉcoutonsNosEnfants.
Ces dernières semaines, le ROEQ s’est questionné sur les façons de rejoindre les enfants confinés. L’organisation a choisi de s’adresser plus particulièrement aux adultes, alors que le déconfinement débute.
«Avec le déconfinement, plusieurs enfants retournent en classe ou en service de garde. On trouve opportun, en ce moment, d’outiller les adultes. On veut les sensibiliser afin qu’ils soient attentifs aux changements de comportement et aux paroles des enfants et qu’ils soient prêts à accueillir les confidences d’un enfant», explique Janie Bergeron, coordonnatrice d’ESPACE Mauricie.
Les enfants ne sont pas à l’abri de toutes ces formes de violences, particulièrement en période de confinement où ils peuvent vivre un plus grand isolement. La violence familiale peut être exacerbée, par exemple.
«Le confinement n’a pas été vécu de la même façon par chaque enfant, ajoute-t-elle. Certains ont vécu du stress parce qu’il y a eu une ou des pertes d’emploi dans la famille. Sinon, il peut s’agir d’une hausse de violence à la maison ou de violence conjugale. (…) Dès qu’il y a un changement de comportement important chez l’enfant, c’est signe que quelque chose ne va pas. Le personnel de l’école, les enseignants et les éducatrices connaissent bien les enfants. C’est important de vérifier avec l’enfant si on a des doutes.»
Il s’agit de faire comprendre à l’enfant que la porte est ouverte s’il ressent le besoin de se confier. On peut lui demander s’il a envie de parler, mais également le respecter s’il ne souhaite pas parler.
Mme Bergeron recommande de se mettre au niveau de l’enfant, d’adopter le même langage, démontrer de l’ouverture et rester calme même si c’est difficile. «Si on perd son calme, il faut préciser à l’enfant qu’on est fâché contre la situation et non contre lui, qu’il est courageux de parler», illustre Janie Bergeron.
Sur le site Internet de la campagne, on retrouve d’ailleurs des vignettes d’information pour aider les adultes à mieux accueillir les confidences d’un enfant et à demeurer vigilants. Il est aussi question des facteurs de vulnérabilité, entre autres.
«La campagne axe beaucoup sur la responsabilité sociale, fait remarquer Mme Bergeron. On a tous un rôle à jouer dans la prévention de la violence faite aux enfants et pour les protéger. C’est aussi possible de le faire auprès des tout-petits qui parlent moins. Il faut leur permettre de ventiler sur ce qu’ils ont vécu pendant le confinement, que ce soit positif ou négatif, d’ouvrir de petites portes. Même s’ils sont plus petits, les enfants vont verbaliser ou avoir certaines réactions. Par exemple, si un enfant évite soudainement un contact quand ce n’était pas le cas avant. On peut ensuite aller le vérifier auprès des parents pour obtenir plus d’informations.»
Il est encore difficile d’imaginer les impacts qu’aura eus le confinement sur les enfants. «Peut-être des enjeux de santé mentale, le réseau social étant très important pour les enfants», avance Mme Bergeron.
ESPACE Mauricie se questionne aussi sur l’impact de la pandémie sur sa mission: «Comment pourra-t-on retourner dans les milieux, dans les écoles pour sensibiliser les enfants en septembre? Comment pourra-t-on les outiller en classe? Il faut voir de quelle façon on peut actualiser notre mission dans le milieu», conclut la coordonnatrice d’ESPACE Mauricie.
Le programme ESPACE s’adresse aux jeunes de 3 à 12 ans et aux adultes de leur entourage pour prévenir toutes les formes de violence commises envers les enfants.
Pour en savoir plus sur la campagne #ÉcoutonsNosEnfants: http://espacesansviolence.org/ecoutonsnosenfants/?fbclid=IwAR3u6AY9ruyBmbvRoSXW7NGuU7GY13SOV53IZLaP8PhlvEh_arILzO7Dgxs