Doris Desbiens: pionnière dans le monde de l’incendie
SAINT-ÉTIENNE-DES-GRÈS. «Dans la vie, je fais des choses que j’aime. Je suis curieuse de nature, peut-être un peu hyperactive et je n’ai jamais eu peur de me salir.»
Animée par le désir d’aider et de sauver des vies, Doris Desbiens a été la première, sinon l’une des premières femmes pompières au Québec. Elle a joint les rangs du Service de sécurité incendie de Saint-Étienne-des-Grès en 1987, à une époque où la présence de femmes dans ce milieu était nulle.
Avec son audace et sa force de caractère, la pompière Desbiens n’a pas eu de difficulté à faire sa place dans un univers entièrement masculin. Travailler avec des hommes constituait pour elle une réelle motivation à se surpasser et une opportunité de prouver que les femmes sont aussi en mesure d’accomplir les tâches d’un pompier.
«Une équipe de pompiers, c’est une fratrie»
– Doris Desbiens
Recrutée par le directeur Claude Bournival, Doris Desbiens ne regrette pas d’avoir accepté son invitation. «Il me voyait aller, il me connaissait et il voulait un jour avoir une femme au sein de sa brigade. À ce moment-là, j’ai probablement réalisé mon rêve, mais aussi le sien. J’ai vu là-dedans quelque chose que je pouvais faire, que j’aimerais et qui rendrait service. Une équipe de pompiers, c’est une fratrie. Je faisais partie de la <@Ri>gang<@$p>. Quand c’était le temps de travailler, on travaillait. J’ai été acceptée comme tous les autres pompiers», affirme-t-elle.
La citoyenne de Saint-Étienne-des-Grès a longtemps travaillé dans le milieu hospitalier comme infirmière. Sa carrière l’a amenée à devenir formatrice en réanimation, en premiers soins ainsi qu’en santé et sécurité. Elle a également été enseignante à l’école d’agriculture de Nicolet pendant 12 ans.
Originaire de La Tuque, Doris Desbiens a officiellement accroché son habit de combat en 2003 après avoir passé 16 ans dans le feu de l’action. «Ç’a tellement passé vite. Quand tu te lèves la nuit alors qu’il fait -30 sous zéro pour aller combattre un feu, il faut que t’aimes ça. C’était fait pour moi. J’avais le feu sacré. J’étais bien là-dedans et ma famille m’a toujours encouragé et appuyé. Un moment donné, il y avait de la relève et j’ai décidé de quitter», mentionne-t-elle.
Détenant une forte expertise dans les soins médicaux d’urgence, Mme Desbiens était rapidement assignée à la prise en charge des blessés ou des sinistrés lors des premières minutes d’une intervention. «C’était quelque chose que je faisais d’emblée. Les gars savaient que j’étais là pour donner un bon coup de main pour les soins et ils appréciaient ça. Après, j’allais au feu», exprime l’ex-pompière.
Moment cocasse
Preuve que la nervosité peut parfois jouer bien des tours, lors d’une de ses premières interventions, Doris Desbiens a été appelée à se rendre sur les lieux d’un incendie de véhicule non loin de son domicile. Le défi a toutefois été de revêtir convenablement son habit de protection. «C’était dans le temps qu’on avait les grandes bottes qui allaient jusqu’à la fourche et je n’avais pas long de jambes. J’étais tellement nerveuse que j’ai mis mes bottes à l’envers. Elles étaient assez grandes que ça n’a pas dérangé grand-chose. On avait en plus un long manteau. C’était assez drôle», se rappelle-t-elle.
Une femme pompière
Le métier de pompier est de plus en plus soutenu et encouragé chez les femmes. Plusieurs organismes, écoles, villes et municipalités assistent les aspirantes pompières à poursuivre leur rêve. Toutefois, il reste encore du chemin à faire comme dans plusieurs autres domaines. Doris Desbiens a fait figure de pionnière et a tracé le chemin à bien d’autres pompières. «Ç’a en prenait une. Oui, j’ai probablement été la première, mais je n’ai jamais pensé à ça vraiment. Tant mieux si c’est le cas. J’ai peut-être ouvert la porte à d’autres petites filles qui avaient un rêve comme ça», analyse-t-elle.
Aujourd’hui âgée de 67 ans, Doris Desbiens profite maintenant d’une retraite bien méritée à Saint-Étienne-des-Grès, un coin de pays qu’elle a rapidement adopté.
Lorsqu’elle aperçoit ou croise un camion incendie, elle se rappelle chaque fois de très bons souvenirs. «Ça me fait toujours quelque chose. Je n’haïrais pas ça y retourner», lance-t-elle à la blague.