Guylaine Pronovost : la doyenne des serveuses latuquoises

LA TUQUE.  C’est à 16 ans que la doyenne actuelle des serveuses du monde de la restauration à La Tuque a réalisé son premier quart de travail au restaurant l’Empire BBQ à l’époque. L’Écho a rencontré Guylaine Pronovost qui ne cumule pas moins de 42 années d’expérience.

À notre arrivée au restaurant la Brochetterie après une heure du dîner très occupée, Mme Pronovost accueille l’auteur de ces lignes avec un large sourire telle une petite abeille. « Ça ne sera pas long, il me reste deux tables à desservir et je suis à toi ensuite! »

Au cours de la dernière semaine, ses employeurs ont souligné son 35e anniversaire au restaurant la Brochetterie. « J’en ai beaucoup entendu parler! J’ai commencé pour Paul et Constant le 20 juillet 1988, dans le temps le restaurant était de l’autre côté de la rue Commerciale. J’ai commencé à 16 ans pour Mme Lorrain à l’Empire BBQ. Je me rappelle très bien de ma première journée de travail en 1981, c’était en début de semaine et il y avait une réception au restaurant pour des funérailles. Je me suis fait montrer le métier à ce moment par les serveuses avec le plus d’expérience. Maintenant, c’est moi qui essaye de montrer le métier aux plus jeunes. »

En plus de son métier de serveuse, Mme Pronovost travaille aussi à un service de garde. « J’aime le monde. Ça fait 23 ans que je cumule les deux emplois. Il faut aimer le monde pour être serveuse. J’aime l’équipe qu’on a ici. C’est ma deuxième famille! On se voit à l’extérieur du travail. On se fait des soupers et des sorties. Ce sont des belles amitiés qui perdurent dans le temps. J’ai encore des amies qui travaillent avec moi à mes débuts, et on se voit encore! »

Une seule fois en carrière Mme Pronovost a songé occuper un nouvel emploi. Après une entrevue et qu’on lui ait offert le poste, elle a refusé. « Je me demandais si j’étais à ma place. Après avoir reçu l’offre de travail, j’ai reculé parce que je ne voulais pas délaisser ma famille. Je me sens bien dans la restauration. »

Quel client du restaurant ne connaît pas Guylaine et sa mémoire légendaire? Bien souvent, elle n’utilise aucun carnet de notes pour prendre les commandes des clients.

« Ça arrive souvent qu’un client arrive et je le connais, je sais ce qu’il va prendre et il n’a pas besoin de commander. Ce que j’aime de mon métier aussi, c’est que ça pratique la mémoire. À l’intérieur je ne prends pas nécessairement de notes, mais pour la terrasse je vais prendre des notes de mes tables fictives pour être certaine. Je suis habituée aussi avec les noms des clients, il y en a qui viennent tous les jours. »

La doyenne de la Brochetterie qui a 57 ans se voit encore poursuivre son travail pendant d’autres années. « Pourquoi pas? Peut-être jusqu’à 65 ans si je suis encore capable. Ça me donnerait encore 8 ans. J’ai une collègue qui a travaillé jusqu’à 70 ans ici. »

Et les anecdotes?

Quand on travaille avec le public, on a parfois des personnes chouchous, et d’autres qui sont moins amicales. « On avait un client qui venait souvent et qui ne souriait jamais. Je me disais qu’un jour j’allais le faire sourire. À un moment, j’ai dit aux filles que ça allait être ce soir que j’allais le faire sourire. J’essayais et il ne souriait pas. Et à un moment, avec un bon sens de la répartie, j’ai pu le faire sourire. On a tellement ri avec les filles et elles me disaient que j’avais relevé le défi! »

Mme Pronovost raconte aussi qu’un client se souvenait d’elle en lui disant qu’elle avait servi les gens pour son mariage, qu’elle avait servi au baptême de son fils, et qu’elle avait récemment servi le groupe pour le mariage de son fils. « C’est à ce moment que je me suis dit que je suis vieille, indique-t-elle en riant. J’avais même une photo de moi avec le bébé dans les bras à l’époque! »

D’un autre côté, il n’est pas rare que les serveuses se fassent courtiser par des clients. « Il faut toujours réagir avec tact. Il ne faut pas trop embarquer dans le jeu du client parce que tu ne sais pas à quoi il s’attend. Mais je n’ai jamais eu d’expérience déplaisante pour ma part. J’ai déjà sorti quelqu’un du restaurant qui était en état d’ébriété et qui était vraiment déplaisant par contre. Il voulait taponner les filles, et ce n’est pas acceptable dans un restaurant. Il était revenu me voir au restaurant, il se souvenait que je l’avais sorti, et il me disait qu’il avait arrêté de boire. »

Guylaine termine par son anecdote la plus savoureuse. « J’ai rencontré mon futur mari quand je travaillais à l’Empire BBQ. On s’est connu comme ça et ça fait 38 ans qu’on est ensemble. C’est plaisant ici parce que tout le monde se connaît. Je serais incapable de travailler dans un restaurant dans une grande ville. Si tu oublies ton portefeuille, ce n’est pas plus grave que ça, tu me le payeras demain. C’est ça la particularité d’une petite ville. C’est ma place ici! »