Juliette Caisse à la finale provinciale d’Expo-sciences
SCIENCES. L’élève de secondaire 5 de l’école secondaire Champagnat Juliette Caisse s’est démarquée les 22 et 23 mars dernier lors de la finale régionale d’Expo-sciences Hydro-Québec en remportant la médaille de bronze classe senior et une bourse de 200$ s’y rattachant pour son travail de recherche plutôt original sur l’épigénétique en lien avec les répercussions des pensionnats autochtones sur les gênes des individus.
Selon l’Université de Harvard, « l’épigénétique est un nouveau domaine de la recherche scientifique qui démontre que les facteurs environnementaux, c’est- à-dire les expériences de l’enfant, ont un effet sur l’expression génétique. Autrement dit, l’ancienne théorie selon laquelle les gènes étaient « coulés dans le béton » a été réfutée. »
Le travail de recherche de la jeune femme de 17 ans s’intitule « Miraculeuse piwetamowin », qui veut dire molécule en langue atikamekw.
Au terme de ses recherches sur l’épigénétique de ces personnes qui ont vécu les épisodes des pensionnats autochtones, Juliette a émis deux hypothèses. « La première concerne les problématiques alimentaires qu’il peut y avoir dans différentes communautés. Les enfants envoyés dans les pensionnats n’avaient plus du tout le même régime alimentaire que lorsqu’ils étaient dans leur communauté, ça pourrait expliquer les troubles au niveau du diabète. Mais ça reste à être prouvé. La deuxième concerne les troubles de santé mentale qu’on peut observer, comme les dépendances, l’anxiété et la dépression. Quand ils ont été envoyés vers les pensionnats, les enfants n’avaient plus de contact avec leur famille, avec leur culture et leur langue, ils n’avaient plus le droit d’être qui ils étaient. Donc ça peut expliquer que si on est séparé de notre bagage culturel, ça peut entraîner des troubles de santé mentale qui pourraient se transmettre avec l’épigénétique. »
Elle qui réside à La Tuque depuis près de deux ans a toujours été fascinée par les sciences, c’est pourquoi d’ailleurs elle est dans le profil Chimie-physique pour sa dernière année au secondaire. « Je trouve ça intéressant comment les sciences peuvent expliquer tout ce qui est autour de nous. J’avais déjà entendu parler d’Expo-sciences, mais c’est grâce à mon professeur de chimie Marc-André Durand qui nous en a parlé au début de l’année scolaire que je me suis inscrite. C’est grâce à l’émission « La nature selon Boucar » de Boucar Diouf que j’ai pu émettre mon questionnement premier : est-ce que les gênes des Autochtones qui sont allés dans les pensionnats ont été modifiés? C’est grâce à l’épisode qui parlait d’épigénétique et de résilience que j’ai entendu parler de l’épigénétique. »
En étant native de Longueuil, Juliette a été exposée à une réalité autochtone qui lui était inconnue auparavant. « Ça m’a permis de faire des liens parce que j’entendais certaines problématiques qui pouvaient se passer dans les communautés. Je me suis demandé si ça ne pouvait pas s’expliquer de manière physiologique », évoque-t-elle.
Tout au cours de son projet de recherche, c’est l’enseignante Annie Angers qui a guidé Juliette.
La finale provinciale d’Expo-sciences se déroulera du 21 au 23 avril prochain à Montréal. Les participants ne peuvent pas modifier la lettre de présentation de leur projet pour la finale provinciale, mais ils peuvent le bonifier à la suite des commentaires reçus lors de la finale régionale, en expliquant pourquoi.
« Dans les commentaires que j’ai reçus des juges, on me disait que l’originalité de mon projet de recherche ressortait, ce qui m’a permis de me démarquer », indique l’élève de 17 ans.
Elle s’est notamment appuyée sur le génocide au Rwanda en 1994, et sur l’occupation allemande en Hollande en 1944 qui a provoqué une famine pour étayer ses recherches pour les Autochtones.
Pour la finale provinciale, Juliette veut seulement avoir du plaisir. « Comme pour la finale régionale, je ne me fais pas d’attente. Et si j’atteins la finale canadienne, c’est tant mieux », répond-elle très humblement.