Une voix pour les pères de famille
Naomie Fortin oriente son projet de fin de maîtrise sur les enjeux d’être père en 2020
COMMUNAUTÉ. Dans le cadre d’un projet de fin de maîtrise en psychoéducation, la Latuquoise Naomie Fortin a entrepris de donner une voix aux pères de famille, dont la place n’est pas toujours facile à prendre.
On le sait, le rôle de père a énormément évolué au fil des dernières décennies. Mais est-ce que la société a su s’adapter à cette évolution? «Avant, les pères étaient les pourvoyeurs, l’autorité de la famille, alors qu’aujourd’hui, ils veulent vraiment revendiquer leur place», explique d’entrée de jeu Naomie Fortin.
L’idée entourant son projet de fin d’études lui est venue au cours de son stage, qu’elle a réalisé dans l’équipe Enfance-Jeunesse-Famille au Centre de santé et de services sociaux du Haut-Saint-Maurice.
«Malheureusement, les stéréotypes ont donné une image de père non présent pour la famille et qui ne s’implique pas dans la vie de nos petits, mais c’est tout autre»
– Alexandre, participant au projet
Tant dans les services sociaux que les organismes de la communauté, elle a constaté que les services d’aide offerts aux familles ne sont pas toujours adaptés aux pères, par exemple parce que les interventions sont naturellement plus orientées vers les mères, ou parce que l’horaire entre en conflit avec leur travail, etc. «Je voulais amener à trouver des moyens pour que, en tant que services, on puisse être plus adaptés pour les inclure et favoriser leur participation.»
Elle s’est donc intéressée au rôle que tiennent ces hommes et aux services dont ils ont besoin. Quels sont les enjeux d’être père en 2020? «Je voulais voir comment on peut adapter nos pratiques d’intervention pour qu’elles soient plus sensibles à la réalité et aux besoins des papas.»
Pour soutenir sa démarche, elle a effectué un Photovoice, une méthode de recherche participative qui permet d’aller documenter des problématiques, des situations vécues dans la communauté, et ce, directement auprès des personnes concernées et non par des études scientifiques sur Internet. Bref, l’idée est de partir sur le terrain à la rencontre de la clientèle directement.
«Professeur, ami et motivateur, un père joue plusieurs rôles pour préparer ses enfants pour leur vie future»
– Un participant au projet Photovoice
Pour ce faire, elle a formé un groupe de six pères engagés dans la communauté. Dans un premier temps, ils ont discuté de leurs réalités et de leurs besoins. «Je voulais promouvoir et valoriser le rôle du père en m’intéressant au père lui-même. C’est quoi pour vous être un père? Quelles sont vos forces spécifiques qui vous différencient des mères?»
Une exposition annulée par la COVID-19
La dernière étape du projet de Naomie Fortin consiste à lui donner une certaine visibilité. Elle avait donc prévu une exposition des quatre affiches Photovoice qu’elle a produites. Cette exposition, prévue au Centre Sakihikan, devait réunir les pères qui ont pris part au projet, de même que des organismes et décideurs qui pourraient être en mesure d’apporter un changement.
On le sait, une photo vaut mille mots. C’est pourquoi chacune des quatre œuvres de l’exposition présente une photo des participants au projet avec leurs enfants, accompagnée d’une réflexion et du regard des pères sur le sujet. Ces pères espèrent ainsi sensibiliser à l’importance de leur rôle et de leur engagement auprès de leurs enfants.
Toutefois, le contexte actuel de pandémie a déjoué ses plans et son exposition a dû être annulée. Il n’en reste pas moins qu’elle compte bien partager les retombées de son travail auprès des services concernés.
«Dans la vie de tous les jours, tout le monde est appelé à côtoyer des pères et la place qu’on va leur faire va influencer nos interventions, rappelle celle qui se réjouit déjà de voir l’intérêt d’organismes comme la Ressource Parent-Aile. On va pouvoir jumeler nos forces et permettre que nos actions aient un plus grand impact dans la communauté.»
Sur une note plus personnelle, ce projet de fin de maîtrise s’avère finalement un bagage précieux qui suivra la jeune femme partout dans ses futurs défis professionnels. «Je ne savais pas que ça allait m’intéresser autant, avoue-t-elle. Ça m’a donné le goût de militer en faveur des hommes pour leur faire une place. Si on ne leur fait pas de place, ils ne la prendront peut-être pas par eux-mêmes.»