Un conte interdit signé Bryan Perro
LITTÉRATURE. L’auteur shawiniganais Bryan Perro vient de faire paraître La Bête du Gévaudan, un nouveau roman de la collection Contes interdits disponible en librairie depuis le 28 février.
C’est une première incursion dans l’horreur pour l’auteur qui nous a habitués à ses histoires fantastiques pour les jeunes et pour sa passion des légendes d’ici et d’ailleurs. Il y revisite la légende de la Bête de Gévaudan, le surnom donné à un ou plusieurs canidés ayant mené des attaques mortelles sur des humains en France entre 1764 et 1767.
« Le but de la collection est de prendre de vieilles histoires et de les remanier dans une réalité d’aujourd’hui, rappelle Bryan Perro. Je voulais une histoire en lien avec la métempsychose. »
La métempsychose réfère à une croyance fondamentale de certains peuples à l’effet qu’après la mort, l’âme se réincarne dans un corps humain ou dans celui d’un animal ou d’un végétal.
« Dans les contes de loup-garou, il y a une chose qui entre en nous et qui, lentement, nous fait pourrir, poursuit-il. Dans le cas de cette histoire, ça vient pourrir l’âme. J’ai amené le tout au 21e siècle et j’ai travaillé le tout sur d’autres bases. C’est de se demander comment une chose qui entre en toi peut réussir à faire pourrir ton âme et tes pensées au point qu’un jour, tu puisses prendre une arme et tuer des enfants dans une garderie… »
Dans ce nouveau roman de Bryan Perro, l’école du Gévaudan ainsi que la ville qui l’entoure assiégées par des crimes insolites. Il y a un monstre qui refait surface et qui raconte ses états d’âmes. Mais ne croyez surtout pas que la Bête n’est qu’un énième type de loup-garou… En fait, c’est bien plus dangereux…
« Je travaille davantage sur l’horreur psychologique dans la mesure où on s’éloigne du gars qui va péter des crânes avec un bâton de baseball. Personnellement, je trouve que cette horreur supposée ou intérieure et qui attend les conditions propices pour émerger est beaucoup plus terrifiante. C’est au niveau de l’angoisse », indique l’auteur.
« Je suis tombé dans les ténèbres »
Le Shawiniganais ne pensait pas plonger dans l’écriture d’un livre d’horreur un jour. L’éditeur des Contes interdits l’avait approché à quelques reprises pendant près d’un an et demi, mais chaque fois, Bryan Perro refusait en le remerciant. « Ça ne me tentait pas. Je n’avais pas d’encre pour cette série, rien à raconter. »
Mais peu de temps après, il recevait un diagnostic de cancer. « Je suis tombé dans les ténèbres, confie-t-il. Dans un trou psychologiquement et moralement. C’est ce passage dans les ténèbres qui m’a permis de trouver l’angle nécessaire ou une façon plus juste de raconter ce que j’avais en tête. J’ai rappelé l’éditeur. J’avais mon encre. »
Cette encre était puisée à même l’angoisse, la pression et l’inquiétude qui le rongeaient de l’intérieur. « Quand il t’arrive quelque chose dans la vie, tu te fais beaucoup de scénarios. Lorsque j’ai su que j’avais un cancer, dans mes scénarios, ce n’était jamais moi qui gagnais à la fin. Cette angoisse et cette pression qui t’envahissent, ça te contraint à rester dans la noirceur. »
Aujourd’hui, Bryan Perro est revenu à la lumière.
Dans les prochains mois, il publiera un nouveau tome de La légende marvinienne.