De gardien de sécurité à barbier

LA TUQUE Après 15 ans à exercer les fonctions de gardien de sécurité et un premier pas dans la quarantaine, Dylan Ouellet s’est lancé dans une aventure tirée par les cheveux: devenir barbier. 

Le propriétaire du Sigma Barber Shop situé sur la rue Saint-Louis à La Tuque est barbier depuis à peine six mois. Indépendant de nature, il a appris l’art de la coupe auprès de professionnels qui ont accepté que Dylan observe leur méthode de travail. 

«Je choisissais des barbiers à différents endroits au Québec et je leur offrais de bons montants pour passer du temps avec eux. Parfois, je pouvais donner 500 à 1000 $ par jour», mentionne-t-il. 

Pour le barbier latuquois, le mentorat était essentiel pour maîtriser les aspects techniques de la gestion d’un commerce. En revanche, il estime que l’apprentissage du maniement du rasoir et des ciseaux peut se faire adéquatement sur le web. «Quand tu te mets à faire de la recherche, tout le savoir est sur internet», avance-t-il.

Un loup solitaire

Le salon porte le nom de Sigma Barber Shop, en référence à la hiérarchie d’une meute de loups. Dans cette pyramide sociale, l’alpha est au sommet tandis que le sigma, son égal, est en dehors de la pyramide. Dylan Ouellet se définit comme un sigma parce qu’il affectionne l’anticonformisme et ne se soucie pas du regard des autres. 

«Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui peuvent se sentir représenté par cette idéologie là», dit celui qui prône la liberté de penser. Toutefois, il met en garde contre les vidéos reprenant le concept de sigma. «Je trouve que ces clichés ont dérivé. Ce n’est pas l’idée que je veux associer à mon commerce ni la direction que je prends», précise-t-il en faisant référence au personnage de Patrick Bateman, dans American Psycho, qui est souvent associé à la tendance sigma. 

«Je voulais avoir 100% de la liberté au niveau du décor et de mes idées», souligne M. Ouellet. 

Un style unique

Tous les murs et les plafonds du salon sont recouverts de tuiles acoustiques hexagonales. Le décor alvéolé rouge, blanc et noir encadre un tableau stylistique composé de vielles commodes antiques et d’un tourne-disque. 

«J’ai pour objectif d’optimiser le son et je suis sur le projet de la lumière aussi. J’essaie que tout soit optimisé au maximum, parce que c’est une quête sans fin et c’est ça qui me fait triper», explique le Latuquois qui doit retourner ses 33 tours afin que la musique continue. 

«J’ai des clients qui m’apportent des vinyles. J’en ai un en particulier que ça fait trois fois qu’il m’en laisse un.» 

Dans sa quête d’innovation, il s’est équipé d’un compresseur d’air pour soulager ses clients des poils qui démangent en un souffle. Il avait même mis à disposition de ses clients une console de jeux vidéo, mais il a dû la retirer, car certains enfants, trop absorbés par leur partie de Fortnite, ne voulaient plus partir.

«Een droom», un rêve

Pour développer sa créativité, il s’inspire de Reuzel, un barbershop créé il y a 40 ans à Rotterdam, aux Pays-Bas. Spécialisés dans les coupes de cheveux atypiques et les pommades pour cheveux, Reuzel et son style de l’époque du rock’n’roll et de la rébellion punk sont reconnus mondialement. 

«J’aime bien la contre-culture de Reuzel en Hollande, se sont d’anciens punks. Tu vois que ces personnes-là ont du plaisir et ils ne se prennent pas au sérieux. C’est ça qui m’a beaucoup attiré de la profession. D’avoir la liberté de se faire tatouer dans la face, ça donne une idée du niveau de liberté», confie celui qui fait un parallèle entre le métier de tatoueur «souvent stigmatisé» et celui de barbier. «C’est très artistique!». 

Lors de son processus de réorientation professionnel, Dylan Ouellet a souhaité pouvoir s’épanouir dans un milieu familial 

«C’est le fun de travailler dans un milieu que j’ai construit moi-même. Je peux l’adapter à mon confort. J’aime la créativité et le défie derrière ce métier. Quand je viens ici, je ne travaille pas», conclut-il.