Les lampes thérapeutiques de France Cloutier

PASSION. « Elles sont toutes fonctionnelles, mais je ne les allume pas toutes en même temps sinon, je pourrais éclairer le village de La Croche au complet », lance France Cloutier en souriant.

Avec plus de 400 pièces, dont certaines ont plus de 100 ans, la résidente de La Tuque possède l’une des plus importantes collections de lampes à l’huile antique au Québec. « Pour moi, les lampes à l’huile, c’est la lumière et la lumière, c’est la vie », confie la collectionneuse qui a commencé sa passion il y a près de 25 ans.

« C’est mon père qui m’a transmis ça. Quand il était jeune, il suivait un de ses oncles dans les brocantes et il achetait des trucs qu’il revendait. J’ai beaucoup appris de lui au niveau des antiquités. C’est l’histoire qui me passionne en arrière de tout ça. En fin de compte, on n’a rien inventé. On a juste amélioré les choses », poursuit France Cloutier dont une partie de sa collection provient des biens accumulés par son paternel.

Installée à La Croche depuis une quinzaine d’années, cette femme native de la région de l’Amiante n’hésite pas à parcourir des centaines de kilomètres pour aller chercher une pièce unique. « Je me promène pas mal à la grandeur du Québec, la distance n’a pas vraiment d’importance. L’autre jour, je suis monté à Chicoutimi pour une lampe que je voulais absolument », raconte France Cloutier.

Derrière cette passion, la collectionneuse ne cache pas qu’il y a une démarche rédemptrice liée à une agression sexuelle avec violence dont elle a été victime dans une communauté autochtone du Nord-du-Québec de la part d’un collègue de travail. « Ça me prenait quelque chose pour m’en sortir. Tu as beau être suivi par des psychiatres, des psychologues, mais il manque toujours quelque chose. Moi, ce sont les lampes à l’huile qui m’ont sauvé la vie. Ça pis la pêche. Mon autre grande passion. Quand je suis sur un lac ou sur la route pour aller chercher une lampe, ça m’apaise. Je décroche et je ne pense à rien d’autre. »

Lampe Aladin, victorienne peinte à la main, avec réflecteurs en verre au mercure, à boules, à piano, de notaire, pour chauffer le biberon. Fanal de chemin de fer, de bateau, de calèche, de mineur. Lampe œil de boeuf, à patte de dinde, chérubin. France Cloutier décline les différents styles des pièces de sa collection avec tous les détails reliés à leurs utilisations et leurs propriétaires, soit des notables pour les plus luxueuses ou l’habitant de la campagne pour celles plus utilitaires.

Comme plusieurs autres pièces du patrimoine au Québec, une importante partie des plus belles lampes à l’huile de la province a été achetée par des collectionneurs américains. « Jusque dans les années 1940, il y avait encore beaucoup de Québécois en dehors des villes qui n’avaient pas accès à l’électricité », explique-t-elle. 

« Quand je ne serai plus là, je ne veux pas que ma collection soit démantelée.  Je voudrais qu’elle soit confiée à un musée, car il y a beaucoup de pièces rares là-dedans », souligne France Cloutier en désignant une lampe à l’huile antique qui servait à projeter des images sur un mur. « Ça, c’est une véritable pièce de musée que j’ai trouvé en Estrie chez un collectionneur. Je suis pas mal fière d’avoir mis la main dessus, mais il a fallu que je mette aussi la main sur mon portefeuille », termine la Latuquoise d’adoption toujours à l’affut de la prochaine lampe pour ajouter à sa collection..