« On a besoin de travailleurs » – Tommy Déziel
IMMIGRATION. Un rapport de Statistique Canada datant de 2022 indique que « l’immigration a toujours joué un rôle déterminant dans la disponibilité de la main-d’œuvre au Canada. Or, dans un contexte où le nombre de postes vacants à la fin de 2021 était 80% plus élevé qu’avant la pandémie de COVID-19, et compte tenu du vieillissement de la population en âge de travailler, des niveaux élevés d’immigration joueront un rôle encore plus crucial pour le marché du travail. »
À partir de ces estimations, bons nombres d’entreprises se sont tournées vers le recrutement international. Selon le directeur de Service de développement économique et forestier de La Tuque, Tommy Déziel, l’immigration a un impact significatif sur la vitalité économique de la ville.
« On a besoin de travailleurs. C’est déjà un défi de retenir nos jeunes qui vont étudier à l’extérieur, alors c’est très important pour nous que les gens issus de l’immigration viennent occuper des emplois », assure-t-il.
D’ailleurs, la ville a pris des mesures pour faciliter l’intégration des immigrants dans le marché du travail, notamment par la mise à disposition d’un Guide des bonnes pratiques pour les entreprises, conçu par le Pôle régional des personnes immigrantes. Ce guide publié en mars dernier aide les entreprises à comprendre les démarches nécessaires au recrutement international.
« C’est important pour nos employeurs parce que ça comble un défi de main-d’œuvre. (…) Il y a 4-5 ans, les entreprises prenaient de l’information, mais ça n’allait pas plus loin. Aujourd’hui, on sent vraiment que les entreprises font le pas et vont recruter à l’étranger. (…) C’est une belle évolution. On voit davantage les membres issus de l’immigration et ça amène une richesse. Je trouve que c’est beau à voir dans nos entreprises et ça fait un beau mariage avec les autochtones et les allochtones », raconte M. Déziel.
Talents internationaux pour répondre aux besoins locaux
Les employeurs locaux, comme Les Bâtisseurs, recrutent activement à l’international pour satisfaire leurs besoins en main-d’œuvre. La résidence, qui emploie plus de 45 personnes, mène un processus de recrutement international depuis trois ans, ciblant notamment Madagascar et le Cameroun.
Dans la première année, trois candidats malgaches ont été affectés à La Tuque, chaque recrutement ayant coûté entre 14 000 et 16 000$ par personne. Ce recrutement a été rigoureux, avec plus de 250 entretiens réalisés pour pourvoir 56 postes à travers l’entreprise multirégionale.
Choyé, mais lié
Une fois recrutés, les travailleurs étrangers bénéficient de plusieurs avantages notables. Toutefois, ils sont limités par leur contrat de travail et leur statut de résident non permanent (RNP).
« Le permis ouvert te donne le droit de travailler n’importe où. Alors, c’est à toi de te trouver un emploi selon tes compétences, tes intérêts et tes expériences. Le permis fermé c’est l’employeur qui fait venir un travailleur immigrant lié par un contrat de travail à cette entreprise-là. Alors, il est limité dans le lieu de travail, que ce soit l’employeur ou la ville et aussi dans la fonction de l’emploi « , spécifie l’agente d’intégration en immigration, Agnès De Leeuw.
« L’employeur va débourser une bonne somme pour faire venir un travailleur immigrant pour une tâche précise, alors quelque part, c’est logique que l’employeur désire une garantie de qualité et de stabilité de la part de son employé. Par contre, cela dépasse ce que les droits humains dictent, c’est une forme d’esclavage moderne », estime-t-elle.
Tendance à la régionalisation
Selon le Bilan démographique du Québec 2024, fourni par l’Institut de la statistique du Québec, une tendance à la régionalisation de la migration internationale se confirme, avec une augmentation notable du nombre d’immigrants s’installant en dehors de Montréal. La Mauricie, dont fait partie La Tuque, a ainsi enregistré un gain de 3824 résidents en raison de l’immigration entre 2022 et 2023.
La catégorie « immigration économique » a constitué 68,5% des immigrants permanents en 2023. Elle regroupe ceux sélectionnés pour leur contribution à l’économie canadienne, que ce soit en répondant aux besoins en main-d’œuvre, en créant des entreprises, ou en investissant dans le pays.
Les résidents non permanents (RNP) sont des étrangers admis temporairement au Canada, comprenant principalement des travailleurs étrangers temporaires, des étudiants internationaux et des demandeurs d’asile. Souvent, ils sont désignés comme « immigrants temporaires ».
En bref, l’immigration est indéniablement un moteur de transformation pour La Tuque. Les stratégies d’accueil, les histoires inspirantes des nouveaux arrivants, et leur impact sur le tissu socio-économique local illustrent comment cette ville de la Mauricie devient une véritable terre d’accueil, où se construit un avenir partagé pour tous.