WestRock quitte la CCIHSM
L’usine WestRock de La Tuque, rompt son lien avec la Chambre de commerce et d’industrie du Haut-Saint-Maurice (CCIHSM). Le représentant de WestRock au conseil d’administration, Sylvain Lafrance, n’y siègera plus. L’entreprise cesse aussi sa contribution avec la Chambre comme partenaire financier.
Le directeur de l’usine La Tuque, Pierre Pacarar, s’explique mal que le président de la CCIHSM, Patrice Bergeron ait inscrit le projet de bioraffinerie forestière comme l’une des priorités sur lesquels devrait travailler le député François-Philippe Champagne, suite à sa réélection, tel que le rapporte l’édition du 30 octobre de L’Écho de La Tuque.
«La mission de La Chambre de commerce et d’industrie du Haut-Saint-Maurice est de veiller et défendre les intérêts de ses membres. Selon nous, la chambre se doit de demeurer neutre dans un contexte où des membres ont des visions et des attentes diamétralement opposées», peut-on lire dans la lettre.
Lors d’une rencontre impliquant le directeur Pierre Pacarar, et des dirigeants de la CCIHSM dont M. Bergeron, WestRock avait fait part de ses inquiétudes face au projet de bioraffinerie forestière, quant à son approvisionnement en fibres, «qui compromettrait à moyen terme la viabilité de notre usine».
Des dimensions plus importantes
M. Pacarar n’a pas manqué de rappeler que l’usine WestRock a été impliquée de près dans le projet au tout début, alors qu’il était de plus petite envergure. Mais le projet a pris des dimensions plus importantes.
«On est parti d’un concept plus régional à une bioraffinerie, qui prendrait un volume de fibre qui est sensiblement le même que celui que l’usine de La Tuque utilise annuellement. Bien qu’il soit théoriquement disponible en forêt en tant que branches et résidus forestiers, il est impraticable au niveau économique», pense le directeur de l’usine.
Une fois la bioraffinerie implantée, craint-il, elle viendrait imposer une compétition directe pour obtenir la matière ligneuse utilisée chez WestRock, avec ses conséquences au niveau des coûts. «Pour nous, le coût de la matière ligneuse est très important. On ne peut pas vivre, ou bien une flambée des prix, ou une rareté. Ce n’est pas les visées de ce projet-là, mais auparavant, à l’usine de La Tuque, il n’y avait que des billots. Maintenant, je vous mets au défi de trouver un billot. Ce qu’on a ? Du bran de scie et des copeaux. À travers les temps, l’usine s’est adaptée face à la matière ligneuse qui était disponible. La même chose va arriver si on a une bioraffinerie. Oui, ils ne veulent que prendre des branches, mais la réalité économique ferait en sorte qu’ils s’adapteraient. On aurait un compétiteur direct», prévoit-il.
Le projet pourrait aller jusqu’à attaquer la survie même de l’usine. «Il y aurait rareté de fibres, l’usine serait moins rentable, les investissements seraient plus rares», soutient M. Pacarar, qui pense que la situation engendrée viendrait briser le tissu économique de la Haute-Mauricie.
Elle met dont un terme à ce lien de longue date, face à l’appui de la CCISHM pour ce projet pour de bioraffinerie forestière, puisqu’elle s’attendait à une neutralité.
«Il y a des gens qui ont prétendu qu’on était contre ce projet, parce qu’il y aurait un manque de main-d’œuvre à l’usine. Si un industriel privé venait à s’installer à La Tuque, je serai le premier à applaudir, en autant que ce ne soit pas en compétition avec nous», ajoute Pierre Pacarar.
Son travail, dit-il, est de s’assurer que l’usine demeure rentable, soulignant que plus de 300 nouveaux employés ont été embauchés dans les dernières années, suite à des retraites. «Présentement, à l’usine, on est sur une belle lancée. Il y a des investissements majeurs. On est à moderniser notre usine et on a encore des plans sur plusieurs années», lance le directeur. WestRock y injecte une moyenne de 30M$ par année en investissements.
M. Pacarar insiste, il n’est pas question d’une guerre contre des individus : «Nous sommes contre le projet et ses conséquences, mais ce n’est nullement contre les gens». Sa sortie publique n’a aucun lien avec la présence de représentants de Nesté à La Tuque cette semaine.
Loin de vouloir inquiéter le personnel de l’usine WestRock, il souhaite, au contraire, que les gens se sentent rassurés qu’on veille à leurs intérêts. «Ces gens ont décidé de se joindre à nous, on fait ce qu’on a à faire pour s’assurer qu’ils puissent s’épanouir. J’espère que ce sera un gage de confiance».
Le président de la CCISHM, Patrice Bergeron, qui est aussi président de Bioénergie La Tuque, a indiqué à L’Écho de La Tuque que la CCIHSM réagira aujourd’hui. «Nous ne voulons pas utiliser la fibre que WestRock utilise à l’heure actuelle», a-t-il commenté dans l’intervalle.