Convention: les démocrates honoreront Joe Biden et se tournent vers Kamala Harris
Un Parti démocrate rafraîchi s’est réuni lundi soir pour un discours d’adieu du président Joe Biden, dont la décision de mettre fin à sa candidature à la réélection a libéré une énergie nouvelle avec la montée en tête de liste de la vice-présidente Kamala Harris.
La convention nationale démocrate qui a débuté lundi à Chicago comporte des enjeux particulièrement élevés pour le parti, un mois après un changement sans précédent de M. Biden à Mme Harris en milieu de campagne. La soirée d’ouverture a été conçue comme une passation de pouvoir du titulaire à sa successeure choisie personnellement — mais quatre ans plus tôt qu’il ne l’aurait envisagé.
Mme Harris a fait une apparition inopinée sur scène alors que le programme de la convention commençait lundi soir pour remercier M. Biden pour son leadership avant qu’il ne lui passe figurativement le flambeau.
«Joe, merci pour votre leadership historique, pour votre vie au service de notre nation et pour tout ce que vous continuerez à faire, a-t-elle déclaré. Nous vous en serons éternellement reconnaissants».
Le discours de Biden était plus que sur ton de célébration que d’amertume, couronnant l’événement de lundi soir.
Il y a un peu plus d’un mois, il était presque certain qu’il serait sur scène pour accepter la nomination. M. Biden s’est retiré en juillet en raison des inquiétudes concernant son âge et sa capacité à gagner.
S’arrêtant à plusieurs reprises sous les acclamations de la foule lui disant «Merci Joe», le président a prononcé un discours énergique sur le retour des emplois, le soutien aux syndicats et le renforcement des politiques environnementales.
Joe Biden a critiqué le rival présidentiel des démocrates, Donald Trump, en le qualifiant de menteur et de danger pour l’avenir de l’Amérique. Le président a conclu ses commentaires en soutenant sans réserve sa vice-présidente et en citant l’une de ses chansons préférées disant «Amérique, Amérique, j’ai donné le meilleur de moi-même pour toi».
«Je suis plus optimiste quant à l’avenir que lorsque j’ai été élu sénateur des États-Unis à 29 ans. Je le pense vraiment», a souligné M. Biden.
«Mes amis, nous devons simplement nous rappeler qui nous sommes. Nous sommes les États-Unis d’Amérique et il n’y a rien que nous ne puissions faire quand nous le faisons ensemble».
Les démocrates attendent de cet événement d’une semaine qu’il propulse Mme Harris dans une confrontation avec le républicain Donald Trump, dont la tentative de retour à la Maison-Blanche est perçue par les démocrates comme une menace existentielle.
Après avoir pris les rênes du parti il y a un mois à peine, Mme Harris doit maintenant conquérir un pays divisé qui la considère d’un œil plus positif, mais qui n’a pas encore pris sa décision sur l’élection.
Moment charnière du parti
Au-delà du faste de la convention, l’événement constitue un moment charnière pour le parti et sa nouvelle candidate. Un faux pas pourrait handicaper Mme Harris, à un moment où sa candidature bénéficie d’une explosion d’argent, d’élan et même de joie. De vraies questions se posent aussi quant à la profondeur du nouveau soutien à Mme Harris, à l’ampleur de sa coalition et à la force de son mouvement.
Il n’y a même pas un mois, les démocrates étaient profondément divisés sur la politique étrangère, la stratégie politique et M. Biden lui-même, qui tenait bon après un débat désastreux en affirmant qu’il avait plus de chances que tout autre démocrate — y compris Mme Harris — de battre Donald Trump.
Le colistier de Mme Harris, le gouverneur du Minnestoa Tim Walz, a suggéré lors d’une réunion du caucus hispanique que Mme Harris avait relancé la course.
«Les gens ne veulent pas seulement voter contre quelque chose. Ils veulent voter pour quelque chose, a-t-il déclaré. Kamala Harris vous a donné quelque chose pour quoi voter.»
Une partie de la présentation de Mme Harris et M. Walz consistera d’abord à offrir une sortie gracieuse au président sortant, qui doit prononcer le discours principal lundi.
Le Parti démocrate aurait presque certainement été dans un état bien pire si M. Biden avait continué à s’accrocher à la nomination. Il a fait face à des inquiétudes croissantes concernant son acuité mentale et physique après avoir eu du mal à terminer des phrases lors de son débat contre M. Trump.
Après avoir décidé de se retirer et de soutenir Mme Harris, Joe Biden a plutôt reçu un accueil de héros lors de son dernier tour sous les projecteurs, 52 ans après avoir été élu au Sénat du Delaware.
«Joe Biden a pris une décision altruiste et héroïque, et ce sera génial de le célébrer ce soir, a déclaré la représentante démocrate Kathy Castor de Floride à l’Associated Press. Et puis nous allons regarder vers l’avenir et pivoter.»
Selon une enquête du Pew Research Center publiée la semaine dernière, Mme Harris est désormais pratiquement à égalité avec M. Trump dans la course à la présidence. Parmi ses partisans, 62 % déclarent la soutenir fermement. Il y a un mois, ils n’étaient que 43 % à penser la même chose de M. Biden.
«Le degré d’efficacité de ce changement est remarquable», a commenté Marc Trussler, directeur de la science des données pour le programme de recherche sur l’opinion et les études électorales de l’université de Pennsylvanie et Canadien.
Il sera essentiel pour Mme Harris de continuer à trouver des moyens de satisfaire la large coalition d’électeurs démocrates en se concentrant sur ce qu’ils ont en commun: un désir de liberté de choix en matière d’avortement et une aversion pour Trump, a déclaré M. Trussler.